(Montréal) La pénurie de personnel de santé ne touche pas seulement les cliniques et les hôpitaux, mais aussi les Forces armées canadiennes. Des 439 postes dans les domaines médical et dentaire militaire au Québec, environ 150 sont actuellement vacants.
Katrine Desautels
La Presse Canadienne
Cela s’explique notamment par le fait que le bassin de main-d’œuvre est le même qu’ailleurs dans le réseau de la santé, tant privé que public.
«De nombreux postes que nos unités attendaient patiemment viennent d’être approuvés», a indiqué par courriel Alicia Gagnon, porte-parole des Forces armées canadiennes (FAC). Outre cette considération, se pose également la question des entrepreneurs pourvoyant certains postes vacants jusqu’à ce qu’ils puissent être pourvus de manière appropriée. »
Le lieutenant-colonel Alain Miclette, médecin-chef régional Force opérationnelle interarmées (Est), a expliqué que les Forces armées privilégient une notion d’approche multidisciplinaire et la polyvalence du personnel médical.
«La santé est une vocation», soulignait-il en entrevue à La Presse Canadienne en octobre. Nous avons une population vieillissante dans le pays, donc la demande de prestataires de soins, tant au niveau des infirmières auxiliaires, des ambulanciers paramédicaux, des pharmaciens, des techniciens de laboratoire, augmente de plus en plus et c’est le même bassin dans lequel nous recrutons. »
Dr Miclette estime qu’il y a environ 3 000 travailleurs de la santé au sein des Forces armées pour prendre en charge 60 000 personnes dans la force régulière ainsi que 25 000 réservistes à travers le pays. « C’est comme une ville dispersée », illustre-t-il.
Nous n’avons pas tout le personnel pour combler tous nos postes militaires pour prodiguer des soins selon les échelles de soins qui ont été établies.
Lieutenant-colonel Alain Miclette, médecin-chef régional Force opérationnelle interarmées
« Cela étant dit, lorsque vous avez un poste militaire qui ne peut pas être pourvu, il y a un entrepreneur qui aide à recruter des médecins, des infirmières, des cliniciens, du personnel soignant sous contrat temporaire pour combler les postes vides afin que la continuité des soins puisse avoir lieu », explique le médecin-chef.
Pas toujours sur le champ de bataille
Il existe 19 professions liées aux services de santé au sein des FAC. Les membres du personnel soignant possèdent certaines compétences et formations qui ne sont pas requises dans le réseau de la santé provincial et territorial.
Par exemple, tous les prestataires de soins de santé militaires doivent être capables de « tirer, se déplacer, communiquer et survivre dans l’environnement dans lequel ils prodiguent des soins ». Ils doivent également savoir travailler avec des équipements de protection tels qu’un masque à gaz pour se protéger contre les agents de guerre chimique. En soins intensifs, le personnel doit avoir des compétences dans la prise en charge des victimes d’explosions ou d’agents de guerre chimique.
Mais le quotidien des personnels soignants ne se déroule généralement pas dans un environnement hostile. Les membres des FAC reçoivent des soins comparables à ceux prodigués aux civils, même si certains soins sont adaptés à leur rôle militaire.
“L’une des grandes différences entre ce que pense la population et ce qui se passe dans la réalité est que nous ne sommes pas dans une routine de guerre permanente”, a soutenu D.r Miclette.
Il a indiqué que la majorité du personnel de santé travaille en garnison sur des bases militaires au Canada, qui ressemblent à de grandes cliniques médicales.
Les bases plus grandes disposent de services intégrés à la clinique, tels que des services de radiologie et de laboratoire. « La majeure partie de la partie clinique des soins en garnison ressemble à une clinique de médecine familiale. C’est voir les petits maux du quotidien, les maladies chroniques et tout ça”, résume D.r Miclette.
« Notre modèle est basé sur le fait d’être un peu autonome et indépendant pour ne pas avoir à faire de pression sur le système public, mais nous devons quand même composer avec le système public pour certains services étant donné qu’avoir des appareils à résonance magnétique dans toutes les bases canadiennes permettrait coûteraient extrêmement cher et nous n’en utiliserions pas beaucoup par rapport aux besoins que nous avons », explique D.r Miclette.
L’un des rôles méconnus des équipes médicales des FAC est leur participation à la lutte contre les épidémies. Par exemple, fin 2014 et 2015, des membres des forces armées ont contribué à lutter contre l’épidémie d’Ebola en Sierra Leone, en Afrique de l’Ouest.
Dr Miclette a également parlé des inondations au Honduras, du tsunami aux Philippines, des tremblements de terre en Turquie et au Népal, pour n’en citer que quelques-uns. « Nous avons une équipe canadienne d’intervention en cas de catastrophe dont le mandat est de répondre aux crises humanitaires lorsqu’elles surviennent. […] Ce sont des gens qui sont formés pour partir au plus vite pour soutenir les populations locales », précise-t-il.
Le personnel militaire est actuellement déployé partout dans le monde, principalement à des fins de surveillance, de soutien indirect et de formation.
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