Lorsqu’elle sort de la voiture pour se rendre dans une écurie pour un spectacle, le siège passager est toujours occupé par un proche. « Je suis toujours en conduite accompagnée ! J’ai hâte d’avoir 17 ans pour passer mon permis »sourit Mila Fromage, originaire de Thoury et passionnée d’équitation.
Sur place, peut-être l’adolescente aura-t-elle droit aux regards surpris que provoque forcément son parcours, elle qui vient d’obtenir son baccalauréat à 16 ans et a créé, en juin 2024, sa micro-entreprise de photographie équestre. « Cela suscite l’intérêt et attire le regard. Mais il y a une obligation de résultat, sinon on me dira que je débute. »
Nausées, épuisement et épanouissement
Retours “positif” sur ses photos considérées comme « des souvenirs marquants » et les nombreuses demandes de shootings ou de suivis de concours peuvent la rassurer : elle ne s’est pas trompée de chemin, elle qui a longtemps cherché sa propre voie au cours d’un parcours scolaire tortueux.
« Je savais très bien lire quand je suis entré en première année, je m’ennuyais. En CE1, j’avais mal au ventre, des nausées, j’ai tout fini très vite avec de très bonnes notes. » « Elle souffrait beaucoup, nous étions impuissants »se souvient Marie-Claude, sa grand-mère. La jeune fille passe des tests et un psychologue la diagnostique « haut potentiel intellectuel » avec un QI de 143. « J’ai immédiatement séché les cours, en CE2. »
Mais l’ennui persiste, la dépression rôde et les émotions fluctuent violemment. «J’étais en 5e pendant le confinement et on m’a envoyé les cours du 4e. Je n’avais pas besoin d’étudier avant les examens, mais j’étais mentalement épuisé. » Perte d’appétit et de moral “catastrophique” au lycée devient son quotidien. « J’ai dû quitter le système scolaire. On n’est pas tous pareils donc on veut amener tout le monde au baccalauréat dans le même temps, c’est illogique. »
Sur avis d’un médecin, elle est déscolarisée. La solution passe par deux années d’enseignement à distance chez ses grands-parents à Saint-Dyé-sur-Loire, jusqu’à l’obtention de son baccalauréat. L’avenir apporte aussi des doutes et de l’anxiété.
Mais quand Mila « piquer » l’appareil photo acheté par sa mère pour immortaliser ses compétitions équestres, elle renoue avec cette passion des images et des chevaux. L’adolescent “apprend vite” et est formé dans le domaine grâce au photographe de la société Flash One Instant.
Un lien à développer
L’adolescent veut éviter les études et crée son entreprise, guidé par les précieux conseils du CPME 41. Il ne lui reste plus qu’à obtenir son émancipation pour voler de ses propres ailes, à 16 ans. Une lettre au tribunal et un rendez-vous suffiront.
Aujourd’hui épanouie à la tête de Design The Light Studio, l’adolescente suscite l’admiration de ses proches. « Elle est en avance dans sa tête, croit en ses rêves et ose ! »souligne son grand-père Michel. « Je me sens beaucoup mieux avec plus de responsabilitéssourit celui qui réalise déjà un chiffre d’affaires mensuel de 1 000 €. Je souhaite commencer à utiliser la vidéo et accélérer la communication car il faut se faire connaître. »
Carrée dans sa démarche, l’adolescente n’oublie pas l’audace qui lui permet de créer sa propre chance. « En février, j’ai pris des photos d’une cavalière britannique de 17 ans, Sofia Oliver Games. Je les lui ai envoyés et elle les a utilisés pour illustrer son week-end de concours dans un magazine britannique. Elle m’a recontacté pour son retour en France au Mans, début novembre. Elle a remporté trois épreuves pour sa première compétition internationale ! Elle a adoré mes photos et veut les utiliser. Nous avons créé une complicité et j’aimerais poursuivre cette collaboration à l’international ! » Son ambition a également un fort potentiel.