Par
Martin Leduc
Publié le
3 décembre 2024 à 5h04
; mis à jour le 3 décembre 2024 à 6h14
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« Oui, certains appareils coûtent cher. La dignité de ceux qui l’utilisent au quotidien n’a pas de prix», expliquait la semaine dernière le député Sébastien Peytavie en commission des Affaires sociales pour défendre son projet de loi.
Débat (normalement) ce mardi 3 décembre 2024 à l’Assemblée nationale (en pleine Journée mondiale des personnes handicapées), cette dernière vise à garantir le remboursement intégral des fauteuils roulants et ce, quels qu’ils soient. « Une promesse présidentielle », rappelle l’association APF France handicap, dans un communiqué transmis à -.
49.3 et motion de censure
Ce mardi, l’examen du texte figure toujours au programme de l’Assemblée nationale, largement perturbée par le déclenchement lundi d’un 49.3 de Michel Barnier, sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Décision qui a conduit la gauche à déposer une motion de censure, qui, si elle était soutenue par le RN, pourrait renverser le gouvernement. Aussi, le projet de loi de Sébastien Peytavie pourrait subir les conséquences d’un changement d’agenda brutal (et forcé).
« Cette situation est inacceptable et profondément scandaleuse »
À proprement parler, le remboursement existe déjà pour les fauteuils roulants. Mais selon le député de Dordogne, la prise en charge actuelle est tout simplement « misérable » et ne suffit pas à rembourser les chaises les plus spécifiques.
Les mutuelles, la Prestation d’indemnisation du handicap (PCH) et les caisses départementales d’indemnisation du handicap peuvent en effet prendre en charge une partie des frais. “Mais la multiplication des acteurs et la complexité des démarches peuvent conduire à un délai minimum d’un an pour financer son fauteuil roulant”, constate celui qui, en tant que premier député à l’Assemblée nationale en fauteuil roulant (et le seul), sait le sujet très bien.
Cette situation est inacceptable et profondément honteuse, alors que plus d’un quart des personnes handicapées vivent en dessous du seuil de pauvreté et que plus de la moitié vivent dans des ménages modestes.
Concrètement, l’Assurance Maladie rembourse jusqu’à 960 euros pour un fauteuil classiqueet jusqu’à 5 187 euros pour un fauteuil roulant électrique. Alors que cette dernière peut coûter jusqu’à 40 000 euros… Un reste que tous les fonds communs de placement ne financent pas. Sur la plateforme -les articles ne manquent pas relayant des appels aux dons pour financer des fauteuils, notamment.
Résultat : certains sont obligés de prendre une chaise qui ne convient pas à sa situation“avec les conséquences sanitaires que l’on connaît : douleurs, apparition et développement d’escarres, problèmes digestifs ou pulmonaires, etc.”, précise le député.
« Les fauteuils roulants, qu’ils soient manuels ou électriques, constituent des extensions du corps des personnes en situation de handicap moteur. Disposer d’un équipement parfaitement adapté à leurs besoins n’est pas un luxe. C’est une nécessité pour les personnes impliquées. C’est la condition de leur intégration réussie dans la société, à tous points de vue », estime Sébastien Peytavie.
Une augmentation de la cigarette pour financer tout ça
Pour rappel, plus de 500 000 Français utilisent régulièrement un fauteuil roulant. Concrètement, la mesure coûterait environ 150 millions d’euros de plus. Une somme à la charge de l’État donc qui doit être compensée, selon le projet de loi, par la création d’une taxe supplémentaire sur les produits du tabac.
L’association handicap APF France craint néanmoins que les discussions n’aillent pas assez loin, et prévient qu’il serait particulièrement décevant si :
- le prochain projet de décret gouvernemental – dont la publication reste incertaine et qui représente l’aboutissement de cinq années de travail – a notamment exclu de la couverture complète certains modèles de fauteuils roulants ;
- le projet de loi actuellement en discussion, une fois adopté, reportera de cinq ans encore la réalisation de ces progrès. Une telle perspective prolongerait un travail déjà bien trop long, dans un contexte marqué par les aléas et incertitudes politiques actuelles.
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