Au Petit Palais, Ribera éclaire les ombres – Libération

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Rétrospective

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Dans une formidable première rétrospective en consacrée au plus sauvage des héritiers du Caravage, le Petit Palais expose les corps et les « bouches » naturalistes à la violence brute du natif d’Espagne.

On voit rarement une femme avec une barbe. Celle peinte en 1631 par Jusepe de Ribera, avec son mari et son bébé allaitant un sein gonflé, n’a rien d’une créature de cirque, ni d’une artiste transformiste : ce que nous voyons à travers elle, en elle, c’est notre destin et notre solitude. . Le tableau a été peint à Naples, la ville où l’artiste, né à Valence en 1591, devint riche et célèbre, la ville où il mourut en 1652 sans jamais revoir son pays natal. Ses durs châteaux en Espagne ont été trouvés en Italie par le fils de ce cordonnier. Sa femme barbue est un homme, son homme barbu est une femme : tous les uns, tous les autres. Aucun tableau de celui surnommé « l’Espagneetto », le petit Espagnol, ne montre avec plus de force et de tranquillité la nature profonde de son œuvre : amener le plus de réalité possible dans un monde dont la représentation est déterminée par des grilles intellectuelles et mythologiques. Il n’est ni le premier ni le seul : Caravage et ses héritiers ont, chacun à leur manière, creusé cette brèche naturaliste. Ribera le fait avec une violence brute, à peine stylisée. C’est la misère espagnole et le naturel dans les rues de Rome, puis de Naples. Ici, à travers une Sainte Famille.

La dame barbue s’appelle Maddalena Ventura. Une inscription gravée sur la pierre à sa droite précise qu’elle a 52 ans : elle a eu un enfant dans la cinquantaine. Elle

France

 
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