Plus de 10,7 millions de passagers ont voyagé à bord d’un train Eurostar et 3,5 millions de camions et de véhicules de tourisme ont traversé la Manche en 2023. L’Eurotunnel fait aujourd’hui partie intégrante du paysage ferroviaire européen, permettant de relier rapidement le continent à la Grande-Bretagne.
Le tunnel est exploité par la société franco-britannique Eurotunnel, filiale de Getlink. Environ 400 trains par jour circulent aujourd’hui dans le tunnel et ce total pourrait, selon l’opérateur, s’élever à 1 000 trains grâce à la modernisation de l’alimentation électrique du tunnel. C’est en tout cas l’objectif de la prochaine décennie.
L’ambition est encore plus large puisqu’Eurotunnel estime pouvoir doubler le nombre de destinations desservies vers la Grande-Bretagne d’ici 10 ans (vers des villes allemandes, suisses et même françaises) et anticipe l’arrivée de concurrents à Eurostar d’ici cinq ans.
L’infrastructure s’étend sur 50,45 km, dont 37,9 km sous la Manche. Bien qu’il soit creusé à 40 mètres dans la roche et sous des tonnes d’eau, la réalisation du tunnel donne le vertige. Un budget de plus de 15 milliards d’euros (presque le double des prévisions), 55 000 m³ de boues évacuées, 6 000 tonnes de rails installés, 170 000 m³ de béton coulé ont été nécessaires à sa réalisation, et avec la contribution de quelque 12 000 personnes.
“C’était comme un film catastrophe” : comment les passagers d’un train se sont retrouvés bloqués sous la Manche
Le forage des galeries a nécessité l’extraction de plus de 10 millions de tonnes de craie à l’aide de 11 machines « tunneliers ». Les déblais extraits par ces « boucliers » pour le forage des tunnels représentent en volume l’équivalent de trois fois la pyramide de Khéops, en Egypte.
La construction du tunnel a été réalisée par TransManche Link (TML), un consortium de dix entreprises de travaux publics (cinq britanniques et cinq françaises). Plus de six années ont été nécessaires pour finaliser l’ouvrage : un tunnel ferroviaire Sud-Nord (France-Angleterre), un tunnel ferroviaire Nord-Sud (Angleterre-France) et un tunnel de service. Les trois tunnels ont été creusés dans les fonds marins et relient Coquelles dans le Pas-de-Calais à Folkestone dans le Kent.
“C’est la première fois dans l’histoire que les chefs d’État français et britannique se rencontrent sans avoir à prendre de bateau ou d’avion.“, a exprimé la reine Elizabeth II lors de l’inauguration. La Reine venait de poser le pied sur le sol français après avoir traversé la Manche en train. “Ce nouvel axe de communication préfigure de manière exemplaire une Europe à la pointe de la technologie… Elle pourrait faire bien plus ! Unis et unis !», a ajouté le chef de l’Etat français, François Mitterrand.
Plusieurs projets (on parle de plus de 130) avaient été avancés pour relier la Grande-Bretagne et le continent européen. Les premiers croquis remontent à près de 200 ans. L’ingénieur français Aimé Thomé de Gamond fut l’un des premiers, en 1833, à suggérer l’idée d’un tunnel foré. De cette période jusqu’à l’achèvement de l’Eurotunnel, les travaux furent lancés à deux reprises, en 1881 et 1975, avant d’être abandonnés. Il faudra finalement attendre le 20 janvier 1986 pour voir le projet entériné dans un accord entre le Premier ministre britannique Margaret Thatcher et François Mitterrand. Les travaux débutent alors le 15 décembre 1987 et se terminent le 10 décembre 1993. Le 1er juin 1994, le tronçon est mis en service.
