« Il y a un risque de ne pas partir » – Actualités

« Il y a un risque de ne pas partir » – Actualités
« Il y a un risque de ne pas partir » – Actualités

Le Komugi-Grand Est est en danger, au moins pour l’année 2025. Le Continental Féminin a perdu son sponsor principal, à savoir Komugi, et la balance est donc menacée de repartir en Continental l’année prochaine, puisque l’idée d’un statut ProTeam a été abandonné. Si le budget à trouver pour partir n’est pas colossal, la décision devrait être prise dans les deux prochaines semaines pour le président Laurent Goglione et son équipe. En attendant, ses coureurs sont libérés depuis plusieurs semaines. Si l’équipe ne repart pas, cela devrait néanmoins être le temps d’une saison, avec l’idée de se relancer avec un plus gros projet en 2026. Au micro de DirectVéloLaurent Goglione a expliqué la situation.

DirectVelo : Quelle est la situation cet hiver ?
Laurent Goglione : Nous attendons, car Komugi ne partira pas. On cherche un sponsor, on était sur deux ou trois grosses pistes, mais il y a un risque de ne pas partir. Nous cherchons vraiment. Nous avons également demandé un peu de délai. On avait relâché les filles parce que je ne voulais pas qu’elles se retrouvent sans rien si ça ne recommençait pas, je voulais que ce soit propre. C’est aussi une belle promotion à St-Michel pour Ségolène Thomas. Que ce soit en données ou en performances, il a quelque chose. Elle est l’une des meilleures grimpeuses de pour l’avenir, elle est dans un haut classement en Europe. Sur des courses difficiles avec des arrivées cahoteuses comme dans les Pyrénées et en Ardèche, il sera au rendez-vous.

Quel est l’état d’esprit actuellement ?
Je suis un peu triste de voir que certains ne sont pas revenus, je pense notamment à Victoire (Joncheray) qui a fait une bonne saison régulière, avec pas mal de points UCI au passage. Elle pourrait être une excellente coéquipière dans une grande équipe. Cela me surprend, peut-être qu’elle est passée inaperçue. En tout cas ce n’est pas mérité. C’est un peu différent pour Laury Milette, mais elle méritait de se concentrer sur son cas (elle a souscrit à KDM-Pack, NDLR). Mais les filles sont libres. Beaucoup sont en attente, le nombre d’équipes disparaissant. Les conditions économiques sont compliquées en France. On le voit en N1 chez les hommes, et chez les filles sur les statuts Conti. Cela double le budget par rapport à une équipe étrangère. Alors quand on voit que les étrangers s’arrêtent sans ces conditions… En France, en dessous de 500 000 € en argent réel, on ne part pas. Nous ne les avons pas. Je ne prends donc pas de risque.

« C’EST TROUVABLE, MAIS C’EST COMPLIQUÉ »

Quand la décision sera-t-elle prise ?
Dans les deux prochaines semaines, ce sera crucial. J’attends des réponses. Si cela ne se produisait pas, nous pourrions avoir une année blanche. J’ai un grand soutien, David Roux, qui est l’un des parrains de l’équipe et qui m’accompagne depuis le début. Il veut continuer à faire la vie. L’idée c’est aussi de se dire que si on se met en veille pour trouver quelque chose dans l’année, on le fera. Nous sommes sur deux ou trois gros succès pour 2026, qui auraient dû se concrétiser en 2025 en fait. Ce n’est pas ce que j’aime le plus, car perdre une saison, ce n’est pas agréable. Le staff n’a plus de travail donc vous le perdez, les coureurs pareil. Vous avez construit des choses… Nous faisons tout pour repartir, il manque actuellement 100 000 €. C’est trouvable, mais c’est compliqué vu la situation.

Et si l’équipe part, n’est-il pas tard pour tout boucler pour 2025 ?
L’entreprise est créée depuis deux ans, la structure de base est durable et restera au cas où. On sait qu’on peut repartir avec le staff puisqu’ils sont payés jusqu’au 31 décembre. Les filles, il y en a beaucoup sur le marché, dont les nôtres qui n’ont plus changé. Même si on part avec huit filles, on en aura quatre ou cinq de chez nous, on aura quelques filles déçues qui ne sont pas venues, etc. Je pense que vu la densité de filles en Europe, ce n’est pas difficile de monter une équipe. Le contrat avec le Grand Est est renouvelé, nos partenariats sont établis. On n’est pas à la rue, on n’a pas assez de cash, sinon ça va bien. Tout ne sera pas simple, nous serons une équipe qui part tard, nous n’avons pas réservé le stage, pas les maillots etc. Peut-être qu’on ne commencera qu’en mars, mais on finira plus tard.

“EN AOÛT NOUS AVONS DIT À L’UCI QUE NOUS ARRÊTONS L’IDÉE DE PROTEAM”

L’idée de ProTeam tombe donc également à l’eau pour le moment…
Nous avions oublié, financièrement nous n’en étions pas capables. Nous avons le budget lui-même, avec 800 000 €, c’est suffisant en ProTeam. Mais les garanties bancaires viennent vite vous alourdir. Ils demandent un pourcentage de masse salariale bloqué sur un compte. Cela représente environ 130 à 150 000 €. Du coup, en les enlevant, ça pique. Nous ne pouvions pas faire ça. Je ne pouvais pas retirer cela de mon budget, le verrouiller sur un compte et ne pas l’utiliser. En plus, c’est peut-être une excuse facile après coup, mais peut-être que nous n’étions pas assez matures non plus. En termes de performances, nous avons fait une saison moyenne. Nous n’avons pas explosé, nous n’avons pas gagné de grandes courses. Nous devions encore apprendre. Il faut être une entreprise mature, également d’un point de vue administratif. On avait déjà eu du mal à créer l’entreprise, les contrats, les mutuelles, les caisses de retraite, la santé au travail… J’ai appris ça en un an. Avec Lucas (Leblond) on s’est dit que ce n’était peut-être pas si mal de faire une année de plus à Conti. Nous sommes entrés dans le jeu en juin et en août nous avons dit à l’UCI que nous arrêtions le projet ProTeam.

Le grand objectif de participer au Tour s’assombrit avec…
Cela complique les choses, même s’il restera une fenêtre de tir. Les ProTeams françaises d’aujourd’hui sont déjà sur le Tour. Même avec les étrangers, ils étaient déjà globalement là. Il y aura peut-être une place ou deux pour le meilleur Conti. On était super déçus de ne pas être là cette année, c’était en Lorraine, on a tenu bon, une Ségolène (Thomas) aurait pu être performante en montagne. Cela ne nous a pas aidé avec les sponsors. Maintenant c’est une autre approche, on discute avec un sponsor en lui disant qu’on part sur un cycle de trois ans, avec une année Conti, une année ProTeam, et le Tour en troisième année. Et si nous ne revenons qu’en 2026, nous postulerons probablement directement.

« PEUT-ÊTRE LE BON MOMENT POUR VOUS RÉINVENTER »

Autre aspect, les organisations vont également changer, avec le Tour de la Mirabelle qui se déroule sur une journée…
Avec Team Macadam’s et Mirabelles Organisations, nous avons tenté de nous réinventer. Nous avons fait un constat au cours des deux dernières années. Nous avons eu un problème de calendrier en mai. Nous étions dans un calendrier urbain festif qui ne nous convenait pas. Toutes les villes ont leurs foires, brocantes, festivals. Quand il faut bloquer, prévoir un parking, etc., c’est parfois chiant (sourire). C’était de pire en pire. Et sportivement, nous avons eu du mal à agrandir le plateau, avec la Mayenne, le Tour de Norvège, les Alpes Isère etc. Nous avons un nombre monstrueux de concurrents. Le troisième point, c’est qu’en termes de partenariats, nous avons eu du mal à rentabiliser notre investissement. Nous ne pouvons pas dépasser la télévision. Il faudrait passer de 2,2 à 2,1. Sur quatre jours, c’est 200-250 000 €. Nous ne pouvons pas nous le permettre. En parallèle, on a la Mirabelle Cyclosportive qui explose. Cela devient une belle et grande cyclosportive. Il y a un côté populaire qui nous convient bien. Pour la Mirabelle Classic, nous avons souhaité la faire évoluer en Classe 2 pour que nos filles puissent être au départ.

Ces trois événements sont désormais regroupés en un seul et même week-end, du 26 au 28 septembre…
On a pensé au système belge, avec vendredi les hommes, samedi les filles, et dimanche les populaires, on est sur les trois tableaux. On peut avoir les mêmes départs, des arrivées importantes, un point de passage identique sur les itinéraires, etc. Nous avons une idée en tête avec Cédric Delandre, qui est mon partenaire d’organisation. Si on met des tirages de bières, des spectacles, des activités etc. au sommet de la colline de Sion, à l’Alpe d’Huez en Lorraine (sourire), tous les parcours pourront y aller, on pourra même y faire monter les filles. Les partenaires aiment ça car ils communiquent sur trois styles différents, trois Classiques. Nous souhaitons être une semaine avant le Championnat du monde, même si ce ne sera pas en 2025. Cela permet à certaines équipes de dupliquer également les équipes féminines et masculines. Et peut-être qu’il y aurait un moyen de trouver des gens pour payer pour la télévision, ce serait l’idée. C’est peut-être le bon moment pour vous réinventer.

 
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