La révolution des œillets, la fleur au pistolet sur 5

La révolution des œillets, la fleur au pistolet sur 5
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Tout au long de ce documentaire saisissant, tout semble simple, paisible et bien planifié. Il s’agit du coup d’État le plus doux de l’histoire du XXe siècle. La révolution des œillets un film à voir ce dimanche 28 avril à 23h sur 5.

Nous célébrons le 50e anniversaire de la « révolution des œillets » au Portugal. Le 25 avril 1974, à minuit vingt, Grândola villa Morena, la chanson composée par le chanteur proche de l’opposition José Afonso, résonnait sur les ondes de Radio Renascença. Ce chant profond – les révolutionnaires savent choisir leurs hymnes – est le signal attendu par des milliers de soldats. Dans le sillage des capitaines, l’armée se soulève. L’armée est dans les cartons de départ depuis la décision du gouvernement de promouvoir de jeunes recrues pour nourrir les troupes envoyées sur le front colonial.

Capitaines, majors, lieutenants craignent d’être déclassés ; les plus jeunes, d’y laisser leur peau. Le rejet de la guerre grandit dans le pays. Les femmes supplient la Vierge de Fatima d’épargner leur fils ou leur fiancé, les officiers supérieurs n’y croient plus. L’un d’eux, “modèle pour ses troupes, éveilleur de conscience», le général Spinola, publie un pamphlet. “Bizarrement, ce n’est pas censuré», demande une voix off surprise. On dirait que la dictature est distraite. Focalisé sur la grandeur passée – et dépassée – du Portugal, le président du Conseil, Marcelo Caetano, refuse de brader l’empire.

Trois véhicules blindés légers contrôlent la ville

L’Estado Novo s’essouffle. Pauvreté, analphabétisme, privation de liberté, le documentaire, au titre minimaliste The Carnation Revolution, réduit l’œuvre de Salazar à sa plus simple expression. Si le Parti communiste est interdit, on apprend que Coca-Cola l’est aussi ; la langue française, parlée par les élites, est privilégiée. Disparu en 1970, le maître du Portugal rêvait d’une troisième voie gaullienne, dictatoriale et conservatrice. Elle s’est refermée sur elle-même. Nom de code Oscar, le major Otelo de Carvalho prend la tête des rebelles. Dans la nuit, les chars se dirigent vers Lisbonne. Trois véhicules blindés légers suffiront pour contrôler la ville. Aucune résistance ne vient ralentir leur avance. Les forces de l’ordre se mobilisent.

Dans la matinée, un bref moment de tension oppose le jeune capitaine Salgueiro Maia à une unité blindée restée fidèle au régime. Sur un film amateur, on le voit s’avancer, une grenade dans la poche, vers les chars qui le menacent. L’ordre est donné de tirer sur les insurgés mais les troupes refusent d’obéir. Les soldats rejoignent le mouvement révolutionnaire. Une femme offre un œillet à l’un d’eux. Il le place sur le canon de son fusil, donnant sans le savoir à la révolution son symbole du printemps. Retranché dans son quartier général de la Garde républicaine, entité indépendante de l’armée, Lapin – alias Caetano – reste invisible. Salgueiro Maia l’appelle derrière son hygiaphone. Cela ressemble à une scène de théâtre. La foule observe, curieuse, fervente, mais calme. Après quelques tirs, Caetano accepte de se rendre, mais seulement à un général. Nous allons avoir Spinola.

Le régime s’effondre comme un château de cartes

Un vent de folie souffle sur Lisbonne. Les gens courent dans les rues. Devant le siège de la Pide – la redoutable police politique – on compte 5 morts et 45 blessés parmi les passants visés par les tirs paniqués de la police. Certains prisonniers politiques sont libérés. Les soldats empêchent les lynchages. Le régime s’effondre comme un château de cartes. Nourri de nombreuses images d’archives et de multiples témoignages, le documentaire frappe par la force tranquille qui s’en dégage. Les commentateurs ne ménagent pas leur admiration pour les libérateurs. A aucun moment n’est évoqué le rôle secret des Soviétiques – ils ont soutenu la guérilla au Mozambique ou en Angola – ni la menace que les communistes feront peser pendant un peu plus d’un an sur les libertés. Il ne faut pas porter atteinte aux légendes.

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