Qui seront les boucs émissaires des incendies qui ravagent Los Angeles (Californie) depuis une semaine ? Ne vous inquiétez pas, la droite américaine a apparemment déjà trouvé la réponse à cette question. Spoiler : ce n’est pas vraiment surprenant.
Le chef des pompiers de Los Angeles est rapidement devenu la cible des médias et influenceurs trumpistes face aux incendies qui continuent de ravager la ville. Pour cause, cette femme, âgée de 22 ans, est la première personne ouvertement homosexuelle à occuper ce poste.
Elon Musk a relayé des captures d’écran de messages affirmant : «Ils ont donné la priorité au DEI [pour diversité, équité et inclusion, soit les trois grands principes des programmes de lutte contre les discriminations aux États-Unis, ndlr] plutôt que de sauver des vies. Un discours qui vire à la caricature, mais qui permet à cette frange politique de désigner immédiatement les coupables à ses yeux, comme l’indique le média américain NPR.
Abonnez-vous gratuitement à la newsletter Slate !Les articles sont sélectionnés pour vous, en fonction de vos centres d’intérêt, chaque jour dans votre boîte mail.
Charlie Kirk, fondateur de l’association Turning Point USA, proche des milieux trumpistes, arguait : « Lorsque vous concentrez vos efforts sur la diversité, l’équité, l’inclusion, les projets fétiches LGBT+ et que vous êtes acculé par les écologistes, nous vous prévenons depuis des années des dangers que cela présente. »
Ce discours est devenu un refrain bien connu outre-Atlantique. Les programmes DEI, comme on les appelle aux États-Unis, deviennent la cible des cercles de droite et réactionnaires lorsqu’un dysfonctionnement notable survient dans la société américaine. À l’été 2024, c’était déjà le cas lorsque Donald Trump échappait de peu à une tentative d’assassinat. Les services secrets, chargés de protéger les présidents américains, ont immédiatement été critiqués pour la dimension égalitaire et sociale qu’ils présentent.
Les programmes DEI dans le viseur du discours réactionnaire
La société américaine est, depuis plusieurs décennies, en proie à d’importants changements systémiques. La lutte contre les inégalités, notamment raciales, a permis aux personnes non blanches de connaître une avancée sociale notable. Depuis, « Nous constatons continuellement des tentatives visant à attiser un ressentiment latent contre des groupes qui ont toujours été marginalisé socialement”, explique Ian Haney López, professeur de droit à l’Université de Californie à Berkeley.
Les programmes DEI, en mettant l’accent sur l’inclusion, auraient remis en question l’excellence de la société américaine. C’est en tout cas la perception de la droite américaine sur ce sujet. Désormais, les personnes occupant des postes à responsabilité ne seront plus nommées pour leurs compétences, mais pour leur appartenance à un certain milieu social ou pour leur appartenance ethnique.
Cette logique permet également d’éviter d’être confronté dans sa globalité à des problèmes plus graves. Aux Etats-Unis, les incendies de forêts deviennent de plus en plus violents. Mais à travers cette rhétorique réactionnaire, l’influence du réchauffement climatique est minimisée.
Lily Zheng, consultante DEI depuis une dizaine d’années, trouve une explication à ce raisonnement avancé par la droite américaine. « Prenez une idée progressiste –idéalement une idée qui n’est pas bien comprise– et le discréditer en l’associant à tout ce qui est mauvais. Ce n’est pas américain. C’est anti-méritocratique. C’est maléfique. » C’est tout, c’est tout. Si cette réflexion peut paraître primaire, elle est, d’un point de vue politique, diablement efficace.
