Au Syndicat des Employés des Impôts, cela semble déjà être compris. “Ça fait deux ans qu’on le dit, on rétrécit le bâtiment, il va y avoir des suppressions d’emplois, puis Champagne c’est “non, non”, puis Angers c’est “non, non”. Et bien là, on est en plein milieu de ça», s’insurge Julien Nobert, président de la branche locale du syndicat.
M. Nobert fustige ainsi les décideurs locaux, qui ont fait à ses yeux du maintien des emplois à Shawinigan un thème de campagne électorale, alors que le non-renouvellement de certains postes apparaît de plus en plus probable.
Sur les quelque 2 000 salariés de la CNRV, environ la moitié ne bénéficierait pas d’un poste permanent, selon le syndicat, alors qu’un moratoire sur l’octroi du statut permanent aux titulaires d’un contrat temporaire est en vigueur. Aussi, malgré la désignation « temporaire », certains travailleurs travaillent au sein de l’Agence depuis plusieurs années, constate-t-on.
« Le ratio normal, auquel on serait en droit d’attendre, est de 80 % de permanents, 20 % d’intérimaires », argumente Julien Nobert.
Le président du syndicat déplore la période d’incertitude dans laquelle sont plongés les travailleurs. La communication de la semaine dernière, à la veille d’un long congé, a semé le désarroi dans les rangs, explique-t-il.
« Pourquoi nous annoncer un mur, sans nous en donner la couleur ? ironise M. Nobert. Au-delà des travailleurs, c’est le service à la population qui risque de souffrir à terme, anticipe-t-il. « On parle déjà de service au citoyen, ça va être génial bientôt !
Difficile dans les circonstances de faire respecter les clauses de la convention collective, observe également l’Union fiscale. «C’est ‘ne vous plaignez pas, sinon vous perdrez votre emploi !’», tonne Julien Nobert, indigné par la dégradation des relations de travail dont il dit être témoin.
Personnel informé « dans les meilleurs délais »
À l’Agence du revenu du Canada, une réponse écrite nous a été envoyée. Nous expliquons que nous souhaitons trouver l’équilibre entre « les exigences actuelles et la nécessité d’assurer des opérations rentables dans le futur ». La fin des activités liées à la pandémie est notamment évoquée pour réévaluer les priorités de l’Agence.
« Au cours des prochains mois, l’Agence devra procéder à des ajustements et prendre des décisions pour assurer sa pérennité. Même si cela implique de prendre des décisions difficiles, elle s’engage à fournir le meilleur service possible aux Canadiens.
— Extrait d’une communication écrite de l’Agence du revenu du Canada
L’ARC dit comprendre l’inquiétude que la situation peut susciter chez ses employés. Elle indique qu’un programme de soutien a été mis en place pour les aider. « Une assistance gratuite, confidentielle, neutre et volontaire, accessible en permanence », leur est ainsi proposée, explique-t-on.
Les prochains jours pourraient apporter plus de détails sur la suite, laisse entendre la communication qui nous a été transmise. « L’Agence continue de revoir ses dépenses pour assurer l’efficacité de ses opérations, tout en respectant ses engagements envers les Canadiens. À mesure que cet examen progresse, il est possible que de nouvelles mesures soient mises en œuvre. Si tel est le cas, tous les membres du personnel seront informés en temps utile.
Champagne se veut rassurant
Au bureau du député de Saint-Maurice–Champlain, François-Philippe Champagne, on a essayé lundi [jour férié] pour clarifier la situation. Si nous sommes en mesure de confirmer qu’une communication a bien été envoyée aux salariés, il est difficile de fournir des détails sur la suite.
Lui-même cherchant des éclaircissements, le cabinet du ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie demeure prudent quant au résultat de la « revue des dépenses » en cours à l’ARC. “Pour l’instant, on nous parle d’un gel des embauches, et pas d’autre chose”, affirment-ils.
Le cabinet du ministre Champagne affirme néanmoins suivre la situation de près. « Nous veillerons à ce que s’il existe des incertitudes concernant les employés [de Shawinigan]que nous leur communiquons clairement », indiquons-nous.
Nous réitérons également que le dossier du Centre national de vérification et de récupération de Shawinigan-Sud demeure une priorité pour le député.