” Drill, bébé, percez ! » Daté de 2008, ce slogan de campagne du Parti républicain est on ne peut plus d’actualité ce 6 novembre. « Forez, chéri, forez ! » » résume la politique climatique que s’apprête à mettre en place Donald Trump. Toujours plus de gaz et toujours plus de pétrole se trouvent sous terre, et un déni du changement climatique et de ses origines humaines assumé avec une arrogance péremptoire. On peut déjà anticiper le moment où seront levées les réglementations restrictives qui interdisaient la prospection d’hydrocarbures dans certaines régions de l’Alaska. Et il y a fort à parier que l’EPA, l’Agence américaine de protection de l’environnement, sera à nouveau bousculée, voire démantelée, comme lors du premier mandat de Donald Trump.
L’homme ne fait pas partie de ces climato-sceptiques qui habillent leurs convictions anti-science et anti-connaissance d’un vernis modéré. En juin 2017, nouvellement élu 45e président des États-Unis, il annonce le retrait de son pays de l’accord de Paris sur le climat, conclu lors de la COP21 – la conférence annuelle des Nations Unies sur les changements climatiques – qui s’est tenue en décembre 2015 au Bourget, près de Paris. .
Selon les règles de l’ONU, il lui fallait trois ans à compter de l’entrée en vigueur du traité pour en demander l’extinction, et un an supplémentaire pour s’en affranchir définitivement. C’est ainsi que le retrait américain est entré en vigueur le 4 novembre 2020… au lendemain de l’élection de Joe Biden, qui a immédiatement signifié le retour des États-Unis dans le giron des négociations internationales.
Les États-Unis, deuxième émetteur mondial
Dans le cadre de l’Accord de Paris, les États-Unis se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 50 à 52 % en 2030 par rapport à leur niveau de 2005. En 2023, cette réduction avait atteint 18 %, selon le centre de recherche Rhodium Group. En 2021, le pays occupait la deuxième place parmi les plus grands émetteurs mondiaux, avec 11 % du total, loin derrière la Chine avec 29 %.
Avec 17,5 tonnes équivalent CO2 par habitant (l’équivalent CO2 permet de compter tous les gaz à effet de serre dans une seule unité), un Américain émet bien plus de gaz à effet de serre qu’un Chinois (10,8 tonnes) et, a fortiori, qu’un Français (6,3 tonnes). tonnes). Au printemps dernier, le média spécialisé Carbon Brief estimait qu’une victoire de Donald Trump pourrait entraîner des émissions supplémentaires, d’ici 2030, de 4 milliards de tonnes d’équivalent CO2 par rapport à ce que feraient les États-Unis sous une administration démocrate, soit les émissions annuelles de l’Europe et Japon.
Le pétrole triomphant
Avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, les États-Unis pourront paralyser ou sortir à nouveau des confins du multilatéralisme climatique et écarter d’un simple geste tous les appels à une réduction de l’exploitation des énergies fossiles (charbon, gaz, fioul). Pour la première fois, une timide mention en ce sens est apparue dans le texte final de la COP28, organisée l’année dernière à Dubaï, aux Émirats arabes unis. Une mention gagnée au prix d’un dur combat alors que les Etats-Unis sont, avec l’Arabie Saoudite, le premier producteur mondial de pétrole. Outre la relance sans vergogne de l’utilisation des hydrocarbures, c’est l’ensemble du fragile échafaudage du financement Nord-Sud de l’action climatique qui risque de s’effondrer.
Il y a fort à parier que, dès lundi à Bakou, c’est de cela que nous allons parler. La capitale de l’Azerbaïdjan accueille la COP29 jusqu’au 22 novembre. Et si c’est l’administration Biden qui reste en place jusqu’à l’investiture du nouveau président en janvier, la délégation américaine sera largement inefficace suite au revers démocrate. Cet aspect n’échappe à personne. Surtout pas à la Chine qui, malgré ses divergences majeures, avait repris la communication avec Washington il y a dix-huit mois pour avancer sur la politique climatique. En 2015, le succès diplomatique de la COP21 à Paris dépendait de l’accord Obama/Xi Jinping sur le climat.