Le blind dating marocain qui fait scandale

Le blind dating marocain qui fait scandale
Le blind dating marocain qui fait scandale

Il y a trois jours, un OVNI s’est posé sur les réseaux sociaux marocains et alimente depuis une polémique sans précédent. Diffusion sur la chaîne YouTube Kawalissqui compte quelque 63 000 abonnés, cette émission qui s’appelle «tenue de rencontre à l’aveugle» met en scène une jeune femme face à une bâche blanche derrière laquelle se cachent cinq prétendants.

Elle leur pose tour à tour des questions auxquelles chacun doit répondre, dans l’espoir de ne pas se faire éliminer par la jeune femme. Au final, il n’en restera qu’un, choisi sur des critères vestimentaires, sa vision de la femme, du couple, ses aspirations dans la vie ou encore son caractère.

La diffusion de cette émission a provoqué une véritable onde de choc, une flopée de commentaires négatifs et fait grimper le compteur de vues à plus de 1,5 million en seulement trois jours. Et pour cause, tous les ingrédients du scandale sont là. A commencer par la jeune femme qui a cristallisé toutes les passions. De la micro-jupe qu’elle porte, à ses talons hauts, en passant par ses longs cheveux noirs corbeau qu’elle tripote compulsivement pendant quarante minutes, jusqu’à son maquillage scandaleux. Son comportement ainsi que ses propos ont également été jugés comme allant à l’encontre des bonnes mœurs, alors qu’elle déplore que la charia ne donne pas le droit aux femmes d’avoir quatre hommes alors qu’elle lutte pour éliminer un candidat. Une liberté de ton qui en a choqué plus d’un. Le dernier clou de son cercueil est le fait qu’elle confie à son chien le soin de choisir entre trois candidats. Ces derniers n’ont d’ailleurs pas été épargnés par les critiques qui déploraient leur faible niveau intellectuel, leur manque de valeurs et de fierté.

Les internautes sont unanimes : en aucun cas ces personnes ne représentent les Marocains. Alors pourquoi, se demandent beaucoup, a décidé de diffuser un tel programme dans un pays musulman, si ce n’est pour choquer ou déstabiliser la société marocaine et sa jeunesse. Face aux critiques, la jeune femme a partagé une vidéo sur TikTok pour expliquer qu’elle vit en Hollande où ce type de concept est normal, et qu’elle ne s’attendait pas à ce que cela provoque un tel scandale au Maroc. Un argument un peu léger qui n’a pas convaincu.

Mais au-delà du faible niveau intellectuel de ce programme, plusieurs choses nous inquiètent. Tout d’abord, l’exploitation politique qui a été faite de cette diffusion sur les réseaux sociaux par des comptes, toujours anonymes, qui dénoncent la révision de la Moudawana et ont désigné le mouvement féministe comme ennemi public numéro un. Alors que plusieurs militantes féministes sont victimes de menaces de mort sur les réseaux sociaux depuis plusieurs jours, cette émission est aujourd’hui brandie pour démontrer à tous, dans un résumé grossier, ce que deviendra le Maroc si jamais”progressistes », « gauchistes» sont venus imposer leur vision »pervers» du monde sur le sol marocain. Autrement dit, si le Maroc devait adopter des lois visant à «libérer la femme», et en fait, en affaiblissant l’homme (QED), voilà à quoi nous ressemblerions : une femme sans scrupules aux mœurs lâches et des hommes qui ont perdu toute fierté.

Les promoteurs de ce spectacle entendaient-ils créer un débat au sein de la société ? Cela semble évident. Dans quel but l’ont-ils fait ? C’est la question qui se pose. Une chose est sûre et tout le monde est d’accord, le niveau intellectuel de ce programme frise les pâquerettes et ne serait-ce que pour cette raison, on espère qu’un deuxième épisode ne verra pas le jour. Car non merci, le modèle télévisuel proposé dans d’autres pays désormais nourris de télé-réalité débilitantes et hypersexualisées ne nous séduit pas. À cet égard, les réseaux sociaux font déjà assez de mal.

On peut aussi mesurer leur impact en écoutant les candidats, qui sont issus de jeunes s’exprimant exclusivement en darija et en anglais, qui ne s’inscrivent pas dans un schéma classique d’insertion professionnelle, qui s’en sortent sans vraiment se projeter à l’avance. à l’avenir ou a décidé de vivre de sa passion dans le monde de la musique et du sport. Ce qui les unit, c’est une franchise naturelle et une aisance quasi professionnelle devant la caméra. Dans un pays où la hchouma et les tabous sont érigés en valeurs morales, cela est surprenant. Les réseaux sociaux qui ont été là, libérant la parole et les images, pour le meilleur et pour le pire. La célébrité est devenue un Graal, bien plus gratifiant qu’un diplôme, et pour y parvenir, on apprend très jeune à générer des clics et créer du buzz, quitte à faire rimer fin de Ramadan avec un parfum de scandale.

 
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