1 – Un premier bilan pire qu’en 2023
Publié le 24 décembre par le Citepa, l’organisme chargé de mesurer les émissions nationales de gaz à effet de serre (GES), l’inventaire provisoire des trois premiers trimestres 2024 montre une performance moins convaincante que l’an dernier. Si les émissions françaises ont baissé de 5,8 % en 2023, la baisse se limite à 2,4 % sur la période janvier/septembre (par rapport au même intervalle de temps en 2023). Ce chiffre pourrait s’améliorer si l’on inclut l’effet des puits de carbone – les sols et les forêts absorbent le CO2 atmosphérique.
Le Citepa constate un net ralentissement, voire une inversion de la courbe : -5% au premier trimestre, -2,2% au deuxième et +0,5% au troisième. Sur la période juillet/septembre, ce sont les émissions du secteur routier (+1,1%) et surtout du bâtiment (+11,8%) qui pèsent globalement. “Cette hausse est due à l’augmentation des émissions liées au chauffage des bâtiments résidentiels et tertiaires en septembre 2024”, estiment les experts.
2 – La consommation d’énergie carbonée diminue peu
Pour expliquer les raisons de cette tendance, il convient de s’intéresser à l’évolution de la consommation d’énergie carbonée (produits pétroliers, gaz, charbon), corrélée aux émissions de GES. Au-delà des trois premiers trimestres stricto sensu, sa baisse est nettement moins prononcée qu’en 2023.
Selon le tableau de bord de GRTgaz, la société qui assure le transport du gaz sur la majorité du territoire national, la consommation de gaz avait baissé de 9,7% entre le 1est Août et 8 décembre 2023 par rapport à la même période de 2022. Entre le 1er décembreest Entre août et 8 décembre 2024, il n’a baissé que de 3,8% par rapport à la même période de 2023.
On retrouve la même réduction dans les carburants routiers. En juillet dernier, leur consommation a augmenté de 8 % par rapport à juillet 2023 selon le syndicat professionnel Ufip Énergies & Mobilités. En cumul sur douze mois (décembre 2023 – novembre 2024), les livraisons de carburant routier sont en très légère baisse, de 0,9%, par rapport aux douze mois précédents.
3 – L’inflation se dissipe, la sobriété aussi
Ces variations de consommation s’inscrivent dans un contexte de stabilisation et/ou de baisse des prix de l’énergie carbonée, après leur poussée inflationniste suite à l’invasion russe de l’Ukraine, début 2022. Par exemple, le diesel a perdu en moyenne une vingtaine de centimes le litre par rapport à l’année précédente. à l’année dernière aux mêmes dates. Après avoir fortement baissé au premier semestre, le prix moyen du gaz se situe désormais dans la fourchette où il se situait au début de l’année. Pas de quoi encourager la sobriété aussi massivement qu’avant.
La disparition de ce que les économistes appellent le « signal prix » s’accompagne d’un retour à la discrétion dans le discours sur les économies d’énergie. Le gouvernement a fait sonner les trompettes et les tambours sur son « plan sobriété », avec l’acte 1 en octobre 2022 et l’acte 2 en juin 2023. La musique est moins forte aujourd’hui.