Les députés du Bundestag ont retiré lundi leur confiance au chancelier social-démocrate allemand Olaf Scholz. Sans majorité parlementaire depuis plus d’un mois, la chancelière avait posé cette question de confiance aux députés du Bundestag, dans le but de la perdre et de lancer la procédure officielle d’élections anticipées.
Olaf Scholz a demandé au chef de l’Etat Frank-Walter Steimeier (SPD) de dissoudre le Bundestag afin de permettre le vote du 23 février dans la plus grande économie européenne. Le président dispose désormais de 21 jours pour décider s’il doit convoquer de nouvelles élections législatives dans un délai de 60 jours.
La question « fondamentale » du cap à suivre
Evénement rare dans l’histoire politique de l’Allemagne, cette procédure permettra de demander aux “électeurs” de se prononcer sur la question “fondamentale” de la marche à suivre pour le pays aux prises avec une grave crise économique, a défendu lundi le leader social-démocrate. .
Le résultat est conforme à l’objectif : parmi les députés présents, 394 ont voté contre la confiance tandis que 207 ont voté pour, avec 116 abstentions. Le chancelier sourit à cette annonce et se tourna vers son vice-chancelier, l’écologiste Robert Habeck, pour lui serrer la main.
Début novembre, la coalition gouvernementale a été brisée en raison de profondes divergences entre les sociaux-démocrates du SPD et les écologistes d’une part et les libéraux (FDP) du ministre des Finances Christian Lindner d’autre part. Ces derniers réclamaient notamment la fin de la « taxe de solidarité » instaurée en 1991, initialement pour financer le coût de la réunification. Il souhaite également que l’Allemagne abandonne les objectifs climatiques plus ambitieux que ceux fixés par l’Union européenne.
Un bilan de trois ans au pouvoir
Ce lundi, le débat sur ce vote parlementaire s’est tourné vers un bilan des trois années passées au pouvoir par le leader social-démocrate. “Vous aviez votre chance, vous ne l’avez pas saisie”, a déclaré Friedrich Merz, chef du camp conservateur CDU/CSU et favori pour remplacer Scholz à la tête du pays.
Les questions économiques et sociales ont dominé les débats, reflétant la campagne électorale déjà largement en cours dans le pays. Friedrich Merz a accusé Olaf Scholz d’avoir laissé le pays « dans l’une des pires crises économiques de l’après-guerre ».
Menacée d’une deuxième récession annuelle consécutive, l’Allemagne fait face à une remise en question de son modèle industriel et s’inquiète des répercussions sur ses exportations de l’élection de Donald Trump.
Berlin moins endetté que la plupart des pays du G7
Olaf Scholz s’est présenté comme le champion d’un État social protecteur des plus vulnérables et des investissements d’avenir pour garantir la prospérité de la première économie européenne.
De cette question des investissements “tout le reste dépend, notre sécurité, notre prospérité future, la compétitivité de notre économie, le bon emploi et la bonne formation, et enfin la cohésion sociale du pays”, a-t-il jugé. La question est centrale dans le domaine de la défense où le pays a besoin d’« investissements massifs » dans le contexte de la guerre d’agression russe en Ukraine.
“S’il y a un pays au monde qui peut se permettre d’investir dans l’avenir, c’est bien nous”, a-t-il insisté, soulignant que la dette de l’Allemagne avoisinait les 60 % du PIB alors qu’elle dépasse les 100 % dans la plupart des autres pays du G7.
Le chancelier candidat à sa réélection
Malgré son impopularité chronique, l’imperturbable leader veut croire en ses chances d’un second mandat. A ce stade, les sondages lui donnent peu d’espoir et l’Allemagne se dirige vers une alternance politique avec le camp conservateur CDU/CSU mené par Friedrich Merz largement vainqueur, avec 30 à 33% d’intentions de vote.
Le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) est crédité de 17 à 19,5%, mais les autres partis excluent toute coopération avec lui. Le SPD (parti social-démocrate) recueillerait 15 à 17 % des suffrages, les Verts 11,5 à 14 %.
Mais le chancelier a déjà prouvé sa capacité à déjouer les pronostics en remportant les élections de 2021, contre toute attente. Et il veut renouveler la performance en rassurant par son expérience dans un contexte géopolitique mondial tourmenté et plongé dans l’inconnu par l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche.
Les sociaux-démocrates ne perdent pas une occasion de souligner l’inexpérience de Friedrich Merz, autrefois mis sur la touche par l’ancienne chancelière Angela Merkel (2005-2021) et qui n’a jamais occupé de poste ministériel ni de maire.