Un avocat de Laval épinglé pour son compteur falsifié d’Hydro-Québec qui lui a permis d’économiser près de 27 000 $ en électricité sur 14 ans devra payer une amende de 13 000 $.
« Le délit commis par le mis en cause est très grave. Il s’agit d’un vol d’électricité», a tranché le Conseil de discipline du Barreau du Québec dans un jugement rendu le 7 octobre.
On apprend qu’Antonio Martino, qui pratique le droit civil et dont les bureaux sont situés sur le boulevard Henri-Bourassa Ouest à Montréal, a été intercepté le 26 janvier 2021 par un chef installateur de comptages d’Hydro-Québec.
Ce jour-là, l’employé de la société d’État a remarqué que des fils détournaient l’électricité du compteur de sa résidence de Laval, ce qui faisait qu’une partie ou la totalité de l’électricité n’était pas mesurée. .
L’avocat Antonio Martino.
Photo prise sur FACEBOOK
Après avoir demandé à l’épouse de M. Martino de faire retirer la dérivation par un électricien, sinon il y aurait une panne de courant, Hydro-Québec a mis sa menace à exécution le lendemain matin.
De 2007 à 2021
Se retrouvant sans électricité, M. Martino a d’abord contacté Hydro-Québec pour s’en plaindre avant d’embaucher un électricien pour corriger le câblage autour du compteur.
Le compteur d’Hydro-Québec sur la maison de M. Martino.
Photo DÉPOSÉE AU TRIBUNAL
Après avoir rebranché M. Martino, Hydro-Québec a enquêté sur son cas jusqu’en août 2022, notamment pour mesurer la consommation annuelle de sa résidence pendant 12 mois.
Elle a conclu que la période de vol s’étendait du 11 décembre 2007 au 27 janvier 2021 et que 26 948,84 $ d’électricité avaient été volés. M.e Martino a depuis remboursé la totalité du montant.
Un ingénieur qui a analysé le dossier a conclu que les travaux avaient été effectués « dans le but de contourner partiellement le mesurage d’Hydro-Québec en ajoutant un panneau secondaire ».
«Cécité volontaire»
M.e Martino a plaidé que c’était un ami de son épouse qui avait fait les travaux en 2007 et qu’il ne s’était jamais renseigné sur la nature de ces travaux.
“Il est volontairement aveugle en n’agissant pas, en ignorant ce qui se passe et en se privant des informations disponibles au moment de l’exécution des travaux”, a jugé le Conseil de discipline.
M.e Martino devra payer une amende de 10 000 $ au Barreau, en plus de frais de 3 000 $.
Bureaux de Me Martino, situés sur le boulevard Henri-Bourassa Ouest, à Montréal.
Photo OLIVIER FAUCHER
Hydro-Québec a indiqué à Journal qu’aucune accusation ne serait portée contre Me Martino. « Un règlement a été obtenu dans cette affaire. Toutefois, sachez que tout cas de vol d’électricité peut entraîner des poursuites pénales », a déclaré le porte-parole Louis-Olivier Batty.
Le manque de preuves pourrait expliquer cette décision, explique l’avocat en droit criminel Jean-Marc Fradette.
« Le remboursement joue un rôle important, tout comme la capacité à en apporter la preuve. […] Ont-ils pu établir que l’avocat avait participé à l’installation, encouragé ou demandé à quelqu’un de le faire, donc par complicité ? Ce sont, je pense, les éléments qui auraient pu faire la différence », mentionne M.e Fradette.
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