l’essentiel
Les images de l’avion atterrissant sur le ventre à toute vitesse avant de heurter un mur à l’aéroport de Muan (Corée du Sud) ont fait le tour du monde. Si une enquête a été ouverte pour déterminer les causes de l’accident qui a fait 179 morts, plusieurs points posent question.
Après l’accident du Boeing 737 de Jeju Air qui a fait 179 morts ce dimanche 29 décembre à l’aéroport de Muan (Corée du Sud), les boîtes noires de l’avion ont été récupérées. Leur analyse permettra de connaître précisément comment les événements se sont déroulés et d’apporter des explications à ce crash. Car pour l’instant, plusieurs zones d’ombre demeurent.
Une collision avec des oiseaux ?
Pour les autorités, la cause présumée du sinistre est une collision d’oiseaux. La tour de contrôle de l’aéroport avait envoyé un avertissement en ce sens à l’équipage du vol 2216 de Jeju Air en provenance de Bangkok, quelques minutes avant le crash. Alors que l’avion s’apprêtait à atterrir, le pilote a émis un message de détresse indiquant un impact d’oiseau puis a refait le tour. Il est ensuite immédiatement revenu se poser sur la piste, dans l’autre sens. Des oiseaux, comme des canards, communs dans la région, pourraient avoir été aspirés dans l’un ou les deux réacteurs. Dans de tels cas, cela entraîne généralement une perte partielle ou totale de la puissance du moteur. Même si ce type d’incident est courant dans le transport aérien, les accidents mortels restent rares. Les services aéroportuaires ont également une obligation réglementaire « d’évaluer le risque animal sur et autour de l’aérodrome, de mettre en place des moyens et d’élaborer des procédures pour contrôler et réduire le risque », souligne la Direction générale de l’aviation civile (DGAC). Mais le risque zéro n’existe pas.
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Un atterrissage tardif sur le ventre
Selon les autorités locales, l’avion s’est posé sur le ventre bien au-delà de la zone d’atterrissage. La piste est longue de 2 800 m mais a été réduite à 2 500 m depuis le 30 octobre 2024 en raison de travaux en cours. Si l’avion touchait effectivement le sol plusieurs centaines de mètres après la zone d’atterrissage et avec son train d’atterrissage rentré, la sortie de piste était inévitable.
Un train d’atterrissage rentré
L’incapacité de l’équipage à sortir le train d’atterrissage reste une énigme. Si un problème moteur peut rendre impossible la sortie des trains avec le système hydraulique, il existe néanmoins une solution d’urgence. En cas de panne, les pilotes disposent de joysticks dans le cockpit pour déverrouiller manuellement le train d’atterrissage. Le train principal s’étend alors latéralement puisque sa masse est suffisante pour le faire descendre par gravité. Quant au train avant, moins lourd, il s’étend de l’avant vers l’arrière, profitant de l’effort aérodynamique. Ces systèmes de sortie manuelle des trains sont exigés par les autorités de l’aviation civile européenne (EASA) et américaine (FAA). Selon un pilote de Boeing 737 interrogé par La dépêche“Les pilotes ont pris un risque en atterrissant sur le ventre car une fois l’avion touché le sol, on ne peut plus rien faire, ni freiner, ni garder le contrôle de l’avion.”
Un mur au bout de la piste
La vidéo du crash diffusée par la chaîne locale MBC montre l’avion glissant au sol à toute vitesse, puis heurtant un mur en bout de piste et se désintégrant. La présence de ce mur suscite de vives critiques. Pour Kim Kwang-il, professeur de sciences aéronautiques à l’université de Silla et ancien pilote, ce type de construction va à l’encontre des normes internationales de sécurité aérienne. « Normalement, il n’y a pas d’obstacle aussi solide au bout de la piste, il n’y a que des clôtures. […] L’avion aurait pu déraper davantage et s’arrêter naturellement, estime le spécialiste. La plupart des passagers sont morts à cause de cet obstacle.
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