Toujours à l’abri de ses créanciers

Toujours à l’abri de ses créanciers
Toujours à l’abri de ses créanciers

Pour la deuxième fois en moins de cinq ans, Stokes se retrouve à l’abri de ses créanciers. Le détaillant québécois de cuisines et d’articles de table veut se recentrer en fermant près de la moitié de ses 95 magasins, mais il devra aussi trouver de nouveaux banquiers.

La restructuration, qui aura lieu sous le Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC) ne devrait cependant pas faire trop de vagues au Québec.

C’est principalement à l’extérieur de la province et du marché ontarien que l’entreprise basée à Mont-Royal fermera 45 magasins sous les marques Stokes et Thinkkitchen une fois ses stocks liquidés. Mais ce recentrage entraînera la disparition d’environ 335 emplois au sein du réseau de l’entreprise fondée il y a 88 ans.

«Il faut mettre ce plan en place», a expliqué le contrôleur Martin Rosenthal, du cabinet Ernst & Young, vendredi devant la Cour supérieure du Québec. Il y a certaines dates que nous ne pouvons pas manquer. Il y a donc une urgence de ce point de vue. »

Devant la juge Céline Legendre, M. Rosenthal faisait référence aux semaines qui coïncident avec les achats des Fêtes et les soldes du Black Friday. Stokes veut procéder à ses ventes de liquidation pour renflouer ses caisses afin de rembourser la Banque Scotia, à qui elle doit 17 millions.

Contexte difficile

Comme de nombreux détaillants, Stokes est confronté depuis plusieurs années à des vents contraires : concurrence accrue des géants, popularité des achats en ligne, augmentation du salaire minimum et loyers élevés dans les centres commerciaux, a-t-on expliqué au tribunal.

Le détaillant a subi une perte nette de 6,4 millions à la fin de son exercice clos en janvier dernier et une autre de 2,7 millions en 2023. Après les sept premiers mois de l’exercice en cours, le spécialiste des articles de cuisine était toujours dans le rouge ( 5,6 millions).

C’est dans ce contexte que Scotia a pris la décision, au cours de l’été, de ne pas renouveler le prêt qu’elle avait accordé à Stokes, ce qui a plongé le détaillant dans une précarité financière.

La mise en place d’un processus visant à solliciter un investisseur ou un acheteur en octobre dernier n’a pas été concluante. Trois des quatre propositions reçues proposaient la liquidation pure et simple du détaillant montréalais. L’autre offre concernait un refinancement, mais ses conditions étaient trop restrictives pour permettre à Stokes de disposer de suffisamment de liquidités pour poursuivre ses opérations, a déclaré M. Rosenthal. C’est dans ce contexte que la direction de l’entreprise a opté pour la LACC.

Stokes a néanmoins une montée raide à gravir. Il y a plusieurs facettes de son plan de relance qui restent inconnues, a souligné la juge Céline Legendre. Le contrôleur a répondu qu’au-delà des fermetures de magasins, le spécialiste des ustensiles de cuisine devrait trouver un nouveau prêteur et d’autres moyens de renflouer ses caisses.

Néanmoins, le jeu en vaut la peine, a déclaré M. Rosenthal.

“Il y a un plan”, a-t-il déclaré. Plusieurs choses se produisent en même temps. [On étudie] les coûts liés au siège social, à l’espace d’entreposage ainsi qu’au portefeuille de produits, pour savoir s’il est adéquat. Il y a de l’incertitude, mais nous pensons que ce qui est proposé en vaut la peine puisqu’il s’agit d’une entreprise qui existe depuis des décennies et qui occupe une place importante dans [le paysage] commercial. »

Deux fois en cinq ans

Stokes s’est également retrouvé à l’abri des créanciers en 2020 en raison de difficultés financières. A l’époque, la mise en place de deux nouveaux systèmes informatiques – un progiciel de gestion intégré et un système de gestion d’entrepôt – à l’été 2019 avait entraîné des perturbations dans les magasins.

Alors que la méthodologie de sélection des produits à expédier aux magasins évoluait en même temps, Stokes s’est retrouvé avec des étagères vides pendant les mois chargés de novembre et décembre.

A cette époque, le réseau du détaillant comptait 147 points de vente à travers le pays.

Stokes et lettre

  • Année de fondation : 1935
  • Siège social : Mont-Royal
  • Effectif : environ 835 employés à temps plein
  • Dirigeants : Jordan Shiveck (coprésident) et Stuart Shiveck (coprésident)

Sources : Stokes et le Registraire des entreprises du Québec

Apprendre encore plus

  • 10 millions
    Le montant que Stokes doit à ses créanciers chirographaires.

    Source : Ernst & Young

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV un complice de Jocelyn Grégoire reconnaît ses torts
NEXT Paris recule, la Fed inquiète