Dans Paris Photo, l’Amérique partagée par Tyler Mitchell et Richard Avedon

Dans Paris Photo, l’Amérique partagée par Tyler Mitchell et Richard Avedon
Dans Paris Photo, l’Amérique partagée par Tyler Mitchell et Richard Avedon

Plus qu’une rencontre en face à face, c’est une véritable conversation. Alors que pourraient bien Richard Avedon, légende de la photographie de mode disparu en 2004, et Tyler Mitchell, qui, à 29 ans, ont connu une ascension fulgurante dans le même domaine depuis qu’il a immortalisé Beyoncé pour Vogueen 2018 ? Le jeune Américain a imaginé ce dialogue avec son compatriote à travers leurs images pour le stand de la galerie Gagosian, présente au festival Paris Photo.

Des décennies les séparent, ainsi que des mondes, pourrait-on penser. Et pourtant, leur rencontre s’avère des plus inquiétantes. Car Tyler Mitchell a une connaissance intime de l’immense œuvre de son prédécesseur. Dès le début, elle l’a nourri et porté. Il s’y attacha encore plus intensément à l’occasion de l’exposition orchestrée par Gagosian pour le centenaire de la naissance d’Avedon, en 2023. Une centaine d’artistes et de personnalités étaient invités à sélectionner une de ses photographies. Mitchell était l’un d’entre eux. « Cela a éveillé mon envie d’explorer des parties moins visibles de ses archives »dit-il.

Un double autoportrait l’attire particulièrement. Prise en 1946, elle met en scène Richard Avedon, 23 ans, avec James Baldwin, se reflétant dans un miroir chez la mère de l’écrivain. Les deux hommes avaient fréquenté la même université à New York dans les années 1930, puis avaient perdu contact. Ce cliché les a rapprochés. « Leur amitié a ensuite culminé dans leur livre de 1964, Sans allusionse souvient Tyler Mitchell. Cette image met en évidence le pouvoir d’une collaboration à long terme et comment ce type de relation durable peut enrichir le travail créatif. »

« Une tapisserie visuelle du monde »

De ce coup de foudre, il explore toute l’œuvre d’Avedon, au-delà des clichés. « Trop souvent, nous tenons son travail pour acquis. Je l’ai certainement fait moi-même, au début. Ses images sont si emblématiques, si profondément ancrées dans notre inconscient collectif, qu’il est facile d’en négliger la signification. Mais il savait aborder tellement de sujets ! » Mannequins, musiciens, boxeurs, athlètes, artistes, hommes politiques et tout le monde : « Il a tout capturé sur cette époque, créant une tapisserie visuelle du monde tel qu’il était. » C’est cette même ambition qui, le reconnaît Tyler Mitchell, l’anime aujourd’hui : « Soyez audacieux face à tout ce qui me fascine ou me défie. »

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