Douarnenez et le cinéma : une divine idylle

Avec Julien Cadilhac, Pauline Burguin, Anne Gouerou, Thierry Salvert et d’autres, il fait partie de ceux qui ont créé le Centre de l’audiovisuel en 2017. « Nous étions convaincus qu’il fallait faire savoir qu’on pouvait faire ici notre métier, donner de la visibilité à nos compétences, à nos talents», dit-il, fier de rappeler le César 2024 du court métrage qu’il a remporté pour «Été 96», réalisé par Mathilde Bédouet. « Nous sommes la première société de production bretonne à avoir remporté un César ! »

Membres du comité d’administration du centre audiovisuel de Douarnenez-Cornouaille (Pôl. e) : Julien Cadilhac, monteur, Vanessa Le Reste, réalisatrice et productrice, et Thierry Salvert, réalisateur. (Lannig Stervinou)

Pôle magnétique post-crise sanitaire

Jusqu’en 2017, le Département appuyait la production de courts métrages. Et il a été supprimé. Les professionnels locaux se sont alors rassemblés pour protester et se sont rendu compte qu’ils étaient nombreux à Douarnenez. « On s’est dit qu’on pourrait mieux se connaître : qui fait quoi, qui a du matériel, qui a besoin de quoi… Et, en même temps, il y a eu des problèmes de locaux pour un éditeur, Julien Cadilhac. Il y avait des auteurs qui disaient en avoir marre de travailler à la table de la cuisine…», rembobine le réalisateur Thierry Salvert. « Il y avait une volonté de mutualiser les talents, le matériel et les locaux », résume Vanessa Le Reste, directrice et gérante de la société de production Dahud. «C’est plus qu’un simple coworking. Il s’agit d’abord de créer des espaces de rencontre, des passerelles », poursuit Thierry Salvert.

Pour moi, comme pour beaucoup d’autres personnes, c’était le bon moment pour quitter Paris. Et parce que le Pol. e existait, je suis venu à Douarnenez

La crise sanitaire a aussi été un déclencheur. « Pour moi, comme pour beaucoup d’autres personnes, c’était le bon moment pour quitter Paris. Et parce que le Pôl.e existait, je suis venue à Douarnenez », raconte Vanessa Le Reste. Effet catalyseur, ce sont aujourd’hui plus d’une centaine d’indépendants et une vingtaine de structures qui rejoignent le Pôl.e. « Il y a tous les métiers. Ici, on peut faire un film de A à Z», se réjouit-elle.

Gurvan Hue, Loeiza Recourt, Pauline Burguin et Liza Le Tonquer de la société de production Quatre et Demi. (Lannig Stervinou)

À l’avant-garde de l’Europe

« Je travaillais dans l’audiovisuel à Paris et quand j’ai voulu revenir vivre dans le Finistère, j’ai dû rejoindre des gens du même domaine et c’est à Douarnenez qu’il se passait quelque chose, grâce à Pôl.e. J’aime rappeler que Douarnenez est à la pointe de l’Europe », souligne Loeiza Recourt, de la société de production Quatre et demi, associée à Gurvan Hue, Pauline Burguin et Liza Le Tonquer. «Nous nous définissons comme un collectif d’auteurs ainsi que de producteurs», explique Pauline Burguin. Pour Gurvan Hue, il s’agissait « d’essayer un modèle un peu singulier qui se développe dans de nombreux secteurs, une forme de coopérative avec une circulation d’idées, un partage de compétences, de connaissances et un modèle économique différent ». Si Gurvan Hue, Loeiza Recourt, Quimperois exilés dans la capitale sont revenus, Pauline Burguin et Liza Le Tonquer vivent depuis longtemps en Cornouaille. « Nous ne faisons que suivre le mouvement qui s’est mis en place il y a des années avec le festival du film, Le Club, le secteur audiovisuel et cinéma du lycée et Doualagad Breizh », résume Pauline Burguin.

Elen Rubin et Leila Colin de Daoulagad Breizh. (Rapport Stervinou)

Éducation et formation à l’image

Daoulagad Breizh a été créée en 1982. « Notre association œuvre sur la diffusion des films bretons et sur différents projets d’éducation à l’image. C’est très lié à l’histoire du festival. Au départ, l’idée était d’étendre le festival tout au long de l’année », explique Elen Rubin, la directrice, dont l’objectif est de « défendre la création audiovisuelle en Bretagne ». Le premier projet réalisé en matière d’éducation à l’image devait être le relais culturel de l’option cinéma au lycée qui existe depuis 1986. Car si un territoire devient dynamique dans un domaine, il le doit à sa jeunesse. «C’était un des premiers en , expérimental au début puis ça a continué», explique Christian Duplessier, directeur de la cité scolaire Jean-Marie-Le-Bris. 74 étudiants sont inscrits cette année dans l’option spécialité et cinéma audiovisuel, dont environ 50% issus des Douarnenistes. « Nous avons des étudiants qui viennent de Brest, Carhaix, Quimper, Quimperlé… Plus loin, nous avons accueilli un étudiant d’Angers il y a deux ans », explique François Bétou, enseignant coordonnateur de la spécialité et option cinéma-audiovisuel.

Tous les ingrédients sont réunis pour faire de Douarnenez un haut lieu de l’audiovisuel en Bretagne

Un BTS ouvrira à la rentrée prochaine. Un BTS pour lequel Loïc Hénaff, conseiller régional de Bretagne, s’est battu afin de lui trouver une bonne place dans le bâtiment rénové du lycée. « Tous les ingrédients sont réunis pour faire de Douarnenez un haut lieu de l’audiovisuel en Bretagne », affirme-t-il. La ville dispose d’un écosystème unique qui peut contribuer au rayonnement du secteur au niveau européen. Je pense que vous devez cultiver vos forces. La Région, qui a gelé le budget culture depuis 2023, subventionne également le festival du film.

Yannick Reix est le nouveau directeur du Festival du Film de Douarnenez.
Yannick Reix est le nouveau directeur du Festival du Film de Douarnenez. (Lannig Stervinou)

« Comprendre le monde, voir les autres autrement »

En 1978, ce festival est né de l’envie de « comprendre le monde, de voir les autres autrement, selon Erwan Moalic, son fondateur, mais aussi de s’intéresser à ce qui se passe chez soi. Notamment dans la production cinématographique et audiovisuelle made in Bretagne. Pour sa 47e édition, le festival accueille un nouveau directeur en la personne de Yannick Reix.

 
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