Autour d’une table de l’Assemblée nationale, La Revue a rencontré six participants du Parlement jeunesse du Québec, des jeunes impliqués et intéressés par la politique, pour leur demander ce qu’ils pensent de différents dossiers d’actualité.
Êtes-vous inquiet de l’arrivée de Trump et des tarifs douaniers qu’il pourrait imposer au Canada ?
Julien Blanchet-Desbiens, étudiant en droit à l’Université de Montréal : « Je crois qu’il y a un danger évident pour nos importations et exportations québécoises et canadiennes qui vont vers les États-Unis. Il est certain que si ces tarifs entraient en vigueur, ce serait dévastateur et nous entrerions dans une récession.»
Rami El Hama, étudiant en droit à l’UQAM : « C’est aussi l’occasion de redéfinir nos relations avec nos partenaires américains. Il faut aussi pouvoir s’ouvrir à d’autres marchés économiques pour ne plus dépendre exclusivement d’un seul partenaire qui, à tout moment, peut décider de mettre fin à la relation.»
Pensez-vous que la polarisation politique, alimentée par les algorithmes des réseaux sociaux, soit un danger pour la démocratie ?
Catherine Brunet-Rodriguez : « Je pense que la polarisation est définitivement motivée par les réseaux sociaux. Il y a des chambres d’écho et des opinions vraiment fortes. Les gens partagent des opinions très extrêmes et on oublie les nuances.
Marianne Locas-Ouimet : « Plus les gens iront aux extrêmes, plus les gens seront divisés et plus cela aura des répercussions, comme on le voit aux États-Unis avec le recul de l’avortement. Plus la polarisation est extrême, plus la démocratie est fragile.»
Nour Lahlou : “Je pense sincèrement que cette montée en puissance de la droite est un symptôme assez révélateur de ce qui peut arriver quand on ferme les débats, quand on instaure des tabous, tout ce qui tourne autour de l’annulation de la culture par exemple.”
Que pensez-vous de l’essor de l’intelligence artificielle (IA) ?
Julien Blanchet-Desbiens : « Je crois que l’IA permettra d’automatiser certaines tâches. Cela affectera particulièrement les cols blancs et souvent les tâches qui seront automatisées sont les plus ennuyeuses. Cela permettra peut-être de libérer du temps pour faire autre chose, avec plus de valeur ajoutée.»
Marianne Locas-Ouimet : « Je ne suis pas d’accord. Nous pensions, pendant l’industrialisation, que ce phénomène se produirait, que les gens travailleraient moins et auraient plus de temps, mais ironiquement, c’est le contraire qui s’est produit.
Que pensez-vous de l’avenir du français au Québec ?
Marianne Locas-Ouimet : « En fait, c’est un peu déplorable. A la faculté de droit, on ne corrige plus les fautes de français dans nos examens et il y a des professeurs qui doivent lire les réponses à haute voix pour les gens qui écrivent par le son. Je suis également professeur de français auprès des nouveaux arrivants et je vois qu’ils veulent vraiment apprendre le français. Avec les coupures en français, je pense qu’il y a des dissonances entre le discours du gouvernement et les actions qu’il pose.»
Catherine Brunet-Rodriguez : « Le français est une si belle langue et je pense que aussi complexe soit-elle, elle vaut la peine d’être apprise. Je crois aussi que la qualité de la langue écrite et parlée est en chute libre et que nous devenons de plus en plus laxistes à ce sujet. Il est de notre devoir, je crois, en tant que nation, de bien parler et écrire notre langue.