Après l’annonce de l’acquisition de la Société Générale Marocaine de Banques (SGMB) par le groupe Saham, les analystes anticipent des transformations significatives dans le panorama financier du Maroc, soulignant l’impact majeur de cette acquisition sur la marocanisation du secteur bancaire et la compétitivité sur les marchés africains.
Le Conseil d’administration de la Société Générale a approuvé cette semaine la cession de 57,67% des actions de la Société Générale Marocaine de Banques, ainsi que de la totalité des actions de Sogécap dans La Marocaine Vie, au groupe Saham. Cette opération permet à Saham, fondée par l’ancien ministre de l’Industrie Moulay Hafid Elalamy, d’acquérir l’ensemble des activités, des portefeuilles clients et des salariés de ces entités.
Interrogé par Hespress à ce sujet, Zakaria Lahlou, analyste financier et conseiller en investissement à la Bourse de Casablanca, a souligné les ramifications de la transaction s’élevant à près de 8 milliards de dirhams qui, pour lui, soulèvent des questions quant à la capacité d’un groupe national à mobiliser une telle somme dans un contexte marqué par une grave pénurie de liquidité sur le marché financier.
Il a souligné que « Saham », en tant que repreneur, n’a pas dévoilé l’identité de ses partenaires financiers qui l’accompagneront dans les prochains mois, malgré les informations préalables à l’annonce officielle de la transaction, laissant entendre que des prêts bancaires d’environ 4 milliards de dirhams serait inclus dans la valeur de l’acquisition.
Par ailleurs, Lahlou a précisé que cette nouvelle opération va contraindre certaines filiales à envisager une offre publique d’obligations dans un avenir proche. D’autres entités seront également soumises à des changements de direction notamment la compagnie d’assurance « Marocaine Vie » et « Sogelease », une société de leasing, ainsi que la banque « AnfaBank », outre les sociétés de gestion d’actifs « Soge Capital Gestion » et de portefeuilles « Soge Capital », ainsi que la société de gestion d’actifs société de bourse « Soge Capital Bourse ».
En revanche, l’analyste a rappelé que le groupe « Saham » a réalisé, il y a plusieurs années, des bénéfices substantiels de la vente de sa filiale « Saham Assurance » au groupe sud-africain « Sanlam », l’opération financière étant valorisée à 1,05 milliard de dollars, soit plus de 10,5 milliards de dirhams.
Lahlou a notamment affirmé que le groupe, transformé en fonds d’investissement multi-contributions, a entrepris ces dernières années le développement de ses filiales, principalement dans les secteurs de la santé et de l’enseignement privé.
De son côté, Abdellatif Ouijman, expert des marchés financiers, a noté que l’acquisition de la « Société Générale Maroc » par Saham représente une étape cruciale dans le projet de marocanisation du secteur bancaire, perçu comme un atout majeur pour l’économie. à l’échelle nationale dans un avenir proche. C’est aussi un moyen optimal de contrer la concurrence féroce sur les marchés africains pour les investissements.
Ceci est d’autant plus important que des acteurs majeurs du secteur bancaire, comme Attijariwafa bank, Bank of Africa et Banque Populaire Centrale, ont fait des progrès significatifs dans cette stratégie, a-t-il ajouté dans une déclaration à Hespress. Ouijman a ainsi indiqué que cette nouvelle opération financière est importante pour accentuer le fossé entre les institutions bancaires européennes et les marchés africains.
