À partir de 2013, la Tunisie a vu nombre de ses citoyens partir rejoindre les rangs de Daesh (acronyme arabe de l’organisation État islamique) en Syrie et en Irak, devenant ainsi l’un des pays au monde les plus touchés par ces départs. . Un traumatisme si profond que la question de leur retour reste un sujet sensible, voire tabou. Un tabou que Meryem Joobeur veut briser dans son premier long métrage, qui sort en France mercredi 1est Janvier. La Source « raconte une histoire où la symbolique et la beauté des paysages, alliées à la justesse du jeu des acteurs, donnent une singularité à ce qui pourrait être perçu comme un énième film sur la radicalité », résume le site tunisien Nawaat.
Si de nombreux cinéastes et artistes tunisiens ont exploré la question ces dernières années, le réalisateur canado-tunisien livre un regard unique dans ce film contemplatif et onirique que les journalistes tunisiens ont pu découvrir lors de sa projection lors des Journées cinématographiques de Carthage, à la mi-décembre. C’est à travers le regard d’Aïcha que l’on entre dans l’histoire de cette famille de bergers vivant dans une région reculée du nord du pays, et dévastée par le départ en Syrie de deux de leurs fils, Amine et Mehdi. Cette dernière sera la seule à revenir, provoquant des tensions entre la mère et son mari, Brahim ; en désaccord sur leurs responsabilités et la nécessité de cacher ou non ce retour ; ainsi que les questions de leur jeune frère, Adam.
Les dilemmes d’une pietà
« Aïcha, tout en accueillant son fils, reste déchirée par la violence qu’il incarne. Le film interroge les limites de l’acceptation maternelle : jusqu’où une mère peut-elle aller pour aimer et protéger son enfant ? expliquer Nawaat. Pour le journal tunisien La presse, elle est une figure de “pietà qui fait face au drame et [de] matrice qui contient les maux de la famille, ses propres prémonitions angoissantes, le silence horrifiant qui accompagne le retour du fils et la douleur de la perte annoncée ».
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