Selon deux études, le Covid affecte les fonctions cognitives jusqu’à un an après l’infection

Selon deux études, le Covid affecte les fonctions cognitives jusqu’à un an après l’infection
Selon deux études, le Covid affecte les fonctions cognitives jusqu’à un an après l’infection
Nouvelles

Publié le 10/07/2024 à 17h30
mis à jour sur 10/07/2024 à 17h30

Conférence 3 min.



Éric Caumes
(Infectiologue)

Près de 5 ans après l’apparition du Covid, on en apprend encore un peu plus sur ses effets. Deux études publiées à quelques jours d’intervalle confirment l’impact du virus sur les fonctions cognitives, quel que soit l’âge des patients.

Existe-t-il un lien entre attraper le Covid et un affaiblissement de ses fonctions cognitives ? Deux études récemment publiées apportent un peu plus d’informations sur les effets d’une infection.

Deux études réalisées sur des personnes d’âges différents

Une première étude, publiée dans la revue scientifique Médecine naturelle le 23 septembre, a suivi 351 patients âgés de 54 ans en moyenne, un an après leur hospitalisation pour une forme grave du Covid. Ils ont été comparés à 2 927 personnes dites « témoins ». « Nous avons testé leurs capacités cognitives, prélevé des échantillons de sang et réalisé des scanners cérébraux », explique Greta Wood, auteur principal de cette étude sur X.

La seconde, publiée cette fois dans La Lancette début octobre, axé sur « 34 bénévoles » âgés de 18 à 30 ans qui ont reçu une dose de SARS-CoV-2 et dont dix-huit ont développé une infection. “Les volontaires ont effectué des mesures physiologiques quotidiennes et des tâches cognitives informatisées pour examiner les différences entre les individus « infectés » et ceux « inoculés », mais non infectés. indique l’étude. Leur mémoire et leur attention ont notamment été évaluées.

Capacités cognitives réduites à tout âge

Que nous apprennent ces deux études ? Celle réalisée sur les seniors est plutôt claire : «Un an après le Covid-19, les déficits cognitifs mesurés étaient équivalents à un vieillissement de 20 ans » du cerveau, annonce Greta Wood. C’est-à-dire qu’une femme de 50 ans démontrait des capacités cognitives correspondant à celles “d’une personne de 70 ans”.

En plus des tests, l’équipe a également détecté la présence de marqueurs de lésions cérébrales dans le sang. Les scanners cérébraux, quant à eux, ont révélé un « réduction du volume de matière grise» dans le cortex cingulaire antérieur, une région « qui joue sur la cognition, l’attention et l’émotion ». Heureusement, une tendance à la reprise est également détectée.

Du côté des plus jeunes, les conséquences sont moins drastiques. Néanmoins, une différence dans les capacités cognitives est apparue chez les personnes témoins. “Les volontaires infectés ont montré des résultats aux tests cognitifs statistiquement inférieurs à ceux des volontaires non infectés. indique l’étude. “La réduction de la précision de mémoire et la fonction exécutive sont les principaux facteurs contribuant à la diminution des scores après infection »écrivent les auteurs, précisant toutefois que le constat reste « léger ».

La raison n’est pas encore connue

Si ces deux études en confirment d’autres mettant déjà en avant cet effet (comme celle de l’Inserm, en 2023), les causes de ces attaques demeurent toujours.“flou” aujourd’huiécrivent les chercheurs dans La Lancette. Quel est le mécanisme en jeu ? Comment les capacités cognitives sont-elles affectées par le virus ? Dans un article publié le 4 octobre Le monde évoque plusieurs hypothèses : « inflammation cérébrale prolongée, destruction ou blocage des microvaisseaux, persistance virale à très bas niveau dans le cerveau, processus auto-immun »… Des études complémentaires devront être menées pour le savoir plus précisément.

Ces études contiennent également des biais, selon un infectiologue

Si les études menées sur le Covid tentent peu à peu d’en éclaircir les conséquences, le professeur Eric Caumes, infectiologue contacté par Doctissimo, ne saute pas de joie à la lecture de ces deux dernières qu’il juge incomplètes.

« Pour l’article de Nature, il y a un problème méthodologique, à mon avis, puisqu’il n’y a pas de groupe témoin, donc on ne peut pas vraiment tirer de conclusions sans placer ces participants devant d’autres personnes hospitalisées pour d’autres infections respiratoires. De plus, certaines personnes étudiées souffraient d’encéphalopathie. Or, on sait déjà que le Covid provoque des encéphalites. Il n’est donc pas très surprenant de constater que les patients ne se sont pas encore rétablis. La bonne nouvelle, c’est qu’il y a une reprise !

La deuxième étude n’échappe pas non plus à son scepticisme.

«C’est plus intéressant, car il y a là un groupe témoin. Mais on parle d’un groupe trop restreint (18 patients d’un côté et 16 qui ne le sont pas) pour tirer des conclusions. De plus, ce sont des personnes spécialement vaccinées avec le virus, ce qui pose un gros problème éthique pour une maladie qui n’a pas de traitement et qui pose un biais cognitif : ces participants savaient qu’ils allaient être malades, et s’attendaient à rencontrer des problèmes. et à étudier.

Des conditions qui, selon lui, ne permettent pas d’éclairer suffisamment à ce stade de la recherche.

 
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