Raphaël Vion, directeur des cinémas sétois Nouveau Palace et Comoedia, fait le point sur cette année record pour le cinéma français.
Les chiffres au niveau national ne devraient être annoncés que dans le courant du mois de janvier, mais sur l’Île Singulière, le directeur de la société Véo-Bassin de Thau se réjouit déjà de la fréquentation des deux cinémas sétois. « Nous avons eu environ 128 000 entrées : 50 000 au Nouveau Palais et 78 000 à Comoedia. NNous avons donc dépassé notre objectif interne qui était de 125 000″indique Raphaël Vion. Une fréquentation qui détrône largement les chiffres des années précédentes. En 2023, 115 000 places de cinéma avaient en effet été vendues contre 95 000 en 2022, ce qui était encore « l’année de transition après Covid ».
Le Comte de Monte-Cristo, en tête à Sète
Mais l’année n’a pas démarré sur les chapeaux de roue. En cause notamment : la grève des scénaristes outre-Atlantique qui avait retardé la sortie de plusieurs productions américaines. Mais c’était sans compter, au printemps, sur la sortie de la comédie Un petit quelque chose en plus qui dépasse désormais la barre des 10 millions d’entrées. Un film français qui s’est révélé être un véritable “surprendre” pour les cinémas français : “Personne ne l’a vu venir.”
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A Sète aussi, l’engouement était au rendez-vous puisque la production d’Artus a attiré 4 300 spectateurs dans les salles. “C’est notre deuxième meilleur résultat de l’année après le Comte de Monte-Cristo qui a réalisé ici 7 000 entrées”, dit Raphaël Vion. Les longs métrages qui suivent dans le classement sont Émilie Pérezle drame musical de Jacques Audiard, qui a attiré 3 330 personnes, Ouf, l’amour de Gilles Lellouche avec 3 000 entrées, suivi deUne fanfare et Vaiana 2, “qui sont toujours en activité et devraient donc atteindre chacun 3 000 billets vendus”.
Attirer le jeune public
2024 a donc été une très bonne année pour le cinéma français, dont les productions ont souvent réalisé les meilleurs scores au box-office national et sétois. Exigible « la qualité des propositions » mais aussi parce que « Le cinéma américain a de plus en plus de mal à se diversifier. Ils ont épuisé l’offre de films Marvel et ne proposent pas forcément des créations originales”analyse le directeur de Véo Sète. Ainsi, des productions françaises comme Quand l’automne arrive by François Ozon, Le bien le plus précieux ou même M. Aznavour avec Tahar Rahim ont trouvé leur public sur l’île singulière, à l’instar du Graines de figuier sauvage du réalisateur iranien Mohammad Rasoulof ou du dernier Clint Eastwood Juré n°2 qui comptent ensemble 2 600 entrées.
Pour les plus jeunes, Moi, moche et méchant 4 ou même Moufasa ont retrouvé leurs spectateurs à Sète. Même si « Le jeune public est plus difficile à toucher. C’est plus compliqué de les attirer vers d’autres films que ces blockbusters »indique Raphaël Vion qui, à cet effet, a mis en place, depuis avril, des rencontres pendant les vacances scolaires mêlant projections de courts métrages, ateliers manuels, ciné-concerts, etc. “Et ça a bien commencé”salue-t-il, tout en confiant que, cette année, les séances destinées aux écoles ont augmenté de 20 à 30 %. Un travail qu’il souhaite également poursuivre en 2025.
Et pour 2025 ?
Pour la nouvelle année, “il est encore trop tôt”selon Raphaël Vion, de miser sur les films qui seront en tête du box-office. Toutefois, quelques longs métrages « phares » sont déjà prévus pour le début de l’année. Comme le nouvel Almodovar – »un auteur qui travaille très bien à Sète” –, productions asiatiques – « dont les Sétois sont friands » – le biopic sur Bob Dylan avec Timothée Chalamet ou, dans un style différent, le nouvel épisode des Tuche. « Nous allons essayer de faire aussi bien que cette année » espère le réalisateur pour 2025. Et souhaiter continuer à « offrir la palette la plus large possible » to Sète movie buffs.