“C’est une mort qui aurait pu être évitée”

“C’est une mort qui aurait pu être évitée”
“C’est une mort qui aurait pu être évitée”

L’accident s’est produit le 15 mai à 20 h 40 à Saint-Germain-de-Grantham, dans le Centre-du-Québec, alors que Richard Hébert, 76 ans, revenait d’un rendez-vous au volant de sa voiture.

Il a percuté un tracteur agricole qui tirait derrière lui un conteneur à fumier.

« Il n’a pas vu le conteneur parce que le [panneau avertisseur triangulaire] était placé trop haut et les lumières étaient également trop hautes [sur le conteneur]. Les lumières de la voiture ne pouvaient donc pas se refléter sur la signalétique du conteneur », explique le fils du défunt.

Le triangle doit être placé sur la remorque agricole à une hauteur de 60 cm à 180 cm du sol (jusqu’à la base du panneau) afin que les lumières de la voiture puissent être projetées et produire un effet réfléchissant. (Marko Beric/123RF)

Yan Hébert ajoute « qu’un matériau cachait le triangle » lors de l’accident.

« Mon père et moi avions déjà un élevage de porcs, donc nous savons ce que c’est [cette signalisation]ce n’est pas nouveau. C’est une mort qui aurait pu être évitée.

Une démarche de sensibilisation

M. Hébert souhaite sensibiliser les agriculteurs, ainsi que les automobilistes, aux dangers d’une signalisation mal placée sur leur équipement agricole.

«Je veux que la SAAQ réagisse le plus possible et fasse de la prévention», a déclaré le Granbyois.

Deux articles du Code de la sécurité routière (CSR) sont, selon M. Hébert, encore « méconnus des agriculteurs ». Son souhait serait alors de « faire le tour des agriculteurs pour s’assurer que leur matériel est conforme ».

L’article 237 du CSR précise que : « Phares, feux et catadioptres […] doit être visible à une distance d’au moins 150 mètres et respecter les normes établies par règlement.

Ils doivent être exempts de tout matériau gênant.

Lorsqu’un équipement installé sur un véhicule obscurcit les phares, les feux ou les réflecteurs, le véhicule ou l’équipement doit être équipé de phares, de feux ou de réflecteurs équivalents placés aux endroits où ils peuvent être visibles.

L’article 274, quant à lui, mentionne que : « Tout véhicule routier construit pour circuler à une vitesse inférieure à 40 km/h ainsi que tout véhicule à traction animale doivent être munis d’un panneau d’avertissement dont les normes sont établies par règlement.

Ces deux articles sont également mentionnés dans le rapport du coroner rendu en janvier.

Des agriculteurs bien équipés

À l’Union des producteurs agricoles (UPA), Paul Doyon, premier vice-président de l’UPA Estrie, mentionne qu’il existe différentes façons de sensibiliser les agriculteurs à la sécurité routière.

« Nous avons réécrit un guide sur la sécurité routière en zone agricole en 2024 », mentionne-t-il.

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Il ajoute que des webinaires, des conférences et des vidéos sur la sécurité routière sont régulièrement présentés.

Paul Doyon, premier vice-président général de l’Union des producteurs agricoles de l’Estrie. (Union des Producteurs Agricoles)

« Nous disposons également de dépliants plastifiés que nous avons déposés dans les cabines des tracteurs avec les normes en termes de largeurs, de signalétique, etc. », ajoute-t-il.

De plus, selon M. Doyon, des ateliers de prévention sont au calendrier partout dans les MRC et « il y a toujours un segment sur la sécurité routière ».

En revanche, la formation est suivie sur une base volontaire et les agriculteurs n’y participent que s’ils le souhaitent.

« Chaque fois qu’il y a un accident, c’est toujours un de trop et nous en sommes toujours désolés. Je sais que dans ce cas, le coroner a identifié des lacunes, mais de notre côté nous faisons beaucoup d’efforts [pour sensibiliser] et il arrive quand même parfois des accidents déplorables.

Le rapport du coroner

Selon le rapport de six pages de Me Yvon Garneau, le décès de Richard Hébert serait accidentel.

Dans ce rapport, on peut également lire que « certaines exigences du Code de la sécurité routière (CSR) ne semblent pas respectées, ce qui a pu impacter la visibilité de la remorque de M. Hébert. De plus, on peut constater l’obstruction du panneau d’avertissement triangulaire et des matériaux réfléchissants par un matériau réduisant l’efficacité.

Il est également mentionné que «[…] la position du panneau ne respecte pas la hauteur prescrite (60 cm à 180 cm du sol à la base du panneau), le tout exigé aux articles 237 et 274 du CSR.

Ce rapport a été transmis à la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) dans l’espoir de voir quelques ajustements au Code de la sécurité routière pour les agriculteurs québécois.

La voix de l’Est n’a pas pu obtenir de réaction de la SAAQ suite aux recommandations du coroner.

« Je ne peux pas accorder d’interview sur le rapport car nous l’avons reçu début janvier. Elle est toujours en cours d’analyse et nous avons 45 jours pour répondre au coroner», explique Geneviève Côté, porte-parole et agente des relations publiques de la SAAQ.

De son côté, Yan Hébert espère avoir un suivi dans 45 jours et il assure que sa démarche est de bonne foi.

« Je ne veux aliéner personne, il n’y a pas de vengeance dans ce que je fais. Le but est d’en parler et si cela peut sauver une vie, ma fin sera accomplie », conclut-il.

 
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