Au Festival de Jazz de Montréal, une « mixtape » hommage à Jean-Marc Vallée

Au Festival de Jazz de Montréal, une « mixtape » hommage à Jean-Marc Vallée
Au Festival de Jazz de Montréal, une « mixtape » hommage à Jean-Marc Vallée

Oui, bien sûr, il y a le célèbre cinéaste Jean-Marc Vallée de CRAZY, Dallas Buyers Club, Sauvage, Café de Flore, Séries télévisées – nous les oublions alors qu’elles tournent en spirale, se tordent et se retournent au cours de deux décennies folles. Il y a forcément le Jean-Marc qui manque infiniment aux siens, dont le départ en plein jour de Noël 2021 a provoqué un choc qui n’a pas encore dépassé l’œsophage, comme une fête trop pleine pour le ventre. Oui Hollywood, oui Berthier-sur-Mer. Et tout le reste. L’indicible d’une vie impossible et insupportablement courte.

Comment évoquer avec précision l’ami intense, le donneur de plaisir, par l’image et le son ? Comment offrir une soirée digne de cet organisateur de soirées aussi mémorables ?

Pour Marc-André Grondin, l’acteur alter ego, proche des proches bombardés, réalisateur de l’émission intitulée Mixtape. Un hommage musical à Jean-Marc Vallée, présenté en ouverture du Festival international de jazz de Montréal le 27 juin, il était clair ce qu’il ne fallait pas faire. « Il n’était pas question d’asseoir Wilfrid-Pelletier devant un meilleur de de scènes. Les films de Jean-Marc existent, on peut les trouver et les regarder. Nous ne sommes pas allés voir les points de vue, nous sommes allés ailleurs. Nous y sommes allés avant. Avant les images. Au temps de la musique. D’où l’idée de recréer l’esprit de mixtapes de Jean-Marc dans un spectacle avec musiciens. Une bande-son de l’âme. »

Un « spectacle » vivant de la Vallée

C’est une sorte de retour aux origines. Jean-Marc Vallée était un gars de la musique : un monteur de vidéoclips, un bad tripper. “Il avait conduire, Jean-Marc, une énergie débordante, quoi qu’il fasse », résume Amélie Beyries, qui partage la direction artistique du spectacle avec Alex Vallée, l’aîné des deux fils Vallée (l’autre étant Émile). « Je l’ai connu au travail, je l’ai connu lors de ses soirées. Quand Jean-Marc entrait quelque part, on le savait. Il était rarement fatigué. »

Comment un homme qui ne se fatigue jamais peut-il mourir ? « À vrai dire, la seule fois où je l’ai trouvé un peu affaibli, c’était récemment. Mais pas de quoi prédire une fin aussi brutale, loin de là. »

Beyries participera au spectacle, en compagnie de Maxime Le Flaguais, Pierre-Luc Brillant, Elisapie, Alexandra Stréliski, Martha Wainwright, Pilou, Patrick Watson et les Petits Chanteurs du Mont-Royal. Une quinzaine de musiciens et chanteurs, emmenés par Jean-Phi Goncalves, ne seront pas de trop pour la vaste palette de couleurs du mixtapes par le très électrique Jean-Marc Vallée.

« Nous avons été voisins pendant quelques années », souligne Goncalves. « Sa passion pour la musique était évidente et contagieuse. Il en savait et consommait bien plus que moi et que beaucoup de personnes de mon entourage musical. mixtapes, on a vite compris à son contact, éternellement empreint d’enthousiasme, qu’il s’agissait à la fois d’offrandes et de terrain d’essai. « J’étais en quelque sorte le cobaye dans ses montages. A travers ses tests, j’ai découvert Leon Bridges, Michael Kiwanuka, The Acid, Alexandra Stréliski avant que ça n’explose, un morceau inachevé de Half Moon Run, etc. »

Un karaoké d’émotions fortes

Ce spectacle n’ira pas aussi loin que ceux-ci mixtapes : la palette est trop diversifiée. Et il est impossible d’ignorer le Bizarrerie spatiale par Bowie, inimaginable de ne pas inviter une putative Patsy Cline à la soirée. « Jean-Marc aimait toutes sortes de chansons, avoue volontiers Alex Vallée. La musique est le langage des émotions. Est-ce que vous l’aimez ou vous ne l’aimez pas ? »

Mais une fois qu’on l’a aimé au point que les scènes de films sont désormais étroitement collées aux chansons pour la vie, même les chansons qui avaient jusque-là leur propre indépendance, on ne peut plus les séparer complètement. ” LE mixtape que nous allons proposer, c’est un éclaboussure des airs qui nous font penser à cette personne. Pas comme un DJ-setdisons », dit Goncalves.

En vérité, le DJ-set est préliminaire. Jean-Marc Vallée vient de là : son père était à la discothèque de la populaire radio CKAC, le gamin des années 1960 a grandi dans les rangs des 45 et 33 ans. La radio de cette époque mélangeait allègrement le yéyé, la dance music, la Motown, la country et le western, la grande chanson française, la pop britannique et, au fil de la décennie, le bubblegum des Archies et le psychédélisme florissant d’un Bowie.

” Sur un mixtape, il a déjà incarné Iron Maiden et Ferré. Et ça a marché ! Tous rebelles ! David Bowie était un complètement « artiste »FOU». Les liens sont partout, quand on y pense », affirme Maxime Le Flaguais.

Le génie de la juxtaposition

Le Flaguais rit doucement. Il pense à l’ami disparu, toujours présent. Là mixtape comme sa propre création. « Pour ma part, dire les paroles d’Aznavour sur une musique de Sigur Rós peut nous aider à saisir la profondeur de l’intelligence de Jean-Marc. Il était capable de superposer des éléments artistiques qui semblaient incompatibles et de nous amener à réfléchir sur des dimensions inconnues de l’art et de nous-mêmes, tant en tant qu’individus qu’en tant que société. »

Alex Vallée dit : « Je garde un excellent souvenir de mon père qui nous emmenait, mon frère Émile et moi, au Honduras pour obtenir nos cartes de plongée. Un soir, après une bonne journée sous l’eau, nous sommes allés manger au restaurant station balnéaire, qui avait installé une station de karaoké pour les clients. Évidemment, personne ne l’utilisait. C’est alors que Jean-Marc lance le bal pour le reste des invités avec un Restons ensemble d’Al Green. »

C’est tout Jean-Marc Vallée : une envie irrépressible de vivre la musique ET une potentielle scène cinématographique. La musique est le plus souvent le déclencheur, mais le cinéma n’est jamais loin. Là mixtape, en cela, le représente complètement. Pour Jean-Marc Vallée, tout est rythme, tout est montage. Tout est connecté ; tout nourrit l’émotion. Avec la bonne musique, vous pouvez tout exprimer. Et quand on en est conscient, on peut aller très loin et très haut.

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Pierre-Luc Brillant témoigne : le cinéaste le savait. « Une des premières fois que j’ai rencontré Jean-Marc, c’était pour parler du personnage de Raymond dans FOU Entre autres choses, il m’a fait écouter plusieurs chansons qui allaient faire partie du film. Rien qu’en entendant cette superbe pré-bande originale, je savais que j’allais jouer dans un très bon film. Mais je n’ai pas eu à garder longtemps cette impression pour moi, car Jean-Marc m’a immédiatement sorti de ma rêverie en me disant : « Êtes-vous conscient que ce film va marquer l’histoire du cinéma québécois ? Pourquoi jouer à la « fausse pudeur » quand on a des talents de clairvoyant… ? »

Entendre et voir

Le spectacle pourrait être vécu les yeux fermés. La scénographie de Mathieu Roy vaudra certes le détour, mais nous serions néanmoins en présence du génie créateur de l’homme. Cela se passe dans la tête. Elisapie le dit bien : « Il avait ce don de fédérer artistes et amis autour de projets artistiques fantastiques, et aujourd’hui, c’est cette amitié pour lui qui nous rassemble autour de ces chansons. C’est probablement l’amour et l’amitié qui donneront une direction à ce spectacle et créeront une cohérence artistique. » C’est ce que Jean-Marc Vallée a toujours voulu des soirées qu’il organisait. «On le dit souvent, mais c’est vrai», ajoute Beyries. Son rêve était d’être une rock star. »

C’est le but de cet hommage. Allez au bout du rêve fou d’un homme beau, excessif et brillant. Tout le monde va mélanger Mixtape de l’accorder.

Mixtape. Un hommage musical à Jean-Marc Vallée

À la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts, le jeudi 27 juin, à 19 h 30

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