“Deux kilos de filet s’il vous plaît!” » ; « Avez-vous besoin de deux ou trois douzaines d’huîtres ? » Au marché des Capucins de Bordeaux, ce dimanche 29 décembre semble tout à fait normal, avec ses habituelles questions au grammage près et ses dizaines de poireaux qui sortent des caddies à roulettes. Pourtant, à y regarder de plus près, un certain enthousiasme semble se dessiner chez les commerçants et les clients. Dans deux jours, il faudra s’y remettre. Le réveillon de Noël en famille vient à peine de se terminer qu’il faut déjà penser au dernier repas de 2024.
Après la dinde de Noël, faut-il servir un magret de canard, des huîtres, préparer le rôti la veille ou plutôt un plat sans chichi de dernière minute ? Tant de questions pour tant de réponses. « J’avoue que pour nous, ce sera simplement un petit apéritif dînatoire, le plus important c’est de faire la fête », raconte Jean, comté, saucisson et tomates dans son sac en toile de jute.
« Contrairement à Noël, pour le Nouvel An, les gens ne veulent pas trop s’embêter à faire leur liste longtemps à l’avance. Ce sont des achats nettement plus opportunistes», analyse le regretté expert Frédéric Simon, ostréiculteur du bassin d’Arcachon. Compte tenu du peu de commandes d’ici mardi, il ne compte pas vraiment là-dessus pour doper son chiffre d’affaires. « Pour les fêtes, il faut que nous ayons deux tiers de Noël et un tiers de réveillon. »
D’autant qu’avec la situation économique actuelle, les budgets deviennent nettement plus serrés qu’avant. « Les clients ont toujours envie de se faire plaisir, mais ils sont encore plus attentifs à la quantité », explique Matthieu Rouffineau, un confrère ostréiculteur de Charente-Maritime, deux stands plus loin. « On m’a déjà demandé trois douzaines et trois quarts d’huîtres pour arriver à 40 pièces au total. » Ce week-end étant assez calme, l’ostréiculteur s’attend à voir les Bordelais se réveiller quelques heures avant le dîner fatidique, d’autant que le marché ouvrira exceptionnellement ce lundi 30 décembre.
Les classiques ont toujours la cote
Un design de réveillon nomade qui ne plaira pas à Valérie, gérante de la fromagerie La Ronde des fromages. « En ce moment, ça marche plutôt bien, notamment les classiques qui font vraiment leur grand retour cette année. Je viens de recevoir un Comté de 40 mois qui ne va pas durer longtemps, pareil pour le Brie truffé ou le Saint-Nectaire”, explique-t-elle.
Du côté du stand de la Ferme d’Enjacquet, Patrick Bécoye, éleveur de volailles dans le Gers, surveille autour de lui la fréquentation ce matin. “Pas grand monde ce matin, ils doivent tous être en vacances, il y a de la neige dans les Pyrénées”, estime-t-il en grand connaisseur, ses dix-huit années sur le marché “Capu” ne peuvent le contredire.
Pour lui, la grande tendance, ce ne sont pas les dindes, « c’est même démodé ! », rit-il – mais le chapon rôti, farci, sans surprise, de truffe, de foie gras ou d’abricots. « On ne veut plus s’embêter à cuisiner pendant des heures, il ne reste plus qu’à le mettre au four et c’est tout bon ! »