RÉTROSPECTIVE.
Les vœux présidentiels d’Emmanuel Macron, de 2017 à 2024, offrent un aperçu des événements majeurs qui ont marqué son mandat et la vie des Français depuis son accession au pouvoir. Entre réformes ambitieuses, projets avortés, promesses non tenues et gestion de crise, ces discours retracent le chemin parfois chaotique parcouru par la France et son président.
Depuis son élection, Emmanuel Macron a utilisé ses vœux de fin d’année pour rappeler les espoirs qu’il porte à la nation et aux Français face aux nombreux défis de notre époque. De la réforme économique, à la réforme des retraites, en passant par la résilience face à la pandémie ou aux crises économiques, chaque discours reflète ses priorités, ses aspirations et ses idéaux. La rétrospective que nous vous proposons offre un aperçu des grandes thématiques qui ont marqué sa présidence, rythmées par ses incessants appels à l’action, à l’unité ou à la solidarité teintés de sacrifice.
VOEUX À LA NATION.
2017- Réformer, moderniser et revitaliser la France
Pour ses premiers vœux de président, à revoir en tête d’article, Emmanuel Macron expose plusieurs thèmes qui reviendront chaque année dans ses discours. En 2017, il s’est concentré sur la réforme de la France qu’impliquait son élection. Il s’agit notamment de la modernisation du pays, en mettant l’accent sur l’importance de l’unité et de la cohésion nationale de l’engagement citoyen par le travail, la solidarité et la fraternité. On parle également beaucoup des engagements internationaux de la France face au défi de l’islamisme et du renforcement des liens avec l’Europe. Voici quelques passages clés des vœux du 31 décembre 2017.
« C’était l’année du choix : le choix du peuple français, votre choix par lequel vous m’avez accordé votre confiance et avec lui votre impatience, vos exigences, vos attentes ; J’en suis pleinement conscient. De plus, depuis mon élection en mai dernier, je me suis simplement attaché à faire ce à quoi je me suis engagé lors de la campagne présidentielle. Le Premier ministre (Édouard Philippe), son gouvernement est à pied d’œuvre depuis mai dernier avec un Parlement profondément renouvelé pour mettre en œuvre ses engagements. Par vos choix au cours de l’année 2017, vous avez profondément renouvelé notre vie politique et vous avez permis qu’une profonde transformation de notre pays s’opère : à l’école pour nos enfants, au travail pour tous nos concitoyens, pour le climat, pour la la vie quotidienne de chacun d’entre vous. Ces transformations profondes ont commencé et se poursuivront avec la même force, le même rythme, la même intensité pour l’année 2018. L’année qui s’ouvre est en effet un défi parmi tant d’autres et nous y construisons une bonne partie de notre avenir. . »
« Je continuerai à faire ce pour quoi vous m’avez élu : rendre la France plus forte et plus juste ; permettre, non pas d’adapter notre pays aux changements du monde, mais de lui permettre d’être ce qu’il est : un pays fort avec une exigence universelle qui, parce qu’il est plus fort, produit plus, peut justement assurer la solidarité sur le sol national et ayant une exigence humaniste à l’échelle internationale. »
« Enfin, sur le plan national, à mes yeux, l’année 2018 sera celle de la cohésion de la Nation. Nous avons été divisés trop longtemps et trop souvent. Les débats sont nécessaires, les désaccords sont légitimes, mais des divisions irréconciliables minent notre pays. Je souhaite plus d’harmonie pour la France en 2018. Pour cela, je veux avant tout m’appuyer sur le renseignement français, car nous l’avons en nous. L’école doit être le creuset de cette cohésion nationale et nous continuerons à la renforcer ; la formation tout au long de la vie est la protection essentielle qui permettra à chacun d’affronter les grands changements, de mieux les comprendre et de se former à de nouveaux métiers. La science est un levier essentiel pour réussir à préparer notre avenir et c’est pourquoi notre recherche est déterminante et notre culture est ce socle commun de notre imaginaire, un imaginaire dont nous avons besoin, un imaginaire du futur où chacun doit pouvoir se retrouver. . »
« Enfin, notre cohésion nationale dépend aussi de votre engagement. Oui, la cohésion de la Nation n’est pas simplement l’œuvre du Président de la République, de son Premier Ministre ou du gouvernement ; c’est l’œuvre de chacun d’entre vous. Demandez-vous chaque matin ce que vous pouvez faire pour le pays et au-delà de votre quotidien, de votre vie, parfois de ses difficultés, dites-vous toujours que vous appartenez à un collectif plus fort, plus grand que vous : la Nation Française. C’est ce collectif qui vous a éduqué, qui prend soin de vous, qui lorsque vous tombez, vous aide à vous relever, qui vous aidera dans vos vieillesses et vous dira à chaque instant que vous avez quelque chose à faire pour la Nation. J’ai besoin de cet engagement. »
2018-Entrée dans une ère de bouleversements et de défis
Les vœux présidentiels d’Emmanuel Macron prononcés le 31 décembre 2018 ont un ton plus sérieux que l’année précédente. Dans son discours, il aborde largement la crise des gilets jaunes et les tensions sociales internes, promettant des mesures pour améliorer le pouvoir d’achat et renforcer le dialogue avec les citoyens. Le président évoque également plusieurs bouleversements sans précédent qu’il pressent imminents : la fin du capitalisme, la crise de la civilisation occidentale et celle du rêve européen. Découvrez quelques passages clés des vœux pour l’année 2019.
Après avoir évoqué les grands chantiers en cours du gouvernement, il revient sur la crise qui frappe la France avec des milliers de Français sur les ronds-points. ” Nous avons également vécu un grand chagrin et une colère a éclaté, qui venait de loin ; la colère contre les injustices, contre le cours d’une mondialisation parfois incompréhensible ; colère contre un système administratif devenu trop complexe et manquant de bienveillance ; colère aussi contre les changements profonds qui interrogent notre société sur son identité et son sens. Cette colère m’a dit une chose, quels que soient ses excès et ses dérives : nous ne sommes pas résignés, notre pays veut construire un avenir meilleur basé sur notre capacité à inventer de nouvelles façons de faire et d’être ensemble. »
Après avoir abordé la crise nationale, il décline davantage les points internationaux, qu’il ne faut pas ignorer, précise-t-il, se présentant implicitement comme un bouclier aux côtés de l’Europe. Et d’énumérer les nombreux dangers qui menacent l’ordre établi : « Il serait dangereux que notre situation nous amène à ignorer le monde qui nous entoure. Bien au contraire, car tout s’emboîte ! Ici aussi, de grandes certitudes sont mises à mal. L’ordre international construit en 1945 est remis en question par de nouvelles puissances et abusé par certains de nos alliés. Les partis extrémistes se multiplient partout en Europe, tandis que les interventions des États étrangers et des puissances privées se multiplient. Les grandes migrations nous inquiètent et sont exploitées par les démagogues alors même qu’il nous faut construire de nouvelles réponses à ce phénomène qui ne s’arrêtera pas demain, compte tenu de la démographie mondiale. Les luttes contre le réchauffement climatique et pour la biodiversité sont plus que jamais nécessaires, mais freinées. Ensemble, nous surmonterons l’égoïsme national, les intérêts particuliers et l’obscurantisme. Le terrorisme islamiste continue également de faire rage ; elle évolue et se déploie sur tous les continents. Il y a quelques semaines, à Strasbourg, il a encore frappé comme il avait frappé à Trèbes et à Paris au cours de l’année qui s’achève. Enfin, de profondes évolutions technologiques, au premier rang desquelles l’intelligence artificielle, transforment rapidement la façon dont nous prenons soin de nous, nous déplaçons, nous formons, produisons, etc. »
« Voyez-vous, nous vivons plusieurs bouleversements sans précédent : le capitalisme ultralibéral et financier, trop souvent guidé par le court terme et l’avidité de quelques-uns, se dirige vers sa fin ; notre malaise dans la civilisation occidentale et la crise de notre rêve européen sont là. Alors faut-il désespérer ? Je n’y crois pas. C’est un défi immense et tout cela est évidemment lié au mal-être que connaît notre pays, mais justement, nous avons une place, un rôle à jouer, une vision à proposer. C’est la ligne que je trace depuis le premier jour de mon mandat et que je compte poursuivre. C’est remettre l’homme au cœur de ce projet contemporain. Cela demande beaucoup de cohérence et de détermination. Mais je suis profondément convaincu qu’il faut inventer une réponse, un projet profondément français et européen à ce que nous vivons chez nous et au-delà de nos frontières. »
Et de conclure par trois vœux : un souhait de vérité, un souhait de dignité et un souhait d’espoir.