“Je ne veux pas dire merci d’être là”, affirme un conseiller municipal : au conseil départemental de Mayotte, Emmanuel Macron a eu un échange houleux jeudi avec les élus de Mahor, qui l’ont interrogé après le passage dévastateur de Cyclone Chido.
En pleine séance, Houdjati Hairati, conseiller municipal, se lève pour dire au président que c’est son « devoir » d’être venu dans l’archipel français de l’océan Indien. “Nous ne faisons pas d’humanitaire, nous ne sommes pas en Palestine”, dit-elle, chaleureusement applaudie, tandis que le chef de l’Etat détaille le plan d’approvisionnement en eau et en nourriture, qui doit parvenir à toutes les communes du département le plus pauvre de France “d’ici dimanche soir”. au plus tard”.
« Pas des mendiants »
Autour de la grande table ronde, dans une salle aux murs de briques noires, élus et acteurs de la société civile prennent tour à tour la parole. Chaque intervention est plus musclée, et le public applaudit plus fort. Les Mahorais ne sont « pas des mendiants », disent certains.
« Nous devons agir immédiatement pour éviter de retomber dans un cercle vicieux. Il faut interdire la reconstruction des bidonvilles », plaide le maire de Mamoudzou, chef-lieu du département, Ambdilwahedou Soumaila, soulignant que « cette tragédie » n’était « malheureusement pas une surprise ».
Un représentant du Medef local réclame un « plan Marshall », comparant le territoire post-cyclone à une « zone de guerre ». Un autre intervenant évoque « trois urgences vitales » : « manger, boire et avoir l’électricité ».
La promesse d’une « loi spéciale »
Face aux questions et à l’impatience, Emmanuel Macron tente de répondre, s’agace parfois. « Ne gaspillez pas d’énergie en parlant du passé conditionnel, parlez uniquement du présent et du futur », dit-il.
“La France a été frappée par un cyclone sans précédent”, “avec une violence sans précédent”, souligne le président. Cette situation “intervient également dans un contexte de crises multiples”, après le Covid, le choléra, et “des difficultés économiques et sociales également liées à la pression migratoire”, ajoute-t-il.
VidéoEmmanuel Macron veut « reconstruire » Mayotte, tout en luttant « contre l’immigration clandestine »
Il reprend alors le fil de ses annonces, la salle se calme. Pour accélérer la reconstruction, promet-il, une « loi spéciale » permettra de « déroger aux règles », citant l’exemple de l’organisation des Jeux olympiques ou du chantier de reconstruction de Notre-Dame.