Près de neuf mois après sa nomination, le Premier ministre du Sénégal Ousmane Sonko a pris la parole, vendredi 27 décembre, pour présenter sa déclaration de politique générale devant une Assemblée nationale presque pleine.
Le Premier ministre du Sénégal, vêtu d’un boubou blanc, a dévoilé un ambitieux programme de réformes économiques et annoncé l’abrogation de la loi d’amnistie. Cette loi, adoptée le 6 mars sous l’ancien président Macky Sall, couvrait les crimes commis entre 2021 et 2024 lors des manifestations politiques. Amnesty International a recensé une soixantaine de morts et de nombreux actes de torture durant cette période.
Priorité à la justice sociale
“Il ne s’agit pas de vengeance, mais de justice, base essentielle de toute paix sociale”, a affirmé Ousmane Sonko. Bénéficiant lui-même de cette loi d’amnistie, il a rappelé son rôle dans sa libération et celui de l’actuel président Bassirou Diomaye Faye avant les élections du 24 mars.
Mardi, un premier pas dans cette direction a été franchi avec l’inscription dans le budget 2025 de l’indemnisation des victimes des violences préélectorales.
Une critique de l’ancien régime
Ousmane Sonko n’a pas mâché ses mots concernant l’héritage économique de l’ancien pouvoir, dénonçant un déficit budgétaire de 10,4% du PIB et une dette publique équivalente à 80% du PIB, selon les chiffres de la Banque mondiale. “Nous avons découvert l’ampleur des dégâts grâce aux audits que nous avons lancés”, a-t-il souligné.
Un budget plus modeste, mais stratégique
Lors de son discours qui a duré plus de deux heures, il a insisté sur la nécessité d’une « rupture » avec l’ancien régime. Ce terme, répété 17 fois, illustrait sa vision d’un Sénégal libéré de sa dépendance à l’exportation de matières premières sans valeur ajoutée.
Sonko s’est engagé à réduire les dépenses publiques tout en améliorant leur efficacité. « Avec un budget 2025 en baisse de 8,8 %, nous devons apprendre à faire mieux avec moins », a-t-il déclaré.
Des réformes fiscales ambitieuses
Face à la baisse des financements internationaux et à l’insuffisance des ressources internes, Ousmane Sonko a proposé une réforme fiscale. Il a défendu l’idée d’élargir l’assiette fiscale, notamment les taux d’imposition, en déclarant : « Faire payer moins, mais faire payer tout le monde est la clé d’une fiscalité équitable. »
Dans ce contexte, il a annoncé la création prochaine d’une banque de la diaspora et le lancement de « patriot bonds », des prêts destinés à mobiliser l’épargne des Sénégalais de l’étranger pour financer de grands projets.
Un tournant souverainiste
Sous les applaudissements de l’Assemblée, largement gagnée à sa cause, Ousmane Sonko a réitéré l’annonce de la fermeture des bases militaires étrangères, dont celles de l’armée française, sur le sol sénégalais. Il a également évoqué une politique de réciprocité des visas pour les pays qui l’imposent aux Sénégalais, renforçant son discours souverainiste.