La mythique cathédrale parisienne s’apprête à rouvrir ses portes au public après cinq années de travaux entièrement financés par des dons.
« Le chantier du siècle » n’a pas eu de mal à trouver les financements nécessaires à sa réalisation. Au lendemain de l’incendie de Notre-Dame-de-Paris, le 15 avril 2019, des millions d’euros de dons affluent du monde entier pour aboutir à une cagnotte finale de 846 millions d’euros. Ce chantier colossal, qui a mobilisé 250 entreprises et des centaines d’artisans, a débuté par la sécurisation du bâtiment et le déblayage de tonnes de décombres.
Cintrage des 28 arcs-boutants, démontage des échafaudages entourant la flèche, déblayage des gravats et décontamination au plomb… Le projet de sécurisation a mobilisé à lui seul 15 corps de métier, 68 ateliers et 215 entreprises pour un coût de 150 millions d’euros. Avant que cette étape cruciale ne soit achevée à l’été 2021, les architectes ont établi un calendrier des travaux de restauration à venir, tandis que 1 000 chênes ont été coupés dans les forêts de France pour reconstruire la flèche et la croisée du transept.
Une facture totale de 700 millions d’euros
Estimée à environ 550 millions d’euros, la phase de reconstruction et de restauration qui a suivi devait principalement permettre la réparation de la toiture, ravagée par les flammes. Elle met en activité de nombreux ateliers d’art tels que des menuisiers, des maîtres verriers et des tailleurs de pierre. Ainsi le coût total du chantier de Notre-Dame-de-Paris avant sa réouverture au public le 8 décembre 2024 atteint 700 millions d’euros.
Il reste désormais un excédent de près de 150 millions pour des travaux supplémentaires de restauration extérieure. L’argent restant sera “réaffecté à des restaurations urgentes des extérieurs” de la cathédrale côté est, comme l’expliquait Philippe Jost sur BFMTV à la rentrée. Ce dernier a repris les rênes du Rebâtir Notre-Dame-de-Paris, l’établissement public chargé de la reconstruction, après le décès du général Jean-Louis Georgelin en août 2023. La Fondation Notre-Dame, qui a capté près de la moitié des dons envoyé, précise que ces travaux sur les parties extérieures de la cathédrale comprendront notamment « la consolidation des arcs-boutants et de l’abside ».
Une enveloppe municipale de 50 millions d’euros
Mais la mairie de la capitale mettra aussi la main à la poche dans les années à venir. Quelques semaines avant la réouverture de Notre-Dame, la Ville de Paris a présenté son projet de réaménagement des abords de la cathédrale. Elle doit déposer les permis de construire et de construire autour du bâtiment pour démarrer les travaux à l’automne 2025 avec un budget de 50 millions d’euros. Et trois ans plus tard, en 2028, « redonner à la cathédrale l’écrin dans lequel elle pourra briller, dans un environnement calme et apaisé », a promis la maire PS Anne Hidalgo. Principal défi du projet : adapter les abords du chef-d’œuvre de l’art gothique au réchauffement climatique.
“C’est la première question que nous nous sommes posées, pour que cet héritage patrimonial que nous avons reçu puisse s’intégrer pleinement dans une ville du XXIe siècle”, a-t-elle expliqué lors d’une conférence de presse. .
Une ville où les étés sont de plus en plus chauds, et qui plus est, sur la très minérale place de la cathédrale. “Nous n’allons pas tout changer, nous faisons partie d’une longue histoire que nous voulons faire évoluer pour être plus résilients au changement climatique”, a expliqué Bas Smets, l’architecte paysagiste belge en charge du projet d’aménagement du parvis. , conçue « comme une clairière ».
Une place pour rafraîchir les visiteurs en été
Parmi les travaux prévus, 150 arbres seront plantés de part et d’autre de la place, notamment pour pouvoir organiser des files d’attente à l’ombre en été pour les visiteurs (12 à 15 millions par an), a précisé Patrick Bloche, le premier adjoint au maire. Sur la place, une fine nappe d’eau de cinq millimètres sera activée ponctuellement “pour rafraîchir l’air instantanément par évaporation”, a détaillé Bas Smets. La place restera un sol minéral, avec des dalles de calcaire de dimensions similaires à celles de l’intérieur de la cathédrale.
Les travaux concerneront également les sous-sols de la place, avec la transformation de l’actuel parking, fermé depuis l’incendie, en espace d’accueil. Suppression de la dalle intermédiaire du parking pour laisser la place à une librairie, un café, des toilettes… Le tout relié à la crypte archéologique, située sous la place, avait un accès direct aux quais de Seine. En tête de cathédrale, la place Jean XXIII, complètement bouleversée par l’installation du socle de chantier, retrouvera sa conception originale (1848). Et surtout ses portails, alors que le projet initial souhaitait les supprimer pour faire une pelouse ouverte, suscitant la polémique.