Grande rencontre autour d’un chef-d’œuvre de Jan Van Eyck

Grande rencontre autour d’un chef-d’œuvre de Jan Van Eyck
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Si vous avez vu en 2020, à Gand, l’exposition de Jan Van Eyck, malheureusement arrêtée trop tôt pour cause de Covid, celle proposée au Louvre autour de la restauration d’un chef-d’œuvre de Jan Van Eyck, Vierge du chancelier Rolin (de 1430) est un merveilleux complément. Pour ceux qui auraient raté l’exposition de Gand, celle du Louvre est à ne pas manquer malgré l’affluence au Louvre. Il est préférable de réserver vos billets.

Comme pour la restauration de l’Agneau Mystique, celle de Lune Vierge du Chancelier Rolin a complètement enlevé les couches de vernis oxydés qui assombrissaient beaucoup le tableau et on retrouve les incroyables détails du paysage au fond, les couleurs vibrantes à nouveau, l’éclat de la couronne d’orfèvre portée par un ange au-dessus de la tête de la Vierge, la minuscule détails (Van Eyck était également miniaturiste). Il donne vie aux visages et à la peau, donnant un aspect hyperréaliste au velours et à l’architecture.

Jan van Eyck : La Vierge de Lucques, 1437, 65,7 x 49,6 cm, musée Städel de Francfort ©Crédit : Musée Stadel

On est frappé par cette perfection dans le rendu du réel et de la lumière. Jan Van Eyck (né en 1390/95 et mort en 1441) était alors comparé à Apelles, le peintre légendaire de l’Antiquité, qui peignait avec une telle justesse que, disait-on, les chevaux hennissaient en passant devant ceux qu’il avait peints.

La grande exposition à Gand sur Jan Van Eyck est une splendeur

La restauration a également révélé un faux trompe-l’œil en marbre peint par Van Eyck au revers du tableau. Ce qui prouverait que Rolin emportait partout avec lui ce tableau de taille moyenne, comme un livre de méditation.

Six Jan Van Eyck

Umberto Eco rêvait d’organiser une exposition autour d’un seul tableau. tout tourne autour de ce Van Eyck, mais l’exposition rassemble aussi une cinquantaine d’autres œuvres splendides qui l’expliquent, dont – c’est exceptionnel – six Van Eyck. La Vierge de Lucques a été prêté pour la première fois par le Musée de Francfort et montre une Vierge en lactation placée haut devant nous comme si nous étions agenouillés devant elle.

Jan Van Eyck : L’Annonciation 1435, 90,2 x 34,1 cm, National Gallery Washington ©Crédit : avec la permission de la National Gallery Washington

Nous admirons également L’Annonciation de la National Gallery de Washington où l’on peut observer comment la lumière venant de droite se diffracte sur le bâton de verre de l’ange et ruisselle sur la rangée de perles de sa tunique. Dans le petit Saint François recevant les stigmates, la roche est si précise qu’on pourrait la trouver le long de la Meuse (Van Eyck est né à Maaseik), y compris avec les fossiles et les mousses que l’on voit !

Jan Van Eyck : La Vierge du chancelier Rolin, 1430, musée du Louvre (détail) ©Photo : DR

L’exposition encadre donc le tableau de van der Weyden (dont son portrait du chancelier Rolin), Bosch, Campin, etc. Et de nombreux manuscrits enluminés comme celui de Chroniques du Hainaut illustré par van der Weyden et prêté par notre Bibliothèque Royale où l’on voit, à côté de Philippe Le Bon, et accoudé sur son trône, le Chancelier Rolin.

Innovant

Le tableau de Van Eyck innove : alors qu’auparavant la représentation d’un homme ou d’une femme priant devant la Vierge impliquait de ne pas les placer dans le même espace, par le biais de différences d’échelle ou d’intercession des saints, ici, le tout-puissant Nicolas Rolin (1376- 1462), né à Autun, chancelier (principal ministre) de Philippe le Bon pendant 40 ans, est placé à la même hauteur, dans le même espace que la Vierge qui se tient à genoux, l’Enfant nu représenté en Salvator Mundi.

Le portrait de Rolin et de son somptueux manteau doré est extrêmement précis. Pas une seule veine ne manque sur sa peau.

Au fond, on découvre d’abord le jardin clos, celui de la Vierge, peuplé de paons, de lapins et de plantes. A la clôture, on voit – sujet récurrent à l’époque – deux très petits personnages (2 cm), de dos, nous invitant à regarder le paysage derrière. Celui au turban rouge pourrait être Van Eyck lui-même.

Jan Van Eyck : La Vierge du chancelier Rolin, 1430, musée du Louvre (détail) ©Photo : DR

Comme eux, on regarde alors la petite foule marchant sur le pont et dans la ville, la rivière et le fond bleu des montagnes donnant de la profondeur.

Chez Van Eyck, ce réalisme absolu est une illusion qui rivalise avec la réalité et se nourrit de hautes considérations philosophiques. Avec Jan Van Eyck, le monde divin s’inscrit dans notre monde, au cœur de notre réalité. Émile Verhaeren disait que les peintures de Van Eyck étaient «une explication du monde ».

Plongez avec délice au cœur des tableaux de Van Eyck

Revoir Van Eyck, au Louvre, jusqu’au 17 juin

 
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