Ça y est, nous entrons en 2025 ! Que nous réservent les 365 derniers jours de ce quart de siècle ? Impossible à dire. Les années se succèdent selon la séquence bien réglée des calendriers ; mais ils ne se ressemblent pas. « Différence et répétition », comme titre d’une des grandes œuvres de Gilles Deleuze : ce qui se répète n’est jamais l’identique mais la différence qui crée quelque chose de nouveau, une nouveauté qui entraîne la réalité dans un futur imprévisible. Gageons que l’année à venir réservera son lot d’imprévus et de surprises.
C’est sous le signe du philosophe, à qui nous avons consacré notre dernier numéro spécialce qui sera placé en 2025 : nous célébrons en effet un double anniversaire, le centenaire de sa naissance et le trentième anniversaire de sa mort. Alors commençons l’année avec lui, avec les vœux traditionnels. « Bonne année, bonne santé ! » »
Qu’est-ce qu’une bonne année ? Deleuze esquisse une réponse lors d’un cours à l’Université de Vincennes : “Une bonne année,‘c’est quand ça s’équilibre, ça‘c’est quand, si ça t’amuse, c’est m‘amusez-vous, et si c’est le cas‘amusez-vous, c’est amusant pour vous »il a dit à ses étudiants. Une joyeuse harmonie avec le monde qui nous entoure, en somme.
Quant à la « bonne santé », Deleuze a aussi son mot à dire. Dans un autre cours, il dit : « Ce n’est pas la bonne santé qui nous fait dire « vive la vie ». » S’efforcer à tout prix de rester en forme physique pour ensuite profiter de la vie, c’est aborder les choses à l’envers. A trop vouloir rester en bonne santé, on risque une rupture allergique avec le monde extérieur. Vivre, pour Deleuze, c’est bouger, expérimenter, rencontrer des êtres, des choses, des situations qui, s’ils peuvent parfois nous nuire, sont de nature à accroître notre puissance et à nous remplir de joie. Ce que nous devrions souhaiter à chacun, c’est « comprendre comment les choses et les autres corps sont en désaccord avec le vôtre » – comprendre comment le monde nous affecte pour en tirer le meilleur parti.
« C‘est la sagesse » ce qui consiste essentiellement en « savoir vieillir » : Il reste toujours, même là où nous ressentons les effets décroissants du temps, une myriade d’occasions de nous développer. Encore faut-il les chercher et surtout les saisir : sortir de soi, se laisser affecter par ce qui nous arrive, accepter d’être transformé par l’extérieur et emmené dans une autre direction. Embrasser la différence qui nous ouvre sans cesse à des bifurcations, des changements parfois inquiétants mais toujours passionnants. “Seulement‘l’affirmation revient, elle‘c’est-à-dire le Différent, le Dissemblable. […] Seule la joie revient. »