Giovanni Mpetshi Perricard devient l’attraction de début d’année en Australie. Sous le feu des projecteurs d’emblée à Brisbane pour avoir affronté et battu le retour médiatique Nick Kyrgios, avant d’enchaîner face à Frances Tiafoe puis, ce vendredi, le jeune et talentueux Jakub Mensik (7-5, 7-6), le double mètre français est le discours de Brisbane. Et sur les réseaux sociaux, même Boris Becker s’en est mêlé.
Réagissant à un tweet du compte « The Big Three » vantant les qualités du service de Mpetshi Perricard, l’ancien numéro un mondial a tempéré quelques ardeurs : «Perricard a le meilleur service que j’ai jamais vu. De la mécanique à la facilité de puissance en passant par l’efficacité. Je pense qu’il finira par être considéré comme le meilleur serveur de tous les temps.» “En êtes-vous vraiment sûr ?», a répondu Becker, citant Pete Sampras comme exemple.
Vaste débat et, après tout, la pensée finale (et non la déclaration) concerne le futur et non le présent. Ce qui est sûr, c’est que Mpetshi Perricard fait du bruit, cause des dégâts et cause des ennuis. Cela frustre aussi. La poignée de main avec Jakub Mensik était glaciale, témoignant du dégoût du Tchèque. Affronter Mpetshi devient une forme d’épreuve psychologique. En réponse, le Tricolore a fait une petite moue dubitative. À moitié surpris, à moitié indifférent. Il a raison. Ce n’est pas son problème, mais celui de ses adversaires.
Mais oui, il y a de quoi être frustré. Sur l’ensemble de la saison 2024, Giovanni Mpetshi Perricard a vu 46,5% de ses services ne pas être restitués. Près d’un sur deux. Personne n’a fait mieux dans ce domaine. Il a servi en moyenne à 217 km/h au premier ballon. Mieux (ou pire, selon votre point de vue), sa deuxième balle moyenne : 197 km/h. Il est déjà co-détenteur du record du deuxième ballon le plus rapide de tous les temps avec une pointe à 235 km/h en juin dernier sur la pelouse de Stuttgart. Il avait ensuite égalé la marque de Milos Raonic en 2017 enregistrée à Melbourne.
Tiafoe n’a pas résisté non plus : Le résumé du succès de Mpetshi Perricard
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Des stats déjà colossales à Brisbane
Et ce n’est probablement qu’un début. Vendredi, lors du tie-break du deuxième set, on l’a vu servir plusieurs fois à plus de 210 sur son deuxième service. Sans forcer une seule seconde. Délire. Cette prise de risque maîtrisée le rend quasiment injouable au niveau de son engagement, d’autant qu’il ne fait pas n’importe quoi au gré du gré. Contre Mensik, il n’a commis que deux petites doubles fautes.
“J’ai affronté Ivo Karlovic, John Isner, Milos Raonic, tous ces excellents serveurs, et il a le plus gros service que j’ai vu jusqu’à présent.», a témoigné Nick Kyrgios après leur match en début de semaine.
Quatre as et un jeu en or pour Mpetshi Perricard, Kyrgios préfère sourire
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Pour l’heure, sur ses trois premiers matches de l’année, Mpetshi Perricard affiche des statistiques ahurissantes. L’échantillon est certes encore minuscule, mais il serait surprenant qu’il s’affaiblisse drastiquement. Il en est à 75 aces, 83,5% de points gagnés derrière sa première balle et 60% sur la seconde. Sans surprise, il n’a pas encore été breaké, écartant les quatre balles de break qu’il a affrontées en 41 jeux de service.
Ce serait injuste de le réduire à son seul service, car il a autre chose dans son jeu. Mobilité étonnante pour son gabarit (203 centimètres sous la jauge) et progrès significatifs au filet (il a particulièrement travaillé la volée à l’intersaison, comme il l’a souligné vendredi, se comparant même ironiquement en plaisantant à Pat Rafter), comme la balle de match contre Mensik.
Mais il serait tout aussi absurde de ne pas voir à quel point cette arme globale, première et donc deuxième balle confondues, constitue une force de frappe assez unique. Il lui faudra être autre chose qu’un « bot de service » s’il veut influencer les matchs et, peut-être, son époque. Mais rien qu’avec cela, il peut déjà voyager loin et faire tourner quelques têtes.