Le compte à rebours est lancé : un Premier ministre sera nommé jeudi 12 décembre au soir. C’est du moins l’objectif qu’Emmanuel Macron lui-même s’est fixé mardi lors de la table ronde avec les partis prêts au moins à ne pas censurer le prochain chef du gouvernement. Cependant, cela prend évidemment un peu plus de - que prévu…
Pourtant, mercredi, les cartes semblaient jouées : François Bayrou est le grand favori. L’Élysée espérait même une annonce en fin de journée. Mais c’est un classique, le vent a tourné. La colonne des arguments pour ne pas nommer l’allié de toujours est soudain apparue plus longue que celle des bonnes raisons de l’appeler à Matignon.
François Bayrou a renversé la campagne lors de la première course d’Emmanuel Macron à l’Elysée : c’est «aussi 2017« . S’il a toujours eu l’oreille du Président, celui qui a déjeuné avec lui au lendemain de la censure du gouvernement Barnier et qui l’a reçu en face avant le grand rendez-vous de mardi, a trop mal caché qu’il allait être l’élu. Pourtant, le maire de Pau dit ce qu’il pense, il pèse. Et si sa personnalité n’était pas trop écrasante pour le président, se demandent les macronistes, ultra favoris de Matignon. “Son nom”c’est trop dans l’atmosphère» : «Ce ne sera pas lui», assure un conseiller d’Emmanuel Macron. Et puis, “Sarkozy l’a tué. Menu haché», se moque un autre.
Et c’est ainsi, au moins pour un certain -, que nous cessons d’être l’homme de la situation. Pourtant, la roue n’a pas fini de tourner pour le patron du MoDem, mais la situation se complique, surtout quand, en plus, la gauche veut toujours un Premier ministre vraiment de gauche, et que la droite continue de vous détester parce que vous avez refusé de voter pour Nicolas Sarkozy au second tour en 2007 et vous avez appelé François Hollande à voter en 2012…
Si l’allié historique d’Emmanuel Macron a pu «un statut à part »selon un ministre, cela a été fait »manipuler», jure un interlocuteur du président qui «lui a faussement promis le poste ». D’autres noms circulent : Sébastien Lecornu, Xavier Bertrand… »Le président prépare une surprise», affirme un macroniste. Et c’est donc l’option Bernard Cazeneuve qui monte en flèche, car il est «le seul qui peut maintenir un Bruno Retailleau au gouvernement tout en faisant venir des socialistes», plaide un partisan du scénario. “Parce qu’il aura l’humilité de ne rien faire d’autre que gouverner», confie l’un des amis de l’ancien Premier ministre de François Hollande.
Bernard Cazeneuve avait pourtant été écarté au profit de Michel Barnier en septembre dernier. “Au point où nous en sommes, cela n’aurait qu’un petit effet”, apporte son soutien alors qu’Emmanuel Macron »aime surprendre», rappelle un proche du président… qui n’exclut pas de le voir nommer quelqu’un dont le nom n’a jamais circulé.
Mercredi, alors que tout le monde trépignait dans tous les camps, Emmanuel Macron déjeunait avec ses partisans au Sénat : un président « riant et spontané »rapporte un invité, qui raconte avoir même joué sur le suspense en reprenant ceux qui évoquaient « le » prochain Premier ministre : «le… ou le», s’est moqué le chef de l’Etat.
En attendant, Emmanuel Macron »jouez au petit maître de l’horloge »selon un député. Il décolle jeudi matin pour Varsovie, en Pologne, et arrive un peu avant midi. A 16 heures, il visite le Musée de l’Insurrection. Sa garde rapprochée mise sur une annonce « plutôt sur le chemin du retour ». “C’est sa dernière chance de nommer quelqu’un qui puisse tenir le coup”, », rappelle un fidèle qui ne serait pas choqué si Emmanuel Macron prenait finalement plus de -. Un sage conseiller gouvernemental note que« Fixer un délai n’était peut-être aussi qu’une manière de mettre la pression sur les négociations ». Et un de ses amis se méfie : “Il peut tout jeter et peut-être qu’il n’a rien décidé du tout.”