A l’approche de la fin de l’année, La Matinale de la RTS propose une série d’entretiens avec des francophones qui ont fait l’actualité en 2024.
Arnaud Rochat : “Les gens ont compris pourquoi on déménageait”
Arnaud Rochat incarnait la colère paysanne. En lançant la page Facebook « Révolte agricole suisse », qui appelait entre autres à rendre les panneaux à l’entrée des villages en signe de protestation, le jeune agriculteur de Bavois (VD) a mis le problème de la condition paysanne au centre de ses préoccupations. les débats. .
Invité de La Matinale, il estime que si le mouvement a si bien fonctionné, c’est en grande partie grâce à son indépendance. “Nous ne sommes que des agriculteurs qui ne sont pas représentés par d’autres personnes […] Les gens ont compris pourquoi nous déménagions», estime-t-il.
Mais près d’un an après le début de la contestation, le bilan reste mitigé. Des améliorations concernant l’aspect administratif de la profession semblent avoir été entendues, mais un meilleur prix des produits, demande majeure, n’est toujours pas à l’ordre du jour. « Nous n’avons aucune amélioration. Finalement, nous avons eu une amélioration du prix du lait, mais en fait, nous avions gagné moins de 2 centimes l’année précédente et maintenant, on nous permet de gagner 3 centimes. Donc au final, nous n’avons rien obtenu là-dessus », conclut-il.
Gilles Varone : « Nous avons travaillé très dur pour trouver cet équilibre »
Gilles Varone a été élu meilleur jeune chef suisse de l’année par le prestigieux guide Michelin. A 29 ans, le Saviésan explique dans La Matinale l’importance et le symbole que représente cette distinction. « Nous ne sommes pas dans un hôtel, nous sommes dans le petit village de Savièse, et nous l’avons fait presque seuls, avec beaucoup de cœur avec ma femme. Donc pour moi, c’est extrêmement gratifiant d’avoir reçu ce titre […] ça permet aussi aux jeunes de voir que c’est possible si on s’en donne les moyens », explique-t-il.
Concernant sa cuisine, le chef valaisan estime être tout à fait d’accord avec le célèbre guide, qui la décrit aussi précise qu’une montre suisse. «J’aime être très raffiné dans mes goûts […] faire des choses qui ont du sens. Nous avons travaillé très dur pour trouver cet équilibre. Ce n’est pas facile, d’autant plus qu’on a tendance à trop se concentrer sur le visuel », explique-t-il.
Mais avant le succès, Gilles Varone rappelle aussi qu’il « a eu du mal », notamment lorsqu’il part s’entraîner à Londres à 19 ans. « C’était compliqué, il y avait beaucoup d’angoisse pour aller travailler. J’avais une boule au ventre. Mais je pense que cela fait partie du travail. Si je suis là à 29 ans, meilleur jeune chef suisse, si j’ai pu ouvrir mon restaurant, ce n’est pas un miracle que j’ai dû passer par ces étapes qui sont cruciales. C’est là que nous construisons le caractère et la personnalité. très important de traverser cela.
Audrey Gogniat et Céline van Till : les médailles olympiques comme source de pression et de motivation
Les deux médaillées olympiques de Paris 2024, Céline van Till, deux médailles d’argent en paracyclisme, et Audrey Gogniat, de bronze au tir à la carabine à 10 m, ont été reçues à La Matinale pour revenir sur les sensations qu’elles ont procurées à la Suisse cet été.
Céline van Till garde de ces Jeux une image de réconciliation avec son frère. “Juste après la cérémonie de ma deuxième course, on s’est embrassés, on a pleuré et on s’est dit désolé pour tout ce qu’on s’est fait”, confie la Genevoise évoquant sa dépression après son accident d’équitation en 2008, lors duquel elle était ” très violent » avec lui.
Audrey Gogniat, de son côté, se souvient des « larmes » qui ont coulé lorsqu’elle a vu son père après avoir fini de parcourir tous les « protocoles, contrôles antidopage et entretiens ».
Toutes deux s’accordent sur les changements intervenus dans leur vie d’athlète depuis leurs médailles : Audrey Gogniat ressent plus de pression dans ses autres compétitions. « Mais après, on relativise vite […] Nous devons simplement continuer à faire ce que nous avons fait jusqu’à présent », ajoute le Jurassien. Céline van Till assure que la médaille olympique « donne un statut aux athlètes. La pratique sportive devient plus légitime.
Mais pour Audrey Gogniat, cette médaille est avant tout une source de motivation au quotidien. « Quand je vais à l’entraînement et que ça ne va pas, je me dis qu’il y a eu aussi des jours comme ça avant cette médaille. Il faut donc relativiser et continuer à avancer.
Concernant les Jeux post-Olympiques, la Jurassienne avoue avoir elle aussi souffert de nostalgie. “Je crois que j’ai encore le blues post-olympique, parce qu’on a tellement donné toutes les années avant les Jeux que maintenant c’est un peu compliqué de retrouver la motivation”, confie-t-elle, avouant poursuivre son suivi psychologique.
Elie Zoé : “J’ai reçu de très nombreux messages d’amour et de soutien”
Sa voix a longtemps été utilisée pour donner vie à son art, un pop-rock poétique et mélancolique. Depuis octobre 2024, cela lui permet également de s’exprimer publiquement dans les colonnes du Temps. C’est par ce biais qu’Emilie Zoé a annoncé qu’elle s’appelait désormais elie zoé (sans majuscules) et qu’il fallait utiliser le pronom masculin pour s’adresser à lui. A l’époque, il expliquait au journal vouloir prendre “un prénom qui ne soit ni masculin ni féminin”.
L’artiste qui vient de terminer sa tournée à Noël « Bonjour, futur moi » est revenu à La Matinale sur ce voyage commencé il y a plus de deux ans. Dans un premier temps, Elie Zoé ne parlait de sa transition de genre qu’à ses proches et “n’avait pas forcément envie” de l’annoncer publiquement. Et puis des « crises d’angoisse » sont apparues au printemps. « Là, je me suis dit, il faut que je fasse quelque chose », raconte la chanteuse basée à La Chaux-de-Fonds.
Après la publication de l’article, Elie Zoé raconte avoir reçu “de très nombreux messages d’amour et de soutien”, et malgré tout “quelques commentaires négatifs” sous la publication du Temps sur les réseaux sociaux. Craigne-t-il désormais de s’enfermer dans ce rôle de porte-drapeau ? « Oui… peut-être… non », hésite le principal concerné. L’écriture et l’interprétation de chansons restent sa principale force motrice. C’est là qu’il veut continuer à « mettre mon énergie ».
Pourtant, en racontant son histoire, l’artiste rend visible un parcours trans (entre autres), qui reste encore difficile en 2024. « J’ai l’impression que, comme pour toutes les minorités », l’important est de « donner la parole » aux ceux qui sont concernés. « D’ailleurs merci pour l’invitation de ce matin », ajoute-t-il enfin.
Glenda Gonzalez Bassi : « Une francophone qui ose parler le dialecte alémanique »
Pour la première fois de son histoire, Bienne sera dirigée par une femme francophone. Jusqu’en novembreGlenda Gonzalez Bassi, actuelle conseillère communale socialiste à la tête de la formation, de la culture et du sport, a été élue maire de la plus grande ville bilingue de Suisse.
Sur les ondes de La Matinale, elle s’exprime sur le nouveau rôle qui l’attend à partir de 2025. « Pour le moment, je commence à comprendre l’ampleur de la tâche », avoue la chilienne d’origine. Elle succédera en effet à une personnalité bien connue de la ville islandaise, l’actuel maire Erich Fehr, aux commandes depuis maintenant 13 ans.
Le changement de capitaine sera hautement symbolique : « Ce ne sera plus un maire bilingue germanophone, mais une femme francophone qui ose parler le dialecte alémanique », note Glenda Gonzalez Bassi. Cette dernière sait que « tous les regards » seront tournés vers elle, mais espère collaborer tout autant avec les germanophones que les francophones de la région. « Mon ambition est de faire rayonner notre ville, de favoriser les collaborations, poursuit-elle.
ther/juma/biche