Tout porte à croire que les relations internationales influencent désormais la stratégie du groupe franco-italo-américain. Déjà critiqué par le gouvernement italien de Giorgia Meloni et récemment attaqué par le futur président américain Donald Trump, Stellantis se retrouve désormais confrontée à l’influence de la Chine sur la localisation de ses usines.
Devenu importateur exclusif de produits chinois Moteur de saut depuis le printemps, Stellantis avait dans un premier temps choisi la Pologne pour assembler le T03 sous forme de kits. La citadine 100 % électrique est devenue, en septembre, le premier modèle distribué en Europe par la coentreprise.
>> LIRE AUSSI : La Chine appelle ses constructeurs automobiles à limiter leurs investissements à l’étranger
Une conséquence des droits de douane
Présentée par les uns comme un coup de maître de la part de Carlos Tavares, PDG de Stellantis, et par d’autres comme une manière de faire entrer le loup dans le giron, la stratégie d’importation de Leapmotor sur le Vieux Continent se heurte désormais aux directives de Pékin.
Les autorités chinoises n’ont pas apprécié l’augmentation des droits de douane décidée par Bruxelles contre les voitures électriques produites en Chine, dont le taux peut atteindre jusqu’à 45,3 %. Cette décision de l’Union européenne fait suite aux subventions directes et indirectes reçues par les constructeurs chinois. La mise en place de ces barrières douanières a suscité des divisions parmi les États membres de l’UE, ainsi qu’entre les fabricants européens. Il est également important de noter que les États-Unis et le Canada ont imposé une augmentation significative des droits de douane sur les véhicules chinois, pouvant atteindre 100 %.
L’Allemagne et la Slovaquie prêtes à accueillir Leapmotor
Face au protectionnisme européen, Pékin aurait demandé à ses constructeurs de ne plus investir dans les pays favorables à une telle mesureselon Reuters. La Pologne pourrait donc payer le prix de cette politiquequ’elle soit chinoise ou européenne, selon votre point de vue. L’Allemagne et la Slovaquie, de leur côté, s’étant abstenues de prendre de telles mesures, ont échappé aux représailles de Pékin.
À la recherche d’un site de montage alternatif, Stellantis et son allié chinois auraient décidé de se tourner vers Eisenach, en Allemagneoù l’Opel Grandland est notamment produite. L’usine de Trnava, en Slovaquie, qui assemble déjà la nouvelle Citroën ë-C3, serait également envisagé pour la production du SUV électrique B10 de Leapmotor, ses coûts de production compétitifs plaidant en sa faveur. Pour le constructeur chinois, l’enjeu de l’assemblage en Europe est de contourner les droits de douane imposés sur les véhicules produits en Chine.
>> LIRE AUSSI : En Europe, les investisseurs chinois passent de l’ombre à la lumière
Un premier épisode de la guerre commerciale avec l’Europe
Le modèle présenté au dernier Mondial de l’Automobile de Paris a une dimension stratégique. Elle vise à marquer l’accélération de l’alliance entre Stellantis et Leapmotor sur le continent européen.
Si la décision de la firme devait être confirmée (sans savoir si elle impacterait également l’assemblage du T03), elle marquerait sans doute le premier épisode de la bataille commerciale qui se profile entre la Chine et l’Europe.