Le sous-traitant de Stellantis MA France placé en liquidation judiciaire, 280 emplois menacés

Le sous-traitant de Stellantis MA France placé en liquidation judiciaire, 280 emplois menacés
Le sous-traitant de Stellantis MA France placé en liquidation judiciaire, 280 emplois menacés

[Article mis en ligne lundi 13 mai 2024 à 14h54 et mis à jour à 15h54] La décision est prise et l’avenir des 280 salariés est désormais incertain. Ce lundi, le tribunal de commerce de Bobigny a placé en liquidation judiciaire l’équipementier MA France, dernière usine automobile de Seine-Saint-Denis employant 280 personnes à Aulnay-sous-Bois et sous-traitant du géant automobile Stellantis. selon une décision consultée par l’AFP.

Dans la foulée de cette annonce, plus d’une centaine de salariés de MA France ont convergé lundi après-midi devant le tribunal judiciaire de Bobigny pour demander au procureur de faire appel de la décision de cessation d’activité, a constaté un journaliste de l’AFP. Un important dispositif policier a bloqué l’accès au tribunal.

Par ailleurs, au même moment, une délégation de l’équipementier a été reçue par le procureur. Et un peu plus tôt, les députées LFI Aurélie Trouvé et Nadège Abomangoli, présentes sur place, avaient demandé au préfet de Seine-Saint-Denis de « obtenir le dialogue social avec les salariés « .

Une entreprise en difficulté depuis de nombreuses années

Pour rappel, l’entreprise, basée à Aulnay-sous-Bois, sur l’ancien site historique de PSA, fabrique des pièces essentielles de carrosserie et de châssis pour les petits utilitaires Peugeot ou Citroën, pour les SUV Opel, mais aussi pour Renault. Déjà dans une situation difficile ces dernières années, les récentes difficultés du secteur automobile lui ont porté le coup de grâce.

Les équipementiers sont en effet confrontés à une hausse des coûts de l’énergie depuis le début du guerre en Ukraine il y a presque deux ans. Autres défis à relever : la transition vers la mobilité électrique – alors que le secteur a bâti son succès sur les voitures thermiques. Enfin, la concurrence des entreprises asiatiques qui ont grimpé dans le classement mondial des fournisseurs.

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Le 6 mai, alors que l’entreprise demandait son placement en liquidation judiciaire, le ministre de l’Industrie Roland Lescure a demandé à Stellantis et Renault, les deux principaux clients de MA France, de soutenir leurs salariés.

« J’espère que face à cette situation difficile, l’entreprise, mais aussi les principaux clients, pourront contribuer à soutenir les salariés. », a-t-il souligné, en marge de la signature du contrat de filière automobile, à Bercy. Chacun des 280 salariés doit être accompagné en même temps concernant le « traitement social “, mais aussi ” accompagnement à la requalification « .

Des salariés en grève depuis le 17 avril

Inquiets pour leur avenir, les salariés de MA France, propriété du groupe italien CLN (7 000 salariés, un milliard d’euros de chiffre d’affaires) se sont mis en grève le 17 avril, espérant sauver leur emploi. Pour la CFDT, MA France » avait planifié son déménagement en transformant la demande de redressement judiciaire en liquidation judiciaire sans que nous en soyons informés », a dénoncé le délégué syndical André Messi, présent au tribunal de commerce, le 6 mai.

Notre entreprise a agi sans tenir compte des vies humaines. Nous pensons que les employés ont été trompés. Nous ne voulons pas être une plaisanterie, personne ne peut partir avec le minimum alors que nous avons sacrifié 20 ans pour l’entreprise », a estimé le représentant syndical.

L’intersyndicale a également indiqué début mai que les négociations avec la direction avaient cessé et que l’indemnité supralégale de 45 000 euros évoquée n’était plus sur la table.

Stellantis et le gouvernement pointent du doigt la CGT

Mais pour le client du groupe, Stellantis, les syndicats sont responsables de cette situation. Cette mobilisation a mis à l’arrêt trois usines Stellantis pendant plusieurs semaines.

CLN« a constaté que son site d’Aulnay n’était pas compétitif et a proposé des conditions extra-légales qui ont été validées le 30 avril par un vote majoritaire des salariés et soutenues par les deux syndicats majoritaires de l’entreprise MA France. Un syndicat minoritaire (la CGT, ndlr) a empêché la reprise du travail en menant des actions d’intimidation contre les salariés qui avaient voté pour la reprise du travail. », a déploré Stellantis dans un communiqué publié début mai.

Face à cette situation, Stellantis a mobilisé ses moyens internes de production de pièces embouties dans ses différents sites français et européens pour approvisionner et assurer le redémarrage progressif de ses trois usines. », poursuit le communiqué.

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Roland Lescure avait d’ailleurs directement interrogé « une organisation syndicale minoritaire » à MA France – c’est à dire la CGT – d’avoir » décidé, en arrêtant le travail, de précipiter les choses « .

Le sénateur PCF de Seine-Saint-Denis Fabien Gay a assuré à l’inverse qu’il s’agit de Stellantis » qui a une responsabilité sociale en délocalisant la production de ses pièces en Turquie « . « Il y a aussi un double discours du gouvernement en voulant relancer l’industrie avec l’électricité et en même temps désindustrialiser, notamment en Seine-Saint-Denis. Bientôt, nous ne fabriquerons plus de voitures en France. »a alerté l’élu.

De nombreux équipementiers réduisent leurs effectifs

Les suppressions d’emplois se poursuivent dans le monde des équipementiers automobiles. Forvia a annoncé le 19 février qu’elle mettre en œuvre un plan d’économies appelé « UE-Forward « . Celui-ci devrait atteindre 500 millions d’euros et pourrait réduire ses effectifs en Europe de 10 000 personnes d’ici 2028.. Le groupe, qui regroupe Faurecia, ancienne filiale de Peugeot-Citroën, et l’allemand Hella, justifie cette réduction d’effectif par une volonté d’augmenter son « compétitivité » dans un marché automobile atone.

Avant lui, son concurrent allemand Continental avait annoncé le 14 février la suppression de 7 150 postes dans le monde, dont « eenviron 5 400 » dans son administration, et 1 750 dans sa branche recherche et développement. Cela représente plus de 3 % de l’effectif total du groupe. Une opération qui sera efficace “d’ici 2025 au plus tard”, a-t-il déclaré dans un communiqué. Il est mis en œuvre dans le cadre d’un plan d’économies visant à accroître sa compétitivité pour la transition vers la mobilité électrique.

En novembre dernier déjà, Continental avait prévenu qu’il supprimerait des milliers d’emplois dans sa division automobile à l’échelle mondiale, dans le cadre d’un plan visant à économiser 400 millions d’euros (428,32 millions de dollars) par an à partir de 2025.

(Avec l’AFP)

 
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