« À Crans-Montana, la culture est – au mieux – considérée comme un élément de la politique touristique »note Jacques Cordonier. L’ancien chef du Service de la culture du canton du Valais résume en une phrase le rapport rédigé par Pierre-Alain Hug, politologue et ancien directeur de l’Office cantonal de la culture et des sports du canton de Genève. L’avis de ces deux spécialistes des politiques publiques culturelles est précieux : la Commune de Crans-Montana souhaitait un instantané de l’instant de la vie culturelle, elle dispose désormais d’un inventaire détaillé, qui dépassait largement son territoire : en effet, explique Pierre-Alain Un câlin tout de suite, « Compte tenu des chevauchements existants, il est rapidement devenu évident que la réflexion devait englober les trois communes. »
Offre riche, pour tous les publics
Première observation de l’observateur : « À Crans-Montana, la culture est riche de sa diversité, de la plus populaire à la plus élitiste, de la plus fédératrice à la plus singulière. Cette multiplicité permet la juxtaposition de plusieurs publics. Les invités et les résidents ont un large choix. Cette offre, note Pierre-Alain Hug, peut être regroupée en trois domaines tout à fait complémentaires : l’événementiel d’une part (concentré sur la scène), le patrimoine (notamment à Lens), enfin associatif et créatif (principalement dans les villages). L’auteur du rapport souligne également la place importante qu’occupe la culture des idées à Crans-Montana. « Il y a une vraie force dans les échanges et les réflexions intellectuelles (Swiss Made Culture, Opale, Amitalia, Art-Ethno-Archi, Montagn’Arts…). Nous débattons du passé, du présent, du futur.
Deuxième constat : « La culture est principalement jugée par le tourisme. » Comprenez : les événements culturels sont des produits d’appel qui sont censés générer des nuits touristiques, ce sont des activités destinées à divertir les vacanciers et les visiteurs. « Aujourd’hui, estime Pierre-Alain Hug, Crans-Montana a l’opportunité de passer d’une vision de la culture comme élément de loisir, ou de prestige, à la construction d’une véritable identité. »
Opacité et dispersion
Autre problème : l’opacité. Pierre-Alain Hug constate un manque de cohérence et une manière surprenante de répartir les subventions. « Le cheminement de quiconque souhaite demander un soutien financier est compliqué. Si un nouvel acteur culturel arrive, il a peu de chances de réussir. Tout est fragmenté, avec une gestion fragmentée, sans coordination, avec une communication incohérente et dispersée. C’est dommage ! » Car aujourd’hui déjà, Crans-Montana se démarque, notamment par la musique. « Fanfares, chorales, saison classique, festival électro, festival de jazz. La musique est le seul élément que l’on retrouve partout sur le territoire des trois communes. C’est l’élément fort, aussi bien sur le plateau touristique que dans les villages, auprès des amateurs et des artistes de très haut niveau. Et la région est un vivier de talents.
Nommer un délégué à la culture
Si le rapport Hug met en lumière les problèmes, il apporte aussi des solutions. Selon lui, le moment est venu de créer un service culturel intercommunal. « A sa tête, une personne chargée de gérer l’ensemble des fonds et des activités culturelles des trois communes de Crans-Montana, Icogne et Lens. Il s’agirait de regrouper tous les budgets sous la houlette de ce futur service, d’unifier les procédures de demande de soutien et d’attribution de subventions. Que ce soit pour des petits ou des grands événements, chaque organisateur n’aurait qu’un seul interlocuteur. Le responsable de la culture aurait ainsi une vue d’ensemble, facilitant la création de ponts entre les acteurs culturels d’une part, mais aussi la cohérence et la communication. Une plus grande clarté résulterait de cette réorganisation. «Crans-Montana deviendrait également un interlocuteur et partenaire extérieur légitime.»
Le cinéma, un lieu unique
Pas de temple dédié à la culture à construire, ni de salle de spectacle : Pierre-Alain Hug propose de capitaliser sur l’existant. « La salle de cinéma, déjà utilisée par plusieurs organisateurs d’événements, est un lieu unique à Crans-Montana, auquel s’ajoutent les autres salles des villages ou, à Lens, la fondation Opale. Ces lieux constituent un ensemble riche de lieux potentiels d’accueil de la culture. L’histoire du cinéma à Crans-Montana est riche, mais souffre du contexte actuel compliqué de l’industrie cinématographique, comme de tous les cinémas. La salle est idéale pour organiser des événements sous forme de réunions, débats et conférences.
Un dernier mot à Pierre-Alain Hug : « Crans-Montana est une petite ville de montagne, elle peut se donner les moyens d’agir comme une ville ! Elle sera parmi les premières régions de ce type à adopter une politique culturelle et à embaucher un délégué culturel.