C’est un événement qui célèbre la jeunesse : le Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil fête ses 40 ans le 27 novembre. L’occasion de rencontrer le sourire, la bonne humeur et les lunettes roses en forme de coeur de Susie Morgenstern, star de la littérature jeunesse.
Auteur de quelque 160 livres, dont Le sixième, Le monde est à toi ou Retour à l’école sans têteest l’une des têtes d’affiche de ce festival, qui l’a d’ailleurs désigné Grande Ourse 2024 pour l’ensemble de son œuvre, la plus haute distinction.
franceinfo : Ce salon de Montreuil fête ses 40 ans. Et vous lui êtes extrêmement fidèle : c’est votre 39ème édition !
Susie Morgenstern : Je n’ai manqué l’événement que l’année dernière parce que j’ai subi une opération au genou… Je ne pouvais pas marcher mais j’étais prêt à ramper ! J’ai une histoire d’amour avec la France, avec l’exception culturelle française, et ce salon du livre de Montreuil a été mon premier salon du livre. C’est une forme d’art français, un phénomène qui n’existe, je crois, qu’en France. C’est extraordinaire d’amener ainsi les enfants aux livres.
Vous avez vu le lectorat et ces jeunes lecteurs grandir et évoluer. Les lecteurs d’il y a 20 ou 30 ans sont-ils les mêmes qu’aujourd’hui ?
Il y a des interférences aujourd’hui. Au collège, les enfants ont des téléphones portables, donc c’est plus difficile maintenant. Il faut désormais plus d’énergie pour se battre pour les livres.
Avez-vous modifié votre écriture pour vous adapter à ce nouveau lectorat ?
Mon dernier manuscrit, pas encore un livre, s’appelle Sans Wi-Fi ! J’essaie de montrer le poison et la drogue dure que sont les écrans. Je me vois tout le temps défiler sur mon téléphone ! Et même en tant que lecteur, je lis moins. Moi ! Pour un enfant, j’imagine ce que ça peut faire… On ne sait pas ce que ça va faire à son cerveau. Je pense qu’il faut être très strict, très dur : il faut lutter contre ces écrans.
Et pourtant, le secteur du livre jeunesse est dynamique et en bonne santé, même si les ventes ont légèrement diminué l’an dernier…
Je n’en comprends pas les aspects économiques. Je sais que nos livres fonctionnent, que les gens les achètent. Et j’adore voir les enfants repartir avec mes livres. J’ai commencé à écrire pour les jeunes lorsque je suis devenue mère. J’ai suivi mes enfants à travers toutes les classes, jusqu’au collège, jusqu’à la sixième. Puis, la dernière année, tout le monde tombe ! Quand ils ont grandi, j’étais en crise. Et puis, il y a eu les petits-enfants, et maintenant un bébé, un arrière-petit-fils : je suis gaga, totalement gaga…
Vous avez grandi aux États-Unis : que pensez-vous du retour de Donald Trump à la Maison Blanche ?
J’ai maintenant l’habitude de dire que je suis un réfugié politique. J’ai arrêté mon abonnement à New York Times... Je ne veux rien savoir, je ne veux pas voir Trump partout dans la presse, toute la journée. Je n’ai plus de famille aux Etats-Unis, c’est très loin. J’en suis parti il y a 57 ans pour vivre en France…
Donald Trump ferait-il un bon personnage de fiction ?
Peut-être qu’il est trop clown pour être vraiment méchant ! C’est un méchant, un violeur, un criminel… J’ai du mal à faire un « méchant » parce que je ne veux pas les voir. J’essaie de faire des méchants, mais ça ne marche pas.