“Faire m’aimer mes personnages, même les plus imparfaits”

“Faire m’aimer mes personnages, même les plus imparfaits”
“Faire m’aimer mes personnages, même les plus imparfaits”

DFilm après film, Franck Dubosc s’impose comme l’un des meilleurs réalisateurs de comédie en . Mieux encore, son « Les nôtres dans le Jura » est pensé pour commencer l’année dans la bonne humeur. Loin du soleil du maladroit “Camping”, il situe son action dans une ville enneigée et donne à son long métrage une touche de thriller qui n’est pas sans rappeler “Fargo” des frères Coen. Tout change en effet à l’approche de Noël lorsque Michel (joué par le chef de projet), en évitant un ours, provoque un accident provoquant la mort de deux voyous… et leur vole leur mallette pleine d’argent. Reste désormais à établir un plan avec sa femme (Laure Calamy) pour ne pas se faire prendre et ne pas éveiller les soupçons du policier local (Benoît Poelvoorde).

Une œuvre chorale, qui derrière son humour caustique parle avant tout du couple et de la difficulté de trouver le véritable désir après des années de vie commune. Fidèle à lui-même, Franck Dubosc injecte une certaine tendresse dans ses personnages, pour un résultat drôle, vivant… et plein de petites idées de mise en scène. Excellent divertissement.

Franck Dubosc qui livre une comédie cinglante dans la veine de « Fargo ». Un terrain de jeu sur lequel on ne vous attendait pas. L’envie de surprendre le public ?

Peut-être l’envie de me surprendre… mais pas le public ! Si j’avais écrit ou réalisé dans ce sens, j’aurais probablement raté ce que je voulais faire. Mon objectif était de maîtriser l’histoire, pas de rentrer dans un genre précis. D’ailleurs si le genre n’existe pas, tant mieux. Cela n’est pas sans rappeler mes débuts en tant que one-man show : je faisais ce qui me concernait, sans chercher à rentrer dans un cadre précis.

Je voulais que des talents soient reconnus pour leur jeu et non pour leur potentiel comique. »

Le ton, une ville enneigée, un petit côté thriller… Savez-vous cependant qu’on peut faire une comparaison avec le film des frères Coen ?

On m’a fait remarquer à la fin de l’écriture que cela me rappelait les frères Coen… mais avant ça, ce n’était pas intentionnel. J’avais vu “Fargo” il y a longtemps et je ne me souvenais que vaguement de l’histoire. On m’a aussi conseillé de découvrir « A Simple Plan » de Sam Raimi, que je ne connaissais pas. (Re)voir ces films a simplement confirmé mon affection pour ce type de cinéma. Cependant, je n’ai pas essayé de les copier. Cela aurait été une mauvaise idée, car même s’ils restent excellents, ils ont plus de trente ans et « Un ours dans le Jura » aurait semblé démodé.

Votre film se distingue par une certaine tendresse et une absence de cynisme. Vous trouvez toujours un moyen de sauvegarder ou de racheter vos personnages… Peut-être que c’est là, la patte Dubosc ?

Absolument. Je veux que les gens aiment mes personnages, même les plus imparfaits. Cela vient probablement d’un besoin personnel de montrer qu’on peut aller au-delà des apparences. Dans mes films, je transmets cela inconsciemment.


Michel (Franck Dubosc) et Cathy (Laure Calamy), couple usé par le temps et les difficultés financières, ne se parlent plus vraiment. La découverte de deux millions d’euros va changer la donne.

Julien Panié/Gaumont

Depuis votre premier long métrage « Everybody Stand Up », on sent une envie d’aborder des thèmes profonds lorsque l’on passe derrière la caméra…

C’est vrai. Avec mes films, j’ai l’opportunité de m’y investir davantage. Dans «Everybody Stand Up», j’ai construit certaines scènes comme des sortes de wagons, pour transporter le public de l’humour auquel je l’avais habitué à l’émotion. Dans mes spectacles, je commence toujours par écrire la fin, souvent émouvante, comme une lettre que j’envoie à ma mère. C’est cette part de moi que je souhaite transmettre.

À l’écriture, comment parvenez-vous à insérer des moments drôles tout en développant l’intrigue ?

Parfois, j’ai des scènes ou des idées de gags en tête avant même de connaître l’intrigue. Par exemple, pour la scène où la jeune fille est interrogée et son père policier est derrière et entend des choses incongrues, j’ai eu l’idée avant de regarder le scénario. Ensuite, je travaille avec deux tableaux, avec des notes sur l’histoire d’un côté et des croquis de l’autre, que j’intègre progressivement. Avec ma co-auteure, Sarah Kaminski, nous construisons le tout comme un puzzle.

Comment avez-vous organisé le casting et pensé notamment à Laure Calamy pour incarner votre femme ?

Je voulais sortir de mon cercle habituel. A part Christophe Canard qui joue le curé, j’ai pris des acteurs avec lesquels je n’avais aucune affinité personnelle. Je voulais que les talents soient reconnus pour leur jeu d’acteur et non pour leur potentiel comique. C’était plus difficile car il fallait gagner leur confiance, mais au final ça valait le coup !

« Un ours dans le Jura », de Franck Dubosc et Sarah Kaminsky, avec Laure Calamy, Franck Dubosc, Benoît Poelvoorde. Durée : 1 heure 52 minutes. Sortie en salles le mercredi 1erest Janvier.

 
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