Dans le sillage de la croisade menée depuis plusieurs semaines par l’extrême droite française contre l’Algérie, le Parlement européen a voté jeudi une résolution, à une large majorité, exigeant la “libération immédiate et inconditionnelle” de l’écrivain Boualem Sansal.
Initiée par des élus de cinq groupes parlementaires sur les huit composant le Parlement européen, la résolution, adoptée par 533 voix pour, 24 contre et 48 abstentions, « condamne l’arrestation et la détention de Boualem Sansal et demande sa libération immédiate et inconditionnelle ». » .
Le Parlement européen demande la libération de Boualem Sansal
Arrêté mi-novembre à l’aéroport d’Alger, Boualem Sansal est poursuivi sur le fondement de l’article 87 bis du code pénal après des propos selon lesquels le territoire marocain aurait été tronqué par le colonialisme français au profit de l’Algérie.
La résolution du Parlement européen appelle ainsi à la révision de cet article ainsi que des lois « répressives » restreignant les libertés.
Condamnant également « les arrestations de tous les autres militants, prisonniers politiques, journalistes, défenseurs des droits de l’homme et autres personnes détenues ou condamnées pour avoir exercé leur droit à la liberté d’opinion et d’expression », la résolution affirme que « les futurs décaissements des fonds de l’Union européenne devraient tous tenir compte compte des progrès réalisés » en matière de respect de l’État de droit et de liberté d’expression.
Une rhétorique qui cache mal la volonté des initiateurs de la résolution d’exercer une pression supplémentaire sur les autorités algériennes après celle de l’extrême droite française.
Si Alger n’a pas encore réagi officiellement, des partis comme le RND ont condamné ce qu’ils qualifient d’« ingérence flagrante dans les affaires intérieures de l’Algérie et d’une violation de sa souveraineté et de son indépendance judiciaire ».
Dans un communiqué, le RND estime que la justice algérienne est la « seule instance habilitée à examiner les dossiers des citoyens algériens, et aucune partie étrangère, y compris le Parlement européen, n’a le droit de s’immiscer dans ces affaires ».
Le FLN et El Bina ont également dénoncé la résolution du Parlement européen sur l’affaire Sansal.
En France, cette résolution a suscité une vive polémique, notamment après le vote contre les élus de la France insoumise au Parlement européen.
-Connue pour ses prises de position, notamment lors du conflit palestinien, l’eurodéputée LFI Rima Hassan a essuyé des tirs nourris de l’extrême droite, notamment de la part du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau qui est en première ligne dans la gestion de la crise entre la France et l’Algérie.
Crise France – Algérie : Rima Hassan critique Boualem Sansal
“En votant contre la résolution de libération de Boualem Sansal qui prévoyait également une mission médicale pour évaluer son état de santé, Rima Hassan a sombré dans l’indignité”, a écrit Bruno Retailleau sur X.
Face à ce tollé, Rima Hassan n’a pas tardé à réagir en dénonçant l’exploitation de cette affaire par Boualem Sansal, un homme, dit-elle, « en fait qui défend dangereusement les théories identitaires d’extrême droite, reprend la rhétorique du grand remplacement voire stigmatise les exilés.
“Le texte en question a été mis à l’ordre du jour par une coalition de droite et d’extrême droite, il a notamment été signé par Marion Le Pen”, a-t-elle écrit sur X.
« L’exploitation de l’affaire Sansal à des fins d’ingérence et d’escalade diplomatique avec un pays voisin de l’UE est grossière : par exemple, des amendements ont été déposés pour introduire la question de l’immigration algérienne, le cas des influenceurs algériens ou encore la remise en cause de l’UE-Algérie. accord », ajoute-t-elle.
Comme pour enfoncer le clou, Rima Hassan rappelle que “ceux qui crient au scandale refusent aussi depuis des mois d’adopter une résolution sur le génocide à Gaza, la situation en RDC ou encore sur le nettoyage ethnique en cours au Soudan”.
Dans un contexte où la tension entre Alger et Paris commence à s’apaiser, cette résolution risque de relancer une fois de plus l’escalade, recherchée et alimentée par une extrême droite revancharde et qui voit l’Algérie comme le parfait bouc émissaire des problèmes de Franco. -Français.
Mais il est peu probable qu’Alger, qui a toujours insisté sur son refus de « toute ingérence », cède aux velléités de ce mouvement politique.