Après 15 mois de guerre meurtrière dans la bande de Gaza, un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas doit entrer en vigueur dimanche matin et être suivi de libérations d’otages, alimentant les espoirs d’une paix durable malgré un avertissement de Benjamin Netanyahu.
Quelques heures avant l’échéance, fixée à 8h30 heure locale (7h30 heure suisse), le Premier ministre israélien a prévenu qu’il s’agissait d’un « cessez-le-feu provisoire » et qu’Israël conservait « le droit de reprendre la guerre si nécessaire ». et avec le soutien des États-Unis.
Selon les termes de l’accord conclu dans les derniers jours du mandat du président américain Joe Biden, les hostilités doivent cesser et 33 otages israéliens doivent être libérés, dans une première phase étalée sur six semaines.
Une augmentation de l’aide humanitaire
En échange, Israël libérera 737 prisonniers palestiniens, selon le ministère israélien de la Justice, l’Égypte faisant état de « plus de 1 890 prisonniers palestiniens » devant être libérés au cours de cette première phase.
Selon Joe Biden, cette dernière comprend également un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza et une augmentation de l’aide humanitaire dans le territoire menacé de famine selon l’ONU. Les autorités égyptiennes ont précisé que l’accord prévoyait « l’entrée de 600 camions humanitaires par jour », dont 50 camions-citernes.
Lors de la première phase, seront négociées les modalités de la seconde, qui doivent permettre la libération des derniers otages, avant la troisième et dernière étape consacrée à la reconstruction de Gaza et à la restitution des corps des otages morts en captivité.
«Nous attendons ce moment avec impatience»
Dans la bande de Gaza ravagée par le conflit, de nombreux Palestiniens déplacés ont déclaré qu’ils étaient pressés de rentrer chez eux.
« Nous attendons ce moment avec impatience, que la vie reprenne son cours normal […] Nous voulons nous rendre sur les marchés et les lieux publics en toute sécurité», a déclaré à l’AFPTV Ahmed Hamouda, un Palestinien déplacé à Deir el-Balah (centre).
Dimanche matin, avant l’entrée en vigueur de la trêve, l’armée israélienne a ordonné aux Gazaouis de ne pas s’approcher de ses soldats ni de se diriger vers la zone tampon. « À ce stade, se diriger vers la zone tampon ou se déplacer du sud vers le nord à travers la vallée de Gaza vous met en danger », a prévenu le porte-parole de l’armée en langue arabe, Avichay Adraee, sur Telegram.
Une fin définitive à la guerre
L’accord vise, selon le Qatar, à conduire à la fin définitive de la guerre, déclenchée par une attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023.
-L’attaque a fait 1.210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l’armée israélienne.
Au moins 46.899 personnes, pour la plupart des civils, ont été tuées dans l’offensive de représailles israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l’ONU.
Le feu vert du Hamas
Considérablement affaibli, le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, est cependant encore loin d’être anéanti, contrairement à l’objectif fixé par Benjamin Netanyahu, selon les experts. Mais après plus d’un an de négociations laborieuses, un accord de cessez-le-feu a finalement été annoncé mercredi.
Le gouvernement israélien l’a approuvé vendredi soir, après le feu vert du Hamas, considéré comme une organisation terroriste par Israël, les États-Unis et l’Union européenne.
Les otages seront libérés dimanche, a annoncé le gouvernement israélien, sans préciser leur nombre ni à quelle heure.
Benjamin Netanyahu réclame « la liste » des otages
Trois points d’accueil ont été installés à la frontière sud d’Israël avec Gaza, aux points de passage de Kerem Shalom et d’Eretz et à celui près du kibboutz Reim, a indiqué un responsable militaire. Les captifs seront pris en charge par des médecins. Selon des sources proches du Hamas, le premier groupe d’otages libérés devrait comprendre trois Israéliennes.
Benjamin Netanyahu a exigé samedi soir de recevoir « la liste » des otages qui seront libérés dimanche avant de pouvoir procéder au premier échange de prisonniers.
Israël a désigné dimanche 95 détenus palestiniens à libérer, en majorité des femmes et des mineurs, arrêtés pour la plupart après le 7 octobre. Leur libération interviendra après 14h00 GMT (15h00 suisses), selon les autorités.
« Peut-être que nous pourrons à nouveau respirer »
Parmi les prisonniers qui devraient être libérés figure Zakaria al-Zoubeidi, responsable des attaques anti-israéliennes et ancien chef local de la branche armée du Fatah, arrêté et incarcéré en 2019.
Deux Franco-Israéliens, Ofer Kalderon, 54 ans, et Ohad Yahalomi, 50 ans, font partie des 33 otages qui pourraient être libérés, selon Paris. Ils ont été kidnappés au kibboutz Nir Oz avec plusieurs de leurs enfants, libérés lors d’une première trêve d’une semaine en novembre 2023.
“Quand ils franchiront la frontière (de Gaza) et retrouveront leurs familles, alors peut-être pourrons-nous à nouveau respirer”, a déclaré samedi soir à l’AFP Shahar Mor Zahiro, neveu d’un otage décédé. , lors d’une manifestation à Tel Aviv.