Mort de Richard Serra à 85 ans, le sculpteur qui faisait danser des plaques d’acier monumentales

Mort de Richard Serra à 85 ans, le sculpteur qui faisait danser des plaques d’acier monumentales
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Il fut l’un des plus grands sculpteurs de son époque. Célèbre pour son plaques d’acier rouillées monumentales aux inclinaisons vertigineuses et aux courbes captivantes savamment disposées dans l’espace, l’artiste américain Richard Serra (1938-2024) est décédé d’une pneumonie le mardi 26 mars à son domicile d’Orient, New York. à l’âge de 85 ans.

Né à San Francisco d’un père ouvrier espagnol sur un chantier naval et d’une mère russe, Richard Serra a étudié beaux-arts à l’Université de Yale entre 1961 et 1964. Pour financer ses études artistiques, il travaille dans une aciérie, puis découvre, à l’Académie de la Grande Chaumière à Paris, les œuvres raffinées de Constantin Brancusi. L’artiste, qui avait commencé par créer des projections expressionnistes de plomb en fusion sur les murs, se lance définitivement dans la sculpture et déménage à New York en 1966.

Aciéries monumentales et élégantes

À la fin des années 1960, il réalise une œuvre phare : Accessoire d’une tonne (Château de cartes) ; ou quatre plaques de plomb maintenues en équilibre les unes contre les autres par leur propre poids comme des cartes à jouer ! En 1967-1968, il publie un manifeste résumant les principes fondamentaux de son travail.

Richard Serra, Transmettre2020

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acier • 400 × 1770 × 1820 cm • © 2021 Richard Serra/Artists Rights Society (ARS), New York Photo : Thomas Lannes / Courtesy Gagosian, Paris, New York

« Quand vous voyez mes pièces, vous ne vous souvenez d’aucun objet. On se souvient d’une expérience, d’un passage. »

Richard Serra

Inspiré par les jardins zen qu’il a découverts au Japon, l’artiste travaille avec des plaques ou des rouleaux d’acier inoxydable Corten, sur lesquels il applique au pinceau une solution qui leur donne une aspect rouille dont il maîtrise la teinte : orange, chocolat… Puis il les place debout en équilibre dans l’espace pour former d’élégantes constructions, nids et labyrinthes – comme des paysages épurés, où les éléments métalliques comptent autant que le vide qui l’entoure et le lieu où ils sont installés. Malgré leur poids, leurs formes expriment un légèreté étonnante. Des œuvres aussi monumentales que très sobres et brutes, qui le relient à minimalisme.

Une visite mémorable à Monumenta en 2008

Richard Serra, La question du temps1994-2005

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acier résistant aux intempéries, huit sculptures • Coll. Guggenheim, Bilbao • © Hémis / © Adagp, Paris 2021

Ses installations, comme celle mise en place au Guggenheim Bilbao depuis son ouverture (La question du temps – La question du temps1994-2005), permettent souvent au spectateur de se déplacer librement entre les éléments, le temps d’une promenade parfois apaisant le long des courbes sinueuses, parfois oppressant à mesure que les panneaux tournent en spirale et se resserrent pour former des couloirs de plus en plus étroits. Ainsi, son travail Séquence (2006) créé pour SFMOMA à San Francisco rappelant les murs d’Antelope Canyon en Arizona. « Quand vous voyez mes pièces, vous ne vous souvenez d’aucun objet. On se souvient d’une expérience, d’un passage”, disait l’artiste en 2004.

L’artiste a marqué les Parisiens de son empreinte avec ses immenses et fines plaques de métal rectangulaires, posées debout comme les menhirs ou le monolithe de 2001, une odyssée de l’espace par Stanley Kubrick sous la nef du Grand palais Pour Monuments en 2008 (« Promenade »), certaines de ces stèles étant subtilement déséquilibrées, interrogeant ainsi notre propre verticalité, entre puissance et fragilité.

En 2014, il a également installé quatre profilés en acier dans le sable immaculé du désert du Qatar – une œuvre spectaculaire de land art accessible uniquement en 4×4, à 70 kilomètres de Doha, sous un soleil de plomb. Des œuvres à la fois belles et déroutantes, qui nous donnent l’impression d’être sur une autre planète !

 
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