Le bâtiment, un hôtel particulier du 19ème sièclee siècle pur jus sur les bords de Seine, a pris son temps (plus de 10 ans) et mis les moyens (environ 5 millions d’euros) pour se refaire une beauté. Depuis ses étages, musique captivantejoué au sétar et à la harpe, s’élève… Sur fond de oud, on perçoit versets poétiques, chantés en persan et en arabe. La mystique est là, prête à vous plumer.
Inauguré le 28 septembre à Chatou, le Musée d’art et de culture soufie MTO (dit « Macs MTO ») est le première institution au monde dédiée à l’exploration du soufisme à travers la culture et l’art contemporains. Dans son jardin, les cyprès n’ont pas encore vraiment poussé, mais les rosiers et les jasmins fleurissent déjà. Dans quelques années, nous espérons y cueillir des fruits. Le doux clapotis de la fontaine centrale complète ce décor conçu comme un paradis terrestre.
A une trentaine de minutes de Châtelet-Les Halles, via le RER A, ce nouveau lieu dans les Yvelines offre un voyage intérieur. Conçu et soutenu par une école du soufisme, le projet a parcouru un long chemin. « Cela remonte aux années 1970 et au maître soufi Hazrat Shah Maghsoud Sadegh Angha (1916-1980), 41e maître de l’école de soufisme Maktab Tarighat Oveyssi (MTO) Shahmaghsoudi », explique Claire Bay, présidente de Macs MTO.
Voyage au cœur du soufisme
« Le soufisme n’est pas une religion, mais un mouvement spirituel, c’est une sagesse très ancienne. »
Alexandra Baudelot
Maintenant à Chatou, on peut admirer quelques 300 pièces (objets, sculptures, peintures, céramiques, miroirs, textiles, calligraphies, etc.) issus des collections des 150 écoles MTO à travers le monde, qui rassemblent plus d’un million d’élèves. Le MTO des Mac bénéficie également de soutien perspicace d’experts de l’industrie de l’art et d’universitaireset la contribution financière de deux organisations philanthropiques américaines et canadiennes, les Amis des arts, de la culture et du savoir soufis.
Que découvre-t-on là ? Réparti sur trois étages, le 600 m2 espaces d’exposition du Musée d’art et de culture soufie du MTO proposent aux visiteurs de « suivre le parcours d’un soufi dans sa quête intérieure », explique la directrice du musée, Alexandra Baudelot. Le soufisme n’est pas une religion, mais un mouvement spirituel, c’est une sagesse très ancienne », insiste-t-elle. « Il est communément considéré comme la dimension mystique de l’Islamajoute le spécialiste, mais néanmoins, on trouve des disciples dans toutes les confessions : le soufisme est une question de connaissance de soi qui conduit à la connaissance de Dieu. »
Rencontre avec un maître soufi
Dans cette quête mystique, la première salle nous guide parmi de sublimes cannes de voyage, et nous amène à découvrir de belles cashkoulbols d’aumône en coco de mer gravé, entre costumes, bagues, chapelets, corans. Une alcôve illustre la complexité des chemins du soufisme, une chaîne initiatique dont les branches remontent de maître en maître, jusqu’au prophète Mahomet. La célèbre danse giratoire des « derviches tourneurs » correspond par exemple aux disciples de le grand poète soufi Djalal al-Din Rome (1207-1273).
Très réussi, un salle d’époque donne la parole à un maître soufi, qui émerge dans son bureau reconstitué avec ses manuscrits calligraphiquescomme par magie, sous forme d’hologramme. Prenez le temps d’entendre quelques préceptes : « vous connaîtrez votre être lorsque vous réussirez à éliminer ses limites. »
Artistes de diverses cultures
Dieu est beau et aime la beauté. Ainsi le soufisme promeut, outre la connaissance et la vérité, l’art sous toutes ses formes. Ce qui témoigne « Un ciel intérieur »la brillante exposition inaugurale de Macs MTO qui compte programmer deux expositions par an. Pour cette première qui se mêle aux collections historiques du musée, la commissaire Alexandra Baudelot a réuni sept artistes internationaux. Certains sont musulmans, comme le Marocain Younès Rahmoun (né en 1975) qui nous confie les travaux de la maison, de la terre au ciel, ainsi qu’un bateau en laiton (symbole du voyage), porteur d’une graine (Source de vie), installation qui est semée dans le jardin spécialement pour le exposition. D’autres viennent de cultures différentes, comme le Pinaree Sanpitak thaïlandais (née en 1961) inspirée par la rondeur des seins féminins qui interagissent avec les formes des cashkoul Soufis.
Les peintures aux couleurs chatoyantes des Franco-Américains Seffa Klein28 ans et petite-fille d’Yves Kein, faites vibrer notre cosmos intérieur grâce à l’utilisation du bismuth, un métal non radioactif formé lors d’événements à haute charge énergétique – hypnotisant. Non loin, Bianca Bondi (née en 1986) s’inspire de la Seine et de la nature environnante pour réinventer les rituels. Le cours se termine par une pose en silicone du Le Zimbabwéen Troy Makaza (né en 1994) traitant du visible et de l’invisible. Chez les soufis, Dieu est à la fois proche et inaccessible. C’est un trésor caché, mais dont le signe se retrouve dans le cœur de tous les êtres.
Musée d’art et de culture soufie du MTO
6 Avenue des Tilleuls • 78400 Chatou
www.macsmto.fr