Si l’on voit bien, de loin, un morceau de fesses charnues de Kévin Costner gambader nu sous une cascade Robin des Bois, prince des voleurssachez que ce ne sont pas vraiment celles de celui dont la popularité à Hollywood était au sommet, après avoir filmé Danse avec les loups et Les Intouchables. Non. Même filmés à plus de cinquante mètres, pudeur oblige, ce sont ceux de son double !
Mais le film Kévin Reynoldssorti en 1991, est loin de se limiter à cela. Avec son budget dépassant les 60 millions de dollars et l’apparition, à la toute fin, de Sean Connery dans le rôle de Richard Cœur de Lion (250 000 $ pour une journée de tournage), c’est une grosse production et une relecture, sinon audacieuse, disons originale, de Robin des Bois. Le scénariste britannique Penn Denham eut un jour l’idée de modifier l’histoire du justicier en collants de Sherwood Forest telle qu’on la connaît grâce aux films, notamment celui avec Errol Flynn, en 1938, et le dessin animé Disney de 1973, pour faire Robin de Locksley le fils d’un noble, plutôt un gosse, gâté, qui découvre, au retour des croisades – après avoir passé cinq ans dans les geôles des Maures –, une conscience sociale et devient un rebelle. Sans collants, cheveux longs, un ton mordant, presque ironique, maniant une épée et sachant, bien sûr, tirer des flèches comme personne. Mais cette dernière facette, ou plutôt ce talent particulier, est quasiment mis de côté dans le scénario : en fait, pas la moindre trace d’un tournoi d’archers. En revanche, les combats à la pelle.
MEL GIBSON PREMIÈRE CONSIDÉRÉE POUR LE RÔLE
Pour incarner ce Robin des Bois décalé, Mel Gibson est demandé en premier. Mais l’acteur, entre deux Armes fatales (2 et 3), décline en découvrant le scénario qu’il a imaginé davantage dans l’esprit deErrol Flynndont il est fan. Kevin Reynolds en demande alors un autre Kévin, Costner, qu’il avait débuté dans la comédie Une sacrée fêteen 1985. L’acteur avait déjà été approché à deux reprises, mais avait décliné. Lorsqu’il apprend que Kevin Reynolds est aux commandes, Costner accepte sans même avoir lu les dernières évolutions du scénario : « Je pensais que Kevin était un si bon cinéaste que j’aurais dit oui de toute façon. »
Ultra demandé entre la sortie et le succès de Danse avec les loups et en tournant un autre gros projet, J FK, Kevin a peu de temps pour se préparer au rôle. Il avait imaginé prendre un accent anglais. Il n’a pas le temps de peaufiner son projet et abandonne l’idée. D’où un Robin des Bois parlant anglais comme un Californien des temps modernes, plutôt qu’un noble du Moyen Âge. Dans la version française, Bernard Lanneau, ce qui le double, lui donne beaucoup de second degré, tout en gardant une pointe d’arrogance. Le film est tourné en partie au Royaume-Uni et en France, à Carcassonne, dont les remparts deviennent ceux de Nottingham. Dès sa sortie, le film vole de disque en disque. Il a engrangé près de 400 millions de dollars de recettes mondiales, se classant parmi les films les plus rentables, derrière Terminator 2.