Toujours en crise, l’Argentine de Javier Milei vend 600 millions de dollars de réserves

Toujours en crise, l’Argentine de Javier Milei vend 600 millions de dollars de réserves
Toujours en crise, l’Argentine de Javier Milei vend 600 millions de dollars de réserves

Cette vente est la plus importante depuis cinq ans. Buenos Aires n’a plus de réserves de dollars, malgré ses efforts pour rapatrier les billets du marché noir.

Après un an de « tronçonneuse » – comprenez, de coupes budgétaires drastiques – l’Argentine n’en sort toujours pas. La banque centrale a dû intervenir violemment sur les marchés cette semaine, vendant près de 600 millions de dollars de ses réserves.

Une nécessité, pour permettre à son industrie automobile de payer les factures de ses sous-traitants américains – qui n’acceptent pas les paiements en pesos. L’industrie locale a souligné ce problème après que le président Javier Milei a annoncé la suppression d’une taxe sur l’importation de produits industriels. Depuis un an, il a intensifié ces mesures visant à réduire le prix des biens importés et l’inflation.

Au cours des trois derniers jours ouvrables, la banque centrale a dû débourser au total 803 millions de dollars, soit la plus importante intervention sur le marché depuis 2019. De quoi empêcher à très court terme toute réforme fondamentale du système monétaire argentin : il est aujourd’hui affligé par le contrôle des changes, qui fixe notamment le cours officiel du peso par rapport au dollar.

La présidence prévoyait de lever ces contrôles en 2025 : si Milei insiste, la banque centrale parle désormais d’un système plus flexible, sans taux fixe mais avec une fourchette, permettant au peso de s’apprécier ou de diminuer un peu. Une ambition bien plus modeste.

Réserves nettes inexistantes

Le problème est que les réserves de la banque centrale sont essentielles à la réforme de ce système : c’est en possédant de grandes quantités de dollars que les autorités monétaires peuvent contrôler le taux du peso. Or, à l’heure actuelle, les réserves s’élèvent à environ 30 milliards de dollars, après cette opération. C’est mieux qu’à l’arrivée de Milei – 21 milliards à l’époque – mais pas assez pour établir une politique de change.

Surtout, les réserves nettes de l’Argentine sont… Négatives. La faute en revient à un programme de prêts du FMI, estimé à 44 milliards de dollars, qu’il faudra rembourser pour Buenos Aires. Dès l’année prochaine, 9 milliards de traites – en dollars – sont prévues pour le passif de la banque centrale, qui pourrait voir ses réserves fondre encore plus vite.

Un nouveau programme d’aide est négocié avec l’institution de Washington. Javier Milei a affirmé la semaine dernière dans une interview accordée au Wall Street Journal que Donald Trump serait enclin à soutenir ce nouveau plan d’aide.

Il a également expliqué, malgré les menaces de nouvelles taxes sur le Canada ou le Mexique émises par la nouvelle administration américaine, que Donald Trump permettrait la signature d’un accord de libre-échange.

“Je pense que c’est très probable, car les Etats-Unis ont découvert que nous sommes un partenaire solide”, a souligné le président.

En attendant d’honorer les promesses de Washington, Milei a surtout réussi à réguler le marché noir : alors que les Argentins rivalisaient pour acheter des dollars à moindre prix, et illégalement, une loi d’amnistie sur ces dollars noirs a failli mettre un terme à ce trafic.

En permettant aux habitants de restituer les dollars contre la promesse de ne pas être poursuivis ni imposés, la présidence libertaire a permis de faire rentrer près de 20 milliards de dollars dans les caisses de la banque centrale. Insuffisant à long terme, mais suffisant pour étancher la soif du marché des changes.

Les Experts : L’Argentine après un an de méthode Milei – 10/12

Inflation et pauvreté

L’Argentine a également ramené l’inflation à des niveaux raisonnables. Milei a supprimé les contrôles sur les prix des denrées alimentaires et a dévalué le peso de 50 %. Son administration a supprimé 33 000 fonctionnaires et réduit les dépenses publiques de 30 %. Les subventions ont été écrasées et certains coûts transférés aux régions.

Mais l’inflation a été rapidement réduite, passant de 26 % mensuellement à moins de 2,4 % en novembre. Sur l’année – et c’est ainsi qu’on calcule l’inflation en – elle reste à 166 %, un niveau très élevé. Javier Milei s’est félicité de cette baisse, “plus rapide que prévu”. La croissance, initialement affaiblie, a repris, à 3,9% en rythme annuel.

La contrepartie de ces politiques drastiques est l’explosion du niveau de pauvreté : 53 % des Argentins vivent dans la pauvreté, contre 42 % il y a un an. 15% sont même en situation « d’extrême pauvreté ». Ces chiffres sont les plus élevés du pays depuis près de 30 ans.

 
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