malgré le printemps, la forêt du Val-Suzon souffre du changement climatique

malgré le printemps, la forêt du Val-Suzon souffre du changement climatique
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Classée « forêt exceptionnelle », aux portes de Dijon, la forêt du Val-Suzon souffre du changement climatique. Malgré les fortes pluies printanières, de nombreux arbres meurent.

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Malgré les pluies printanières, dont celles du week-end de Pâques qui ont provoqué une crue centennale en Bourgogne, les forêts de Côte-d’Or ne se portent pas mieux.

Si une partie de la végétation verdit, les promeneurs réguliers du Val-Suzon l’ont remarqué : à de nombreux endroits : les arbres dépérissent. Beaucoup sont morts ou affaiblis, fragiles. Un phénomène également constaté par les agents de l’office national des forêts sur place.

« Ce sont les effets du changement climatique », confirme Marlène Treca, conservatrice de la réserve naturelle régionale du Val-Suzon. A travers des sécheresses violentes et répétées, « Nous avons peut-être des printemps pluvieux, mais le problème c’est que les arbres n’ont plus la capacité de suivre, par la force ».

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Des arbres mourants à Val-Suzon, Côte-d’Or

© ONF / Marlène Tréca

Comme ailleurs en France, la sécheresse ne tue pas systématiquement les arbres, mais elle les rend plus vulnérables. Depuis trois années consécutives, les plantes du Val-Suzon subissent les attaques des chenilles du papillon hétéroclite, un papillon considéré comme envahissant. «Cela a provoqué une défoliation importante [pertes de feuilles]», rappelle le conservateur de la réserve naturelle. Les frênes sont sensibles à la chalarose, un champignon qui peut tuer des arbres entiers. Enfin, les conifères peuvent être décimés par les scolytes – mais c’est un moindre mal dans le Val-Suzon, où les conifères sont bien plus rares qu’en Franche-Comté ou dans le Morvan.

► A LIRE AUSSI : Sécheresse : scolytes, champignons… les forêts et les arbres s’affaiblissent de plus en plus dans le nord de la Franche-Comté

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Une forêt ravagée par les scolytes dans les Terres-de-Chaux dans le Doubs, 2022

© LIONEL VADAM / MAXPPP

Le Val-Suzon est principalement composé, sur ses plateaux, de chênes et de charmes ; les vallons et les coteaux sont des terres de hêtres qui représentent un peu moins de la moitié des arbres de la région. « Or, on sait que le hêtre disparaîtra du quart nord-est de la France d’ici 2070, et que nous aurons un climat méditerranéen en Côte-d’Or »note Marlène Treca.

>Le domaine de la réserve naturelle du Val-Suzon
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Le domaine de la réserve naturelle du Val-Suzon

© ONF

La situation actuelle est également amplifiée par la nature des sols du Val-Suzon. “La vallée est calcaire, avec ce qu’on appelle des phénomènes karstiques qui font que l’eau s’infiltre très rapidement.”

« Val-Suzon est une passoire. Dès qu’il pleut, elle peut monter très vite comme on l’a vu lors du week-end de Pâques, mais elle descend aussi très vite. Cela peut être surprenant.

Marlène Treca

conservateur de la réserve naturelle du Val-Suzon

Parce que les terres du Val-Suzon ne retiennent pas l’eau (qui s’écoule en grande partie vers la vallée de l’Ouche), les sols s’assèchent rapidement, même après de fortes pluies. Ainsi, les périodes d’assèchement de la rivière Suzon s’allongent. Et les arbres souffrent aussi.

>Sécheresse : le Suzon sec, près de la Source</a> de la Jouvence (Côte-d'Or)
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Sécheresse : le Suzon sec, près de la Source de la Jouvence (Côte-d’Or)

© Lisa Guyenne / France Télévisions

« Finalement, cela ne faisait pas si longtemps qu’on assistait à ce phénomène de dépérissement des arbres. Quand j’ai repris le projet fin 2016, ce n’était pas comme ça »se souvient le conservateur de la réserve naturelle. “On observe cela dans ces proportions seulement depuis trois ou quatre ans, on a l’impression que ça s’accélère.” Rappelons également que les années 2022 et 2023 ont été les années les plus chaudes enregistrées en France métropolitaine.

Marlène Treca évoque également de probables « cercles vicieux » : « Nous avons des arbres qui poussent en groupe, et quand certains meurent, cela crée un fossé. Les autres arbres qui étaient auparavant à l’ombre se retrouvent en pleine lumière. Et comme nous, ils peuvent encaisser les coups du soleil et « brûler ».

>Des arbres mourants à Val-Suzon, Côte-d'Or
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Des arbres mourants à Val-Suzon, Côte-d’Or

© ONF / Marlène Tréca

La réserve naturelle représente 46 % des 6 900 hectares du site classé de la forêt du Val-Suzon, entre le village du Val-Suzon et Messigny-et-Vantoux. « Le parti-pris est de laisser la nature évoluer librement », explique Marlène Treca. L’idée n’est donc pas de replanter d’autres espèces plus résistantes au changement climatique, comme on peut le faire dans d’autres forêts. “Ça a vraiment un intérêt, avec la vocation d’être un territoire d’expérimentation, un laboratoire.”

Cette libre évolution devrait permettre de voir comment la forêt évolue avec le réchauffement. Petit à petit, de nouvelles espèces d’arbres pourraient apparaître.

Le problème est que les arbres « migrent » lentement. Leurs zones de peuplement se déplacent vers le nord, mais le changement climatique se produit plus rapidement.

Marlène Tresca

conservateur de la réserve naturelle du Val-Suzon

« En revanche, certaines espèces déjà présentes ont des affinités avec ce climat : chêne pubescent, tilleul… Mais pour l’instant, nous n’avons pas encore observé de nouvelles espèces qui ont « migré » dans le Val-Suzon.

« La chance du Val-Suzon, c’est d’être une mosaïque de milieux naturels qui se juxtaposent. La résilience peut aussi venir des échanges, ou des vases communicants entre ces zones. », note le conservateur. Site classé depuis 1989 et réserve naturelle depuis 2011, le Val-Suzon regroupe plusieurs milieux : plateaux, falaises calcaires, vallons, forêts denses et marais de tuffeau.

>Belvédère de Saint-Fol, caractérisé par un éperon rocheux qui domine le paysage. La conformation topographique particulière du Val-Suzon est à l'origine d'une mosaïque de milieux différents qui se juxtaposent sur de petites surfaces. En fait, le Suzon a entaillé la vallée. L'érosion au fil du temps a créé des pentes, plus ou moins douces, appelées Combes. Presque toutes les vallées du Val-Suzon possèdent de petites sources, qui ont contribué à marquer davantage le paysage. En termes de biodiversité, cette topographie très découpée, avec un changement complet d'orientation au niveau des
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Belvédère de Saint-Fol, caractérisé par un éperon rocheux qui domine le paysage. La conformation topographique particulière du Val-Suzon est à l’origine d’une mosaïque de milieux différents qui se juxtaposent sur de petites surfaces. En fait, le Suzon a entaillé la vallée. L’érosion au fil du temps a créé des pentes, plus ou moins douces, appelées Combes. Presque toutes les vallées du Val-Suzon possèdent de petites sources, qui ont contribué à marquer davantage le paysage. En termes de biodiversité, cette topographie très découpée, avec un changement complet d’orientation au « coude » de la vallée, a créé de très fortes oppositions de pente, ainsi que de nombreuses variations d’exposition et d’altitude, contribuant à la formation de milieux très différents. sur de très courtes distances.

© GIADA CONNESTARI/16Prod/ONF

Au milieu de ces bouleversements, une autre question se pose : celle de la place de l’humain dans cette forêt. Depuis le covid, les randonneurs sont de plus en plus nombreux à la recherche d’espaces verts et de nature. Ce qui pose de nouveaux problèmes.

Dans les zones où l’on laisse la forêt évoluer librement, il y a des arbres fragilisés qui peuvent tomber, ainsi que des chablis. [arbres qui se déracinent] sans qu’on puisse toujours l’anticiper. Cela peut constituer un risque dans les zones fréquentées par les promeneurs.

Marlène Tresca

conservateur de la réserve naturelle du Val-Suzon

En 2023 par exemple, de nombreux arbres ont été arrachés après une tempête fin août dans la Combe aux Prêtres. Mais même par temps calme, les arbres affaiblis peuvent constituer un danger.

>Le massif forestier du Val-Suzon vu du belvédère de Saint-Fol. La conformation topographique particulière du Val-Suzon est à l'origine d'une mosaïque de milieux différents qui se juxtaposent sur de petites surfaces. En fait, le Suzon a entaillé la vallée. L'érosion au fil du temps a créé des pentes, plus ou moins douces, appelées Combes. Presque toutes les vallées du Val-Suzon possèdent de petites sources, qui ont contribué à marquer davantage le paysage. En termes de biodiversité, cette topographie très découpée, avec un changement complet d'orientation au niveau des
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Le massif forestier du Val-Suzon vu du belvédère de Saint-Fol. La conformation topographique particulière du Val-Suzon est à l’origine d’une mosaïque de milieux différents qui se juxtaposent sur de petites surfaces. En fait, le Suzon a entaillé la vallée. L’érosion au fil du temps a créé des pentes, plus ou moins douces, appelées Combes. Presque toutes les vallées du Val-Suzon possèdent de petites sources, qui ont contribué à marquer davantage le paysage. En termes de biodiversité, cette topographie très découpée, avec un changement complet d’orientation au « coude » de la vallée, a créé de très fortes oppositions de pente, ainsi que de nombreuses variations d’exposition et d’altitude, contribuant à la formation de milieux très différents. sur de très courtes distances

© GIADA CONNESTARI/16Prod/ONF

Ainsi, dans cette forêt située à 20 minutes à peine de Dijon, « On arrive presque à un problème de parc urbain. A Dijon, quand il y a un orage, la ville ferme le parc de la Colombière. Difficile d’imaginer la même chose dans l’immensité du Val-Suzon… Mais l’ONF réfléchit à une politique de prévention des risques. « Mettre en place un suivi précis et structuré sur les sentiers balisés, mais aussi sur les sentiers qui traversent des zones inexploitées, avec une signalétique expliquant qu’on laisse volontairement du bois mort sur place »dit Marlène Treca.

Autre problème : le risque d’incendie. En 2022, une petite zone a brûlé au-dessus de la Combe des Chênaux, entre Messigny-et-Vantoux et Etaules. Mais la forêt n’est pas à l’abri d’un risque plus généralisé, comme en 2023 dans la réserve naturelle de Combe Lavaux à Gevrey-Chambertin – dix hectares sont partis en fumée.

► A LIRE AUSSI : IMAGES. Après l’incendie de la vallée du Lavaux, les photos impressionnantes des pompiers

>L'incendie de la vallée du Lavaux (Côte-d'Or), 24 août 2023
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L’incendie de la vallée du Lavaux (Côte-d’Or), 24 août 2023

© SDIS 21

« Les collègues de terrain partent en tournée l’été pour sensibiliser les randonneurs. En période de risque, nous rappelons qu’il est déconseillé de fumer en forêt. Pour mémoire, les feux de camp sont interdits partout en forêt, même en hiver. D’autres contrôles sont régulièrement effectués : contre les déversements sauvages notamment, et contre la circulation de véhicules motorisés dans l’enceinte de la réserve naturelle.

► En mars 2024, la chambre régionale des comptes publie un rapport alarmant sur la santé des forêts de Bourgogne-Franche-Comté. Ses conclusions peuvent être lues ici.

 
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