Le JDD. Vous êtes le YouTubeur le plus influent de France et vous vous imaginez déjà dans la peau d’un ministre des Sports. Si cela devient une réalité, quelles seraient vos premières étapes pour révolutionner ce domaine ?
Tibo InShape. Je ne sais pas si cela deviendra une réalité, mais j’ai souvent réfléchi à ce que je pourrais faire. Le sport en France mérite plus d’attention et d’investissement. Par exemple, nous devrions renforcer notre place à l’école. Aujourd’hui, les lycéens ne disposent que de deux heures de sport par semaine, ce qui est insuffisant. J’augmenterais ce volume horaire et le coefficient de la discipline dans les moyennes générales, pour qu’elle soit considérée comme aussi essentielle que les mathématiques. Le sport n’est pas qu’une simple activité physique : c’est un puissant levier de confiance en soi, de solidarité, de santé publique et de cohésion sociale.
Au-delà de vos vidéos, êtes-vous déjà concrètement impliqué dans des actions pour soutenir cette cause ?
L’un des problèmes majeurs que j’aimerais résoudre, si j’étais ministre, c’est le manque d’infrastructures sportives en milieu rural. Ayant grandi à Pibrac, village de 8 000 habitants près de Toulouse, j’ai eu la chance d’avoir accès à une salle de sport, mais ce n’est pas le cas partout. De nombreux jeunes talents n’ont jamais pu s’épanouir faute de matériel adapté. Actuellement, je travaille avec les maires des communes autour de Toulouse sur un projet visant à installer des structures telles que des espaces de street workout. Nous en sommes encore aux étapes de planification et la question du financement demeure un défi, mais c’est une cause qui me tient profondément à cœur.
Êtes-vous gêné par l’étiquette de « YouTubeur de droite » et les pertes d’audience qu’elle a pu provoquer ?
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Être qualifié de « YouTubeur de droite » pour défendre des valeurs comme l’amour du drapeau français ou le respect des forces de l’ordre est réducteur. Ces principes doivent transcender les divisions politiques. J’ai grandi dans un environnement où le respect des règles allait de soi. Une attaque dans la vingtaine m’a fait prendre conscience de l’importance de la police, qui m’a aidé ce jour-là. Mon admiration pour eux, ainsi que pour les militaires, n’a cessé de croître au point que j’envisage maintenant de me joindre à la réserve. Ces convictions m’ont coûté des adeptes, des partenariats et des opportunités, mais je reste fidèle à mes valeurs.
Beaucoup de gens vous attribuent des intentions politiques. La politique est-elle un sujet qui vous intéresse personnellement ?
Je m’intéresse à la politique à titre personnel, c’est naturel avec l’âge. Mais nous adorons mettre les influenceurs dans des cases, et j’ai rapidement été catégorisé à droite. Pourtant, les valeurs que je défends me paraissent apolitiques : encourager les gens à se dépasser et à s’améliorer est une philosophie de vie, pas un engagement partisan. Aujourd’hui, tout se politise et certains tentent de m’associer à un camp ou à un autre. Mais cela ne me concerne pas : je resterai fidèle à mes convictions, quelles que soient les interprétations extérieures.
« Le RN défend certaines valeurs proches des miennes, mais pas toutes »
Lors des dernières élections, vous avez déclaré que vous votiez pour le parti présidentiel. Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?
Je voulais clarifier ma position, car plusieurs partis, de droite ou de gauche, essayaient de redorer mon image. Je voulais éviter toute ambiguïté. Certes, le Rassemblement national défend certaines valeurs proches des miennes, mais pas toutes. Je pense qu’il y a du bon et du mauvais dans chaque camp, à gauche et à droite. Je veux être transparent : je n’encourage personne à voter comme moi. Chacun est libre de faire ses choix, et c’est la force de la démocratie.
Si votre choix s’était porté sur le RN, l’auriez-vous publiquement assumé de la même manière ?
Bien sûr. En tout cas, certains m’associent déjà à l’extrême droite, tout simplement parce que j’arbore un drapeau français dans ma salle de sport. C’est absurde. On peut se demander si ce symbole national n’a pas été accaparé par un camp, au point d’être abandonné par l’autre. Ce qui m’importe, c’est de rester honnête et fidèle à mes convictions. Cela dit, il est vrai qu’en tant qu’artiste ou créateur de contenu, il est souvent plus facile de voter à gauche. Mais ceux qui le font aujourd’hui sont-ils encore sincères, ou tentent-ils simplement de s’aligner sur une norme culturelle ? La question mérite d’être posée.
“L’essentiel pour moi est de rester fidèle à moi-même”
Vos positions ont conduit à créer une sorte de « cordon social » autour de vous, notamment de la part de certains créateurs de contenus. Le regrettez-vous ?
Il est vrai que de nombreux créateurs semblent hésiter à s’associer à certains YouTubeurs, dont moi-même, par peur de leur image ou d’éventuelles retombées. Si quelqu’un choisit de ne pas collaborer avec moi, c’est sa décision, et honnêtement, cela ne m’empêche pas de dormir. Par exemple, j’ai été retiré d’une émission de France TV liée aux JO. On m’a expliqué que c’était une décision « diplomatique ». Je laisserai les lecteurs tirer leurs propres conclusions.
La critique est-elle un moteur pour vous ?
Je n’ai jamais cherché à être critiqué, mais c’est inévitable, surtout avec certaines polémiques. Je dis ce que je pense, sans filtre. Parfois vous l’aimez, parfois non. L’essentiel pour moi est de rester fidèle à moi-même. Ma chaîne est le reflet de qui je suis : je n’ai pas une grande équipe derrière moi, ce qui me permet d’entretenir une vraie proximité avec mon public. Cela ne plaît pas à tout le monde, et certains me jugent sans avoir regardé une seule de mes vidéos, se basant uniquement sur des « ouï-dire ». Ce qui compte vraiment, ce sont les échanges dans la vraie vie. Quand les gens m’arrêtent dans la rue pour me dire : “Grâce à vous, j’ai vaincu l’anorexie” ou ” J’ai perdu du poids “c’est là que je mesure l’impact positif de mon travail. Les insultes d’un certain Joachim de 38 ans, caché derrière une photo de manga ou de footballeur, ne me parviennent pas.
Votre succès international a contribué à votre statut de numéro un. Envisagez-vous de collaborer avec des YouTubers internationaux ?
Pour l’instant, cela n’est pas prévu. J’ai une communauté internationale importante, notamment en Inde, au Pakistan et au Brésil. L’été dernier, j’ai même été reconnu pour la première fois à l’étranger, en Grèce. Une expérience à la fois surprenante et très enrichissante.