Elle était une héroïne obscure de la Seconde Guerre mondiale. Noreen Riols est décédée il y a quelques jours dans sa 99e année, a-t-on appris mardi. Elle laisse derrière elle son incroyable histoire. Celle d’un agent secret au service de la couronne britannique, d’une personne « invisible » pourtant chargée d’une des missions les plus délicates de l’époque : la transmission des fameux messages codés.
Limitée au secret-défense par les autorités outre-Manche depuis 60 ans, Noreen Riols a livré ses mémoires dans une autobiographie il y a une dizaine d’années, depuis le salon de sa petite et cossue maison de Marly-le-Roi.
On découvre comment la lycéenne française de 17 ans qu’elle était en 1943, et qui comptait alors s’engager dans la Navy, la marine britannique, a finalement été dirigée vers le 64 Baker Street. Ou encore le QG du Special Operation Executive, les services secrets de Churchill. « Moins vous en savez, mieux c’est », lui disait-on à l’époque.
Devenue agent Baxter – son nom de jeune fille – Noreen devient alors espionne dans la Section F – pour la France – chargée de soutenir et d’organiser la résistance intérieure. Officiellement employée par un ministère, elle était en réalité chargée de participer aux débriefings au retour de missions, de servir d’appât, de déchiffrer des codes, de vérifier la capacité des agents à garder le silence en toutes circonstances, ou encore de transmettre à la BBC les fameux messages. Dont un certain « Les carottes sont cuites ».
Démobilisée après la guerre, elle a continué à travailler à la BBC tout en gardant le secret, « sans aucune reconnaissance » du SOE, se rappelait-elle il y a quelques années. « Nous avons formé une armée non officielle. Nous étions censés n’avoir jamais existé. »
En 2014, Noreen Riols a été décorée de la Légion d’honneur par le préfet des Yvelines sur recommandation de son ami de section F Bob Maloubier, célèbre agent aux multiples faits d’armes basé à Houilles et décédé en 2015. Jean-Yves Perrot , le maire (LR) de Marly-le-Roi a salué ce lundi la mémoire d'”une grande dame” dont la vie est “à la fois un roman et une suprême leçon de courage”, élégance et humour.
« Les honneurs sont pour ceux qui ont perdu la vie », nous disait modestement Noreen Riols il y a dix ans en regardant ses décorations soigneusement conservées. Ils sont pour elle aujourd’hui.
Ma vie dans les services secrets 1943-1945 : L’école d’espions de Churchill de Noreen Riols aux éditions Calmann-Lévy