Sébastien Lecornu, François Bayrou, Bernard Cazeneuve… Depuis 48 heures, les rumeurs vont bon train sur le nom du possible successeur de Michel Barnier à Matignon. À l’heure où Emmanuel Macron doit rentrer de sa visite d’État en Arabie Saoudite, tous les projecteurs se tournent désormais vers l’Élysée où les stratèges sont déjà à pied d’œuvre pour préparer la suite.
Officiellement, le président de la République continue cependant de dire qu’il ne peut pas « croire » à la censure gouvernementale, qui pourrait intervenir en fin de journée ce mercredi. Officieusement, des discussions ont pourtant déjà lieu pour réfléchir et trouver la perle rare qui, peut-être, permettra au prochain gouvernement de ne pas être renversé dans les prochains mois. A tel point que, selon nos informations, un nouveau nom s’est invité en haut lieu ces dernières heures, celui de François Baroin.
« C’est une hypothèse qui est envisagée très sérieusement. En tout cas, si le président décide de nommer un Premier ministre issu des rangs de LR, François Baroin est clairement un leader crédible », confie un visiteur du palais, familier des coulisses des négociations. Le maire de Troyes, ancien président de l’association des maires de France, aurait en effet plusieurs atouts dans son sac. Tout d’abord, un CV solide et indépendant : député, sénateur, vice-président de l’Assemblée nationale, ministre de l’Intérieur sous Jacques Chirac, porte-parole du gouvernement et ministre de l’Économie et des Finances sous Nicolas Sarkozy.
« C’est un élu local issu de la droite mais qui a toujours entretenu de très bonnes relations avec le PS. Et il n’a aucun différend avec le RN. Il peut donc trouver autour de lui une majorité de non-censure», explique un proche du chef de l’Etat. Par ailleurs, François Baroin a toujours entretenu de très bonnes relations avec le député des Alpes-Maritimes Éric Ciotti, ex-président de LR parti en fanfare en juin dernier soutenir Marine Le Pen et former sa propre obédience dans l’hémicycle, l’Union des droits pour la République.
« Il est très intéressé, cela ne fait aucun doute. Et il le fait savoir.
Et qu’en pense Baroin ? Plusieurs fois ces dernières années, son nom a déjà circulé pour la rue de Varenne. Un Arlésien. Comme à l’époque où on parlait de lui en remplacement de François Fillon lors de l’élection présidentielle de 2017 ou au printemps 2023 pour succéder à Élisabeth Borne à Matignon. « Baroin, c’est l’éternel plan B ! », se moque un expert de droite. Sauf que cette fois, la donne aurait changé : « Il est très intéressé, cela ne fait aucun doute. Et il le fait savoir», confie-t-on. Il aurait même discrètement envoyé des messages en ce sens ces dernières heures.
Depuis deux jours, les téléphones d’Emmanuel Macron et d’Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Élysée, s’échauffent même sur le sujet. “C’est une piste très sérieuse, le président en a parlé à son entourage pour jauger les avis”, renchérit un autre proche. Sans dire de quel côté la pièce va tomber. D’autant que la piste Sébastien Lecornu est elle aussi sérieusement étudiée. Dans les colonnes de notre journal, ce mercredi, le ministre des Armées écarte gentiment l’hypothèse : « Ce n’est pas la première fois que mon nom circule et je vois aussi le jeu – pas toujours bienveillant – de ceux qui circulent. il. Mais ce n’est vraiment pas la question.
A ce stade, Emmanuel Macron, qui souhaite agir rapidement pour désigner le successeur de Michel Barnier, n’a rien dit sur ses intentions. «C’est un sphinx», commente simplement l’un de ses conseillers. Quant à Baroin, passionné de chasse au sanglier, il reste aux aguets. « Pour être un bon chasseur, il faut être patient, habile et discret. Et François Baroin passe pour être un bon chasseur. » La confiance est signée par un certain Édouard Philippe, dans les colonnes de Libération en février 2017…